Ceux qui n'ont jamais été agressés ne peuvent savoir. Peu importe le
motif, la gravité, les circonstances: la personne agressée n'est pas
en état de raisonner: elle agit – ou plutôt, réagit – par instinct.
J'ai été agressée à deux
reprises et curieusement mes réponses ont été différentes. La
première fois (j'étais en famille), paralysée par la peur et
seulement capable de hurler de peur. La seconde (j'étais seule),
j'ai poursuivi mon agresseur qui s'était emparé de mon sac à main
et, l'ayant rattrapé, je me suis battue (j'avais 45 ans, je mesure
1,60 m, mon agresseur était une jeune homme de 18/20 ans de 1,80m)
pour récupérer mon bien. Ce jeune homme a fait une chute dans un
escalier et aurait pu se blesser, voire pire. Quel aurait été mon
sort? J'ai agi en réaction: sans penser que j'étais plus faible ou
que mon agresseur pouvait être armé.
Comment peut-on demander
à une personne agressée de penser au droit décrété par le
législateur, de respecter la règle de la légitime défense et
d'adapter sa réponse en fonction de « l'attaque »? C'est insensé.
Seuls des gens ayant subi des agressions peuvent comprendre la peur,
la détresse, la panique ou la colère qui vous envahit alors – et qui
vous poursuit longtemps après. L'agression nous met dans un état
animal dont nous faisons partie: face au prédateur, certains font le
mort, certains se défendent, certains se rebiffent, certains tuent.
Mon expérience me conduit à penser que selon le moment ou les
circonstances, l'agressé peut réagir différemment mais, quel que
soit l'épilogue, le responsable ne peut être que l'auteur de la
menace. À l'heure où on fait appel à des experts dans tous les
domaines et en particulier dans les tribunaux où ils pullulent, les
anciens agressés ne seraient-ils pas les plus aptes à « juger » des
agressions?
Merci pour votre journal
et à tous les ennemis des consensus, des idées reçues et du
politiquement correct.
J. Peignier
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