Montréal, 3 décembre 2006 • No 204

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

PÉNURIE DE LOGEMENTS:
LA TORNADE RÉGLEMENTAIRE

 

par Michel de Poncins

 

          Les pleurnicheries publiques continuent sur la pénurie de logements. Bien entendu, les hommes de l’État, seuls responsables de cette pénurie, n’ont pas, pour ce qui les concerne, de problèmes de logement. Ce sont les faibles et les moins favorisés qui souffrent le plus de la crise.

 

          Au refus permanent du jeu du marché, s’ajoute la tornade réglementaire qui s’abat sur les locataires, propriétaires et promoteurs et qui est l’une des causes de cette calamité; la tornade ne s’arrête pas.

          Depuis le 1er novembre 2006, un nouveau diagnostic s'impose à tout vendeur d'un bien immobilier: le diagnostic de performance énergétique (DPE). Lorsqu’un logement sera mis en vente, il faudra donc faire appel à un coûteux technicien pour évaluer les caractéristiques techniques du logement et éventuellement les propositions pour améliorer les économies d'énergie. Personne de sensé ne peut attacher de l’importance à un tel document, mais l’obligation administrative est maintenant là!

          Elle s'ajoute à d'autres documents qu'il faut présenter lors de la signature du compromis de vente à l'acheteur. Voici la liste de ces cataclysmes bureaucratiques: certificat de la loi Carrez sur la superficie du bien, diagnostic amiante, diagnostic plomb, diagnostic termites, risques naturels, risques technologiques et maintenant performance énergétique.

          Toutes ces complications contribuent évidemment à la crise du logement. D'abord les vendeurs payant les expertises répercutent inévitablement le prix sur les acheteurs; ensuite se produisent un gaspillage du temps et des perspectives de contentieux. Et, en plus, les bailleurs devront se soumettre aux mêmes obligations que les vendeurs dès le 1er juillet 2007.

          Aucun de ces diagnostics n'a de véritable intérêt. À titre de simple exemple, la loi Carrez pour évaluer la surface définit un forfait pour les balcons et terrasses! En outre, l’important n’est pas seulement la surface mais aussi le volume: un jour, il faudra donc un nouveau certificat sur le volume, avec d’autres forfaits.

          De nouveaux diagnostics sont prévus à terme concernant l'assainissement et l'électricité. L’un d’entre eux mérite le détour: c’est celui sur la qualité de l’air intérieur, ou « QAI ».
 

« Une étude pilote a eu lieu à Grande-Synthe dans le Nord pour les logements et à Tourcoing pour les écoles. Il a donc fallu "observer" des Français jusque dans leurs maisons car sans doute ils ne savent pas ouvrir ou fermer la fenêtre quand il faut le faire! »


          Le mur du ridicule a été franchi en septembre 1999 avec le projet de création d’un « Observatoire de la qualité de l'air intérieur ». Il s'agit d'observer l'air à l'intérieur de tous les locaux: habitations, bureaux, usines. Le gentil nouveau « machin » est né effectivement en juillet 2001.

          Le « responsable scientifique » idoine a déclaré: « On ne sait pas aujourd'hui ce que l'on respire dans les habitations et les bureaux. On ne connaît pas non plus quel effet sur la santé peuvent avoir les polluants qui s'y trouvent ».

          Une étude pilote a eu lieu à Grande-Synthe dans le Nord pour les logements et à Tourcoing pour les écoles. Mille sites ont été « observés » dans toute la France. Il a donc fallu « observer » des Français jusque dans leurs maisons car sans doute ils ne savent pas ouvrir ou fermer la fenêtre quand il faut le faire!

          Cet organisme a fait du bon boulot, malgré les 32 heures en usage dans le « milieu », et il est sur le point de sortir la réglementation en vue d’imposer aux propriétaires vendeurs ou bailleurs un certificat de « QAI ».

          À notre humble avis, le principe de précaution, devenu un critère incontournable de citoyenneté républicaine, devrait conduire à un nouveau droit de l’homme. Celui qui n’aurait pas le « QI » suffisant pour gérer tout seul son « QAI » devrait avoir droit à un soutien psychologique.

          Y aura-t-il des amateurs pour revendiquer la déficience de leur propre « QI »? Peut-être, car la course aux faux droits fait bien partie de la « modernité ».
 

 

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