Pour distinguer ce taux de cet autre intérêt qui
inclut une prime de risque et par suite un profit
potentiel, on le qualifie indistinctement
d’« originaire », de « pur » ou de « naturel ». Il
correspond moins à un profit « fondamental » qu’à la
préférence relative des individus à consommer plutôt
qu’à épargner. Dans un marché libre de
l’intervention gouvernementale, la préférence des
gens pour une consommation immédiate se traduit par
un taux d’intérêt originaire plus élevé que lorsque
leur préférence va à l’épargne, toutes choses étant
égales par ailleurs.
Taux de profit à la baisse,
richesse à la hausse |
Plus les gens épargnent et investissent, plus ils en
tirent profit à long terme. Dans cette perspective,
le taux de profit moyen est sans cesse plus faible,
car il indique que les gens restreignent leur
consommation immédiate dans le but d’accroître leur
consommation future. L’investissement permet
d’accroître les biens et la structure de production,
par conséquent la richesse. Seul le taux de profit
entre chacun des niveaux de production est réduit.
Le profit total est accru et plus largement
distribué, et cela, sans l’aide de l’État.
Le taux de profit est réduit dans la mesure où
l’intervention de l’État l’est autant. À l’inverse,
plus l’interventionnisme de l’État est important,
plus il tend à hausser les profits de certains
entrepreneurs. Ce favoritisme réduit la concurrence
et la capacité de production et par conséquent
s’établit au détriment des consommateurs, soit de
tout le monde. L’interventionnisme gouvernemental
est aveugle et prétentieux. On le justifie au nom
d’une plus grande justice, alors qu’il n’amène que
pauvreté et chaos. La prétention des uns à contrôler
l’égoïsme des autres est destructrice de richesse et
étiole la coopération humaine.
La quête de profit va au-delà de l’égoïsme, car pour
y arriver l’entrepreneur doit satisfaire des
consommateurs. La chaîne causale est la suivante: la
valeur des facteurs de production est déterminée par
la valeur de leurs produits, qui, à son tour, est
conférée par la demande et l’évaluation des
consommateurs. Les entrepreneurs qui pensent être en
mesure d’imposer leurs prix sont portés à
disparaître, à moins d’avoir l’aide de l’État.
Le profit n’est pas seulement important pour
l’entrepreneur, mais pour tout le monde. Dans un
monde libre de l’intervention gouvernementale, il
signale l’urgence des besoins à combler. Le profit
entrepreneurial dure rarement longtemps, car la
concurrence l’effrite au bénéfice des consommateurs.
Il tend à disparaître, sans jamais y arriver
totalement, pour ne laisser qu’un taux d’intérêt
uniforme à tous les secteurs d’activités. Si la
préférence temporelle des gens est à l’épargne,
l’intérêt monétaire sera bas et par là indiquera à
l’entrepreneur qu’il est temps d’investir pour
tenter de satisfaire davantage leurs besoins.
À l’instar des prix établis volontairement, le
profit et l'intérêt servent de guide à
l’entrepreneur quant à l’évaluation, par les agents
économiques, des différents secteurs d’activités et
quant aux choix des consommateurs. Malheureusement,
ces guides sont brouillés par les agents de l’État
qui voient en l’entrepreneur un concurrent
dérangeant. Ces partis se font effectivement
concurrence, mais en utilisant des moyens
diamétralement opposés. Pour servir, l’un cherche le profit,
l’intérêt et l’accord de chaque individu, tandis que
l’autre utilise l’impôt, la taxation et la
coercition. L’un conduit à la coopération, l’autre,
à la division sociale. Le premier amène richesse, le
second, pauvreté.
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