Les contribuables semblent croire qu’avant d’imposer une nouvelle réglementation, les
fonctionnaires en ont judicieusement évalué les bénéfices et les coûts. En
réalité, les coûts découlant d’une nouvelle réglementation – coûts qui doivent être
supportés par l'ensemble des contribuables – sont rarement, pour ne pas dire jamais, évalués.
Ne connaissant pas les coûts d’une réglementation, les politiciens et
fonctionnaires ne sont pas en mesure d’en juger la pertinence. Ce qui compte,
c’est que la mesure préconisée soit populaire.
La décision imposant l’addition
de cinq pour cent d’éthanol dans l’essence en 2010 est un bon exemple de la
comptabilité politique. Le fait qu’il faille 1,3 unité d’énergie pour produire
une unité d’énergie-éthanol à partir du maïs, une culture extrêmement polluante,
n’a que peu d’importance. L’important, c’est qu’il est à la mode de promouvoir
les énergies dites vertes. De plus, le lobby des producteurs de maïs est
puissant, ce qui n’est pas négligeable. Dans la logique de la comptabilité
politique, la décision d’imposer l’ajout d’éthanol à l’essence fait d’une pierre
deux coups: il favorise le vote populaire et il attire les contributions du
lobby des producteurs de maïs.
Les bénéfices anticipés de la participation de l’État dans l’économie reposent
sur l’hypothèse erronée que l’État peut fournir plus de services à la population
que ne le ferait l’entreprise privée avec les mêmes ressources – puisque l’État
ne fait pas de profit. Pourtant, dans la plupart des cas, les gouvernements
gaspillent un pourcentage plus grand des ressources à leur disposition que le
pourcentage de profits des entreprises privées. L’impact négatif de la
participation de l’État dans l’économie sera d’autant plus important que le
pourcentage de l’économie contrôlé par l’État est grand. La participation du
gouvernement dans l’économie du Québec est la plus élevée en Amérique du Nord.
C’est ce qui explique, au moins en partie,
la pauvreté relative des
Québécois.
Les coûts humains de la comptabilité politique |
Malheureusement, le gaspillage découlant des projets, programmes et
règlementations des gouvernements a des coûts humains et sociaux énormes. Un
gaspillage de 300 millions (le projet Papiers Gaspésia)
équivaut aux salaires de 600 professeurs ou infirmières pendant dix ans ou à 8
000 places en garderie pendant cinq ans.
Les coûts découlant de la déresponsabilisation et de la perte de libertés
individuelles, conséquence directe de l’interventionnisme à outrance, sont énormes.
Malheureusement, ces coûts n’apparaissent pas dans les budgets officiels. Alors,
ils sont présumés inexistants. C’est simpliste, mais commode.
Les principes de la comptabilité politique permettent aux politiciens de
rationaliser l’intervention des gouvernements dans tous les domaines de la vie
sociale et économique. Ce faisant, les hommes de l'État accroissent leur pouvoir au
détriment des libertés individuelles. Les individus devenus dépendants se
tournent instinctivement vers le gouvernement pour les protéger et subvenir à
leurs moindres besoins. Ce cycle sans fin conduit inévitablement à la faillite
de l’État comme on a pu le constater lors de la désintégration de l’ex URSS.
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