Pour protéger le statut quo, des campagnes de peur sont organisées
aux États-Unis à
l’échelle nationale. On veut inciter les gouvernements à mettre en
place des politiques de contrôle pour resserrer l’étau autour de
cette pédagogie et éventuellement la faire prohiber. On n’hésite pas
à harceler les parents, à les menacer de pénalité sévère en vertu de
loi sur la sécurité sociale(2). Lors de son
congrès annuel, la National Education Association vote régulièrement
des amendements
contre l’école à la maison.
Des mythes et des préjugés |
La critique la plus fréquente est cette
crainte d’une socialisation déficiente pour l’enfant. On prétend
qu’ils ne seront pas suffisamment préparés pour entrer en relation
avec les autres et qu’ils vont hypothéquer leur transition vers le
monde des adultes. Or, la grande majorité des parents qui enseignent
à domicile sont membres de communautés organisées et autonomes.
Au
sein de la Columbia Homeschool Community, dans le Maryland, on offre aux
familles toutes sortes de programmes pour favoriser les relations
interpersonnelles et le partage d’intérêts communs. Les enfants
peuvent participer sur une base hebdomadaire à des activités
récréatives, sportives et même des voyages culturels. Non seulement
ont-ils de multiples occasions de socialiser, mais ils vivent un
enrichissement réel en côtoyant des gens de tous âges. Nous sommes
bien loin de cette image très stéréotypée de cette mère de famille
faisant l’école à sa fille sur le coin d’une table de cuisine.
L’école à la maison ne signifie pas l’école dans la maison.
Le Docteur Brian Ray, fondateur de la
National Home Education Research, constate que les enfants éduqués à
la maison ont un plus grand degré d’implication dans la communauté
que les autres. En milieu rural et dans certains arrondissements,
ces enfants s’impliquent davantage dans les organisations civiques.
En 1992, Larry E. Shyers(3), de l’Université de Floride, entreprit
un projet de doctorat pour défier le préjugé voulant que les
enfants qui font l’école à la maison sont asociaux. L’étude n’a
trouvé aucune différence avec ceux qui fréquentent une classe
régulière. Même que les « homeschoolers » avaient peu de problèmes de
comportement, étant plutôt polis et respectueux.
Un autre
argument consiste à dire que les parents ne sont pas des
éducateurs certifiés et qu'ils sont donc incapables d'offrir
un enseignement de qualité. Pourtant, cette
« certification » n’a jamais été un gage de réussite
pour les élèves – il suffit d’observer les hauts taux
d’échec en mathématiques ou dans d'autres disciplines
qui prévalent dans les bureaucraties publiques pour s'en
rendre compte.
Confronter à des classes engorgées, les
professeurs sont incapables d’offrir un enseignement
personnalisé. L’enfant se retrouve bien souvent isolé,
sans soutien. Et ceux qui peuvent progresser plus
rapidement sont pénalisés. Notons également cette
uniformité dans les méthodes pédagogiques. On utilise
surtout des cours magistraux où l’enfant, loin d’être
proactif, est plutôt sujet à l’ennui et à l’inattention.
Beaucoup de parents préfèrent opter pour la diversité
d’approches plus dynamiques que l’on retrouve sur le
marché. Un marché qui ne cesse de croître et qui est
alimenté d’une grande variété de sites Internet offrant
des
programmes complets d’étude, des livres
d’instructions, des logiciels interactifs pour
accompagner les apprentissages, etc.
Aucun doute, l’école à la maison est une forme de
pédagogie qui dérange. Elle dérange, car elle envoie le message
qu’il est possible de se dissocier du réseau traditionnel pour se
réapproprier sa liberté et sa pleine responsabilité dans l’éducation
de ses enfants. Reconnaissons-le, il n’y a pas beaucoup de liberté
et de latitude dans le système public. C’est précisément ce
piège que cherchent à éviter ceux qui font le choix de l’école à la
maison.
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