Le Parti Québécois avait subi la pire défaite de son histoire. Au
lendemain des élections, André Boisclair avait démissionné de son
poste de chef du parti. Plusieurs prédisaient la disparition du
PQ. Toutefois, lors de la course au leadership de l’automne 2008,
Gilles Duceppe avait milité en faveur de l’abandon de l’option
souverainiste et avait remporté la chefferie haut la main.
L’évacuation de l’option souverainiste en faveur de
l’interventionnisme de l’État avait permis de faire renaître le
PQ.
Tout le programme du
parti tournait maintenant autour du rôle prépondérant de l’État
pour garantir une société juste et égalitaire. On promettait de
bâtir une société exemplaire où les inégalités et les injustices
ne seraient plus tolérées. Le parti Québec solidaire, au bord de
la faillite, se saborda au profit du PQ. Les syndicats, les
groupes sociaux et les intellos de gauche voyaient dans ce
changement de programme une manne qui tomberait bientôt du ciel et
l’appuyaient sans réserve.
À l’élection de 2010, le
PQ remportait l’élection avec plus de 50% du vote populaire. Cette
majorité absolue n’était pas aussi surprenante qu’on aurait pu le
croire à première vue. En fait, la moitié des Québécois
profitaient déjà de la redistribution forcée de la richesse créée
par l’autre moitié. La promesse d’un interventionnisme encore plus
créatif ne pouvait qu’améliorer le sort de la moitié profiteuse.
En 2020, le PQ était à
mi-chemin dans son troisième mandat. Tout ce qui pouvait être
étatisé, légiféré et réglementé l’était déjà. Les stratèges du
parti étaient à court d’idée et pourtant ils étaient connus pour
avoir beaucoup d’imagination. Un jour, le ministre de la Santé
leur annonça qu’il avait trouvé la solution. Pour remporter un
quatrième mandat, il fallait réglementer l’éternuement: « L’éternuement est la principale cause de la transmission du virus
de la grippe. Cela doit être réglementé tout comme nous
réglementons les aliments, les médicaments, l’environnement, etc.
Lorsque quelqu’un éternue, il éjecte des millions de microbes à
plus de 130 Km à l’heure pouvant contaminer ses camarades dans un
rayon de 3 à 4 mètres. »
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