Montréal, 6 août 2006 • No 187

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

USINES À GAZ ET TUYAUX!

 

par Michel de Poncins

 

          Les usines à gaz du temps jadis étaient réputées pour leur complication et il est probable que celles d'aujourd'hui sont également fort compliquées. Elles étaient remplies de tuyaux, de compteurs et de robinets, dans un grand enchevêtrement, avec l’aide de cohortes de dessinateurs, faute d'informatique à l'époque.

 

          Les usines à gaz « bourreaucratiques » sont courantes dans toute l’action publique et sans doute plus compliquées, la différence avec les vraies usines à gaz étant que le plus grand désordre y règne: chacun pousse à hue et à dia!

          Mais au sein de la « République Fromagère », l’image peut se prolonger dans les comptes publics, où personne ne voit clair. Les techniciens de Bercy sont réputés fort intelligents, leur intelligence apparente venant du fait qu'ils sont énarques et qu'il s'agit de la crème des énarques. De sorte que sur la base de cette intelligence nuisible, ils inventent sans cesse de nouveaux systèmes pour sortir du piège dans lequel ils s'enferment avec les politiques par leurs dépenses insensées. Chaque nouveau système leur permet d'échapper, un temps, à la véracité des chiffres soit pour l'endettement soit pour les déficits soit pour l'obéissance aux consignes de Bruxelles.

          Parmi ces méthodes se trouve celle des « tuyaux ». Pour trouver de l'argent là où il n'y en a pas et où il n’y en aura jamais, ils transportent de l'argent de part et d'autre, ce qui ne peut créer d’argent. À cette fin, ils inventent un « tuyau » pour transporter l’argent, quitte ultérieurement à inverser la circulation de cet argent si le besoin s'en fait sentir.

          C'est ainsi qu’en 2005, pour couvrir les déficits abyssaux de la sécurité sociale, ils avaient imaginé d'anticiper les prélèvements sociaux sur les vieux plans d'épargne-logement, ce qui était un acte de pur piratage.
 

« Pour trouver de l'argent là où il n'y en a pas et où il n’y en aura jamais, les énarques transportent de l'argent de part et d'autre, ce qui ne peut créer d’argent. »


          Les prélèvements sociaux, CSG (Contribution sociale généralisée) et CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale), atteignent 11% au total. Ces prélèvements sociaux devaient être prélevés sur les PEL (Plan épargne logement) ce qui est un premier acte de banditisme, car un tel prélèvement est contraire aux engagements initiaux. Le prélèvement devait, toutefois, avoir lieu simplement en fin de contrat; on les prélève maintenant chaque année et, en 2005, ils ont été prélevés en une seule fois sur le passé. Cela a « donné » dans l’immédiat environ 2 milliards d'euros d’argent volé en supplément, ceci pour déguiser le déficit de la dite sécurité sociale.

          La dernière idée « géniale », qui se discute ces temps-ci en catimini, concerne les assurances-vie. Les contrats libellés en euros payent chaque année en temps réel les 11% de prélèvements sociaux sur les intérêts capitalisés: piratage.

          L'idée chemine d’un autre piratage qui concernerait les contrats libellés en unités de compte; il y a une difficulté car ces contrats peuvent parfois baisser et il faudra donc un système extrêmement complexe pour tenir lieu des moins-values éventuelles: les tuyaux conduisent à l’usine à gaz! Faisons confiance à l’intelligence pointue de ces nuisibles pour nous sortir des centaines de lignes de règlementations, bourrées d’incertitudes et annonciatrices d’abondante jurisprudence.

          Le Figaro écrit: « À ce stade, rien n'est tranché évidemment, mais on voit mal pourquoi le gouvernement abandonnerait cette anticipation de prélèvements et laisserait à ses successeurs le soin de profiter de ce trésor caché. »

          Ainsi, ce journal trompeur dans sa bonne apparence couvre un acte de pur banditisme par une pirouette de plus.
 

 

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