En ce
domaine, nous pataugeons dans une débâcle morale qui est
toujours le prélude aux pires catastrophes économiques et
donc sociales. Car le social n'existe pas en lui-même. Le
social se bâtit sur une économie prospère. Sans une économie
solide et dynamique, l'État n'a plus vraiment les moyens de
ses ambitions, qu'elles soient sociales, diplomatiques,
militaires et politiques. Or, il se trouve que la France a
de moins en moins de moyens au moment où elle nourrit les
ambitions les plus démesurées. Les discours ne font pas
vivre même s'ils peuvent faire illusion devant des masses
désorientées.
Ce livre ne s'adresse pas
aux masses mais aux individus, c'est-à-dire à chacun de
nous. Car les « masses » ne réfléchissent pas; elles
répètent et suivent un leader. Ce sont des entités
malléables et artificielles mais dont la formation se fait
au détriment de tout épanouissement individuel, de toute
prise de conscience personnelle. Je m'adresse donc à la
conscience intime du lecteur et à son jugement personnel.
Pas besoin d'être un spécialiste de l'économie ou de la
politique pour lire cet essai que les spécialistes
tourneront en dérision.
Ce livre est pourtant le
résultat d'une conviction profonde et d'une expérience
longuement mûrie que ni l'ignorance des masses ni le mépris
des élites ne pourront ébranler. C'est la conviction que la
société française est victime d'un mensonge destructeur qui
tourne à la farce en se présentant comme une espérance. Mais
cette espérance est illusoire, l'espérance d'une troisième
voie qui nous éviterait à avoir à accomplir certaines
réformes et certaines adaptations qui seront d'autant plus
difficiles à mettre en œuvre qu'elles seront retardées. En
l'absence de réels changements, elle deviendrait vite une
impasse qui fait déjà sentir ses effets délétères.
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