Ce qui importe énormément
est le fait que les propriétaires ne pourront pas se cacher
derrière un titre, un grade, une fonction officielle, ou un
mandat « public » pour échapper aux conséquences de leurs
décisions. Tout au plus, un groupe d'individus pourra-t-il
d'un commun accord mutualiser les coûts et profits de
décisions consensuelles, sans pouvoir aucunement engager de
tiers. Ou encore, ils pourront transmettre leur propriété à
un acquéreur plus à même de traiter le cas. Ainsi, le droit
de propriété, en établissant la responsabilité de chaque
acteur vis-à-vis de ses choix libres, et en laissant chacun
ajuster son activité à ce qu'il fait de mieux, permet à un
tel système de s'équilibrer dynamiquement.
Les associations de
bien-pensants libérant trop vite des criminels dangereux
seront vite mises à l'amende et dissoutes faute de pouvoir
réparer les torts causés. À l'opposé, les véritables
associations de bienfaisance qui arriveraient à réhabiliter
certains condamnés pourraient faire des profits et avoir
ainsi une action durable, en facturant leurs services à ceux
qui en profitent: les assureurs, les condamnés et leurs
familles, les usagers de la police, etc., tous ceux qui
porteraient sinon les coûts de la prison. Ces profits
seraient justement grevés des torts causés par des relapses
retombant dans une vie de crime. Et leur responsabilité
civile mènerait ainsi les garants à exercer une surveillance
appropriée.
Police libérale vs justice
pénale |
Alors que dans un système de justice pénale, les juges sont
des fonctionnaires irresponsables, dans un système de police
libérale, chaque acteur est responsable de ses actes. Le
juge fonctionnaire peut envoyer au bagne ou à l'échafaud un
innocent, ou relâcher un coupable, il ne risque rien à
commettre une erreur, pas même sa retraite. À l'opposé, le
justicier dans un régime libéral est responsable de chacun de
ses choix, de ses succès comme de ses erreurs. Les
fournisseurs de sécurité exigeront nécessairement de leurs
usagers des honoraires qui reflèteront le coût de leurs
erreurs. Et les usagers seront naturellement portés à
diriger leur choix vers les organisations qui seront
capables d'accomplir leur tâche au moindre coût,
c'est-à-dire en faisant le moins d'erreurs, en étant les
plus justes.
Tant qu'il y a volonté de
vivre ensemble, il y a justice, c'est-à-dire négociation de
termes mutuellement acceptables et acceptés pour restaurer
la paix entre les parties et leurs alliés. Et cette justice
ne fonctionne bien que si elle est basée sur la réparation
des torts causés par les coupables à leurs victimes. Quand
cette volonté fait défaut à l'une ou l'autre partie, alors
la paix est rompue.
Si l'une des parties
convainc une majorité écrasante de son bon droit, à l'issue
d'un procès public, alors le coupable unanimement reconnu se
voit forcé d'accepter les sanctions imposées par ses juges,
ou d'encourir une guerre perdue d'avance face à des forces
écrasantes. Si aucun consensus n'apparaît, alors le statu
quo demeure, chaque partie campant sur ses positions jusqu'à
ce qu'un élément nouveau – ou la perte d'intérêt – fasse
changer cette situation. Parfois, c'est à ses propres frais
qu'une alliance devra protéger l'accusé des représailles de
ses victimes proclamées – prison, escorte, etc.
Pour résumer, c'est
toujours la propriété qui, en combinant conjointement
liberté et responsabilité, est la seule solution possible
pour créer une dynamique de progrès, en matière de justice
comme ailleurs – là où les infralibéraux cherchent vainement
le salut dans une entité extrahumaine supérieure
confiscatoire des libertés et échappant à toute
responsabilité, l'État.
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