Dans cette grille de lecture reposant sur des
définitions imposées, Aron et Revel n’étaient même pas cités au rang
des intellectuels regrettés tandis que les philosophes actuels
étaient considérés comme des « moralistes médiatiques adoubés par le
pouvoir néolibéral ».
J’en reste encore songeur. En France, la promotion des idéologies
dont l’application fidèle et scrupuleuse a abouti aux camps de
travail, à la famine et à la déportation, en Russie, en Asie ou en
Afrique, fait de vous un « intellectuel engagé ». Par contre, la
diffusion de la philosophie libérale qui fut la condition de la
libération des peuples et de l’augmentation de leur niveau vie,
conséquence logique de la reconnaissance des droits fondamentaux des
individus, ne vous permet pas même de prétendre au rang de penseur.
S’il y a un changement climatique, en France, c’est le climat
intellectuel qui devient malsain et qui annonce un retour inquiétant
de tous les obscurantismes. Mais il est connu qu’il n’est pire sourd
que celui qui ne veut rien entendre. Les philosophes et penseurs
libéraux ont laissé des oeuvres inestimables à la postérité
permettant une éclosion de la pensée libérale à la fin du XXe siècle
qui a nourri la pensée et fondé l’action politique. Mais voilà, à
partir du moment où l’on a considéré que le libéralisme ne saurait
être une pensée, qu’un intellectuel ne pouvait être libéral, nos
penseurs officiels décrètent qu’il n’y a plus d’intellectuels,
regrettant ces intellectuels parisiens qui s’extasiaient devant
Staline ou Mao.
Comment mon pays a-t-il pu tomber si bas? |
Depuis plus de 30 ans, c’est la gauche qui dicte les règles du débat
politique et impose sa vision de la société. Et la droite s’incline
devant son diktat parce que ses représentants ont simplement peur de
perdre leur place confortable. Je ne veux ni de cette gauche, ni de
cette droite engluée dans un conservatisme devenu suicidaire alors
que les finances publiques ne sont plus maîtrisées et que
l’État-providence est à bout de souffle. Il est temps de partir sur
de nouvelles bases ou bien la France sera mise sous tutelle.
La France a donc besoin d’une politique libérale (libéralisation,
décentralisation, ouverture à la concurrence); mais qui la mettra en
oeuvre? Peut-on croire un instant que, parmi les candidats favoris,
il y a celle ou celui qui entreprendra les réformes structurelles
qui ont été systématiquement enterrées par les partis qu’ils
représentent?
C’est pourquoi je me suis réjoui de la création de
Alternative Libérale qui envoie dans la course aux
présidentielles son président
Édouard Fillias. Bien sûr, ce parti
est tout récent et ne pourra pas modifier la donne en 2007. Mais
c’est aujourd’hui qu’il faut se lancer dans la course si l’on veut
être aux rendez-vous historiques qui attendent toujours un pays au
bord du gouffre.
À mon avis, les dés sont jetés pour la France dont les politiques
n’ont pas changé de cap depuis les trente dernières années. Le débat
pour les présidentielles de 2007 se fait déjà à l’intérieur de
grands cadres imposés par la gauche, notamment à travers les médias
(et les « peoples ») dont la grande majorité est acquise à la gauche
et trouve sympathique les Besancenot, Bové et autres farfelus de la
révolution rouge. Dans ce contexte biaisé, il n’est pas étonnant de
voir les candidats socialistes rivaliser en promesses démagogiques:
Dominique Strauss-Kahn promet de relever le SMIC à 1500 euros tandis
que Laurent Fabius fustige la loi du profit. En face, la droite
répond en promettant de redonner du pouvoir d’achat. Refrain archi
ressassé pour cautionner des politiques conjoncturelles usées.
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