La campagne présidentielle étant lancée, le gouvernement ne fera plus
rien d’« impopulaire » si on entend par là le fait de se mettre à dos
les bien-pensants de la « justice sociale ». Étant donné que le simple
fait de voler un peu moins les « plus riches » est ressenti comme une
injustice dans la mesure même où elle ne profiterait pas directement
aux « plus pauvres », la réforme des « droits de succession » n’est
pas une réforme utile, électoralement parlant évidemment.
L’iniquité des « droits de succession » |
Si l’impôt est, par nature, une violation des droits individuels, il
peut être accepté assez facilement lorsqu’on peut se convaincre qu’il
finance un service que tout le monde veut et dont on a du mal à
imaginer comment il pourrait être produit autrement. Ainsi en est-il,
en apparence, des services de police du droit et de la défense
nationale. En fait, la situation est exactement la même que celle dans
laquelle une mafia rackette sa « clientèle » en la forçant à consommer
ses propres services de sécurité.
Mais l’un des impôts les
plus iniques et les plus teintés d’idéologie est bien celui que l’on
appelle, de la manière la plus absurde qui soit, les « droits de
succession ». Il faudrait donc s’acquitter d’un « droit » pour
transmettre ce qui nous appartient à qui bon nous semble? Vous avez
payé votre « droit », bienvenue au club, vous êtes autorisé maintenant
à donner ce qu’il vous reste à qui vous voulez.
Personne n’est dupe, je
l’espère. Les « droits de succession » n’ont plus d’autre fonction que
de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État. Leur
justification repose soit sur un égalitarisme qui l’apparente au
communisme le plus primaire, soit sur l’idée absurde que l’individu
doit faire sa vie en commençant à zéro, niant par là que le capital,
matériel et culturel, est un bien qui pour exister doit se transmettre
librement de génération en génération, qu’il est créé et non pas reçu
au « départ » selon une distribution au hasard (cf. chap. IV de
L’arbitraire fiscal, par Pascal Salin, pour une analyse économique
et morale de la taxation de l’héritage).
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