Le modèle québécois, une illusion |
On tape allègrement sur la tête des syndicats et des groupes de pression
qui en retour tapent sur le dos des entreprises et du gouvernement. Ces
événements permettent au mieux de ne pas perdre de vue le mur qui nous
attend dans un avenir plus ou moins éloigné. Toutefois, c’est clairement
insuffisant pour apporter les changements fondamentaux nécessaires pour
redonner au Québec le dynamisme requis pour se maintenir à flot dans une
économie mondialisée.
Les succès remportés
durant la
Révolution tranquille sont à l’origine de la stagnation de l’économie du
Québec depuis vingt ans. Les résultats positifs obtenus au cours de
cette période ont créé l’illusion que nous avions inventé un modèle
différent de développement, le modèle québécois. Par conséquent, il
suffisait de poursuivre dans la même ligne pour assurer notre succès.
Alors que plusieurs pays
(Angleterre, Irlande, Nouvelle-Zélande, etc.) remettaient en question
l’étatisme comme modèle de développement, ici on exigeait de plus en
plus de l’État dans toutes les sphères d’activités sociales et
économiques. Malgré les signes évidents que les résultats ne sont pas au
rendez-vous, ceux qui osent remettre en question le modèle québécois
sont unanimement dénoncés par les tenants du statu quo.
La Révolution tranquille II |
Les groupes de pression, en défendant le statu quo et en
préconisant l’intervention de l’État pour tout et rien,
favorisent grandement l’immobilisme. Toutefois, ils ne sont pas
les principaux responsables de cette situation navrante.
L’immobilisme est plutôt la conséquence prévisible de la trop
grande présence du gouvernement dans tous les domaines touchant
de près ou de loin l’économie. Les effets pervers de l’étatisme
sont nombreux:
• Un fardeau
règlementaire excessif favorise l’immobilisme. Selon une
étude de l’Institut Fraser(1), en avril 2003, il y avait
473 lois et 2345 règlements au Québec, couvrant
respectivement 15 000 et 21 000 pages. Le Québec est
loin devant les autres provinces en ce qui a trait au
nombre de pages de règlements (excluant les lois) qu’il
a produit annuellement entre 1990 et 1999, avec une
moyenne de plus de 5000 pages par année contre moins de
1600 pages en Ontario et en Alberta(2).
• Selon la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, au Québec en 2003, les coûts directs pour
se conformer à l’ensemble des règlements – fédérale,
provinciale et municipale – ont dépassé 7 milliards de
$. L’excès de règlementation limite les choix des
consommateurs, augmente les prix, freine
l’entrepreneuriat, réduit la productivité et le niveau
de vie.
• La société québécoise est plus syndicalisée que tous
ses principaux partenaires économiques. Au Québec 81%
des travailleurs du secteur public et 27% de ceux du
secteur privé sont syndiqués. En Ontario et aux
États-Unis les pourcentages correspondants sont
respectivement 72% et 41% dans le secteur public et 18%
et 9% dans le secteur privé.
• Depuis vingt ans, les conventions collectives dans le
secteur public et parapublic limitent les droits de
gérance des fonctionnaires à une caricature. Le pouvoir
politique est devenu la raison d’être des grandes
centrales syndicales québécoises. Ils n’hésitent pas à
affronter, voire menacer, le gouvernement pour faire
triompher leurs points de vue.
• Il existe au Québec 244 organismes gouvernementaux: 58
comités et conseils, 31 Commissions, 14 tribunaux
administratifs, 22 régies, 26 offices, 44 sociétés
administratives, 8 sociétés d’État, 44 sous-organismes
et 6 organismes inopérants. Chacun de ces organismes
doit démontrer, son utilité ce qui génère des coûts
considérables et constitue autant d’embûches pour les
facteurs productifs de la société.
• Le gouvernement libéral s’est engagé à éliminer
certains de ces organismes mais le projet avance à
pas de tortue. En fait, on est tellement dépendant du
gouvernement que même la Fédération des chambres de
commerce du Québec propose de créer un autre organisme
pour étudier et défendre l’aspect économique des
projets.
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