Sur le contrôle des armes
à feu, le rapport du 16 mai de la Vérificatrice générale,
Mme Sheila Fraser, est une mise à jour du rapport de 2002,
où elle déclarait n'avoir pas suffisamment de données
crédibles pour conclure son évaluation.
Dans son rapport du 16 mai, Mme Fraser écrit: « Nous n'avons pas examiné l'efficacité du Programme canadien des armes à feu ni ses répercussions sur le plan social. » (p. 109). Elle dit plus loin que « le Centre des armes à feu Canada a fait des progrès satisfaisants au chapitre de la mise en
oeuvre de notre recommandation de 2002 portant sur la communication de l'information financière, sauf pour ce qui est de la comptabilisation des coûts de développement d'un nouveau système d'information ». À toutes les critiques de la Vérificatrice, y compris celles où elle questionne sérieusement la justesse des données consultées d'innombrables fois par jour par les policiers..., les fonctionnaires ont répondu: « Nous sommes d'accord ».
Tel que mentionné précédemment, le point le plus important
du rapport est le fait que le Bureau du Vérificateur général
« n'a pas examiné l'efficacité du Programme canadien des
armes à feu ». C'est cette phrase qui importe. C'est
pourquoi, dans un communiqué envoyé d'Ottawa aux médias
étatistes (Radio-Canada et autres), j'ai écrit: « La
Vérificatrice générale a dit ce à quoi nous nous attendions.
En effet, il fallait s'attendre à ce que le CAFC améliore sa gestion après tant de critiques, même si Mme Fraser mentionne qu'il reste des problèmes à régler. C'était la moindre des choses mais ce n'est pas la raison pourquoi nous sommes ici à Ottawa, présentement. Nous sommes ici pour vous dire qu'il faut aller au fond des choses et remettre en question la
Loi sur les armes à feu. Même s'il a été dépensé plus
de 1 milliard de $ et que maintenant ça fonctionne mieux, ce
n'est pas une raison pour continuer à ajouter des millions
en pensant que ça pourrait en valoir le coût. En fait, la
loi ne vise pas les criminels; elle les empêche seulement de s'enregistrer, ce qu'ils font quand même à l'occasion. De plus, les deux principaux registres, celui des armes à feu et celui des permis, comportent de nombreuses erreurs et personne ne peut garantir
leur exactitude. Les policiers ne devraient pas perdre leur temps à les consulter, d'ailleurs à nos dépens. »
À la limite, même si la
Loi sur les armes à feu montrerait des bénéfices quant au nombre de vies épargnées, elle le fait à un coût
beaucoup trop élevé. Elle ne pourrait jamais montrer le nombre de vies écrasées puisque dans les pays où il y a un contrôle encore plus contraignant qu'au Canada, il y a une hausse de la criminalité.
À la CUFOA, nous nous doutions que le lendemain du dépôt du rapport de Mme Fraser le ministre de la Sécurité publique, l'Honorable Stockwell Day, annoncerait des modifications au contrôle des armes à feu. Nous avons donc été invités à une séance de conditionnement préalable à l'annonce du ministre. J'ai dû quitter la séance à l'impromptu, séance d'ailleurs en retard, parce que j'avais un autre rendez-vous et que je risquais d'être en retard...
Bon, j'ai quand même vu, comme vous tous, les annonces du ministre. Sommairement:
1. Ce qui est certain: ce sont des changements aux règlements, par voie de décret, pour allonger jusqu'au 17 mai 2007 la période d'enregistrement des armes à feu et aussi la période de renouvellement des permis. Pour l'enregistrement, ce que ça veut dire, c'est que vous pouvez acheter une arme sans l'enregistrer et que vous avez jusqu'au 17 mai 2007 pour l'enregistrer; c'est la date limite. Vous devrez aussi détenir un permis pour l'enregistrer, du moins un permis qui vous autorisait à détenir cette arme et qui est échu depuis le 1er janvier 2004. Cette amnistie temporaire évite que les procureurs provinciaux (dont certains pourraient être des Vyshinsky ou des Freisler, si l'occasion se présentait!) portent des accusations en vertu du Code criminel. De plus, le renouvellement des permis sera gratuit. L'administration sera transférée à la GRC
et à la SQ, au Québec – ce qui n'est pas pour nous rassurer quant à toutes les accusations criminelles que permet la
Loi sur les armes à feu, pour des simples problèmes de paperasse!
C'est à peu près tout ce que le gouvernement minoritaire de Stephen
Harper pouvait faire par voie de décret. Ceci implique que si le gouvernement conservateur ne devient pas majoritaire d'ici le 17 mai 2007, tout est à renouveler, ou c'est un retour à la case départ.
2. L'autre volet de ce qui a été annoncé le 17 mai a trait aux changements à la loi. En effet, les articles 91 et 92 du Code criminel, sous peine d'emprisonnement jusqu'à cinq ou dix ans selon le cas, obligent à l'enregistrement des armes à feu. De même, le gouvernement propose de rendre les permis valides pour la vie du détenteur. Pour que les mesures annoncées le 17 mai soient
« durables », il faudrait que le gouvernement soit majoritaire, ou du moins qu'il obtienne un vote majoritaire en faveur du projet de loi à la fois aux Communes et au Sénat. Un vote majoritaire est douteux. |
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C'est douteux parce que le Bloc québécois
– qui joue toujours la corde sensible et électoraliste de la tuerie de Polytechnique perpétrée par un psychopathe qui avait pourtant obtenu un permis de la Sûreté du Québec
– entend bloquer le projet de loi. Le critique du Bloc en matière de sécurité « publique », M. Serge Ménard, ne cesse de marteler ses clichés caricaturaux en faveur du maintien du registre, dont l'élimination ne serait qu'un petit pas pour nous simplifier la vie. Le Bloc a pourtant perdu des votes aux dernières élections, en faveur des conservateurs.
Selon toute probabilité, il faudra donc attendre et espérer que, pour ce petit pas en avant, les conservateurs obtiennent la majorité aux prochaines élections. Le ministre Stockwell Day n'entend pas procéder à des changements majeurs, tel l'abolition des permis actuels,
comme le propose la CUFOA, en faveur d'un régime axé sur la cible réelle qui devrait être les personnes prohibées de détenir des armes à feu (le « Firearms Prohibition Registry »).
Le Parti conservateur a-t-il tenu sa promesse électorale? La réponse est non si nous examinons de près la résolution (# 81) adoptée le 19 mars 2005
à son congrès tenu à Montréal: « Measures will include: [...] strict monitoring of high-risk individuals,
[...] a certification screening system for all those wishing to acquire firearms legally. » Il s'agissait d'un régime de certification, ou d'attestation, similaire à une vérification des antécédents judiciaires. On est loin du compte.
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