Les organismes
réglementaires dont les sigles pourraient remplir un
bol de soupe alphabet
Roosevelt promulgua ensuite des augmentations d’impôt exorbitantes
pour les tranches d’impositions supérieures et
instaura un prélèvement à la source de 5% sur les
dividendes. Il obtint une autre augmentation d’impôt
en 1934. En fait, les hausses d’impôt devinrent une
politique privilégiée de Roosevelt pendant les dix
années suivantes, conduisant jusqu’à un taux
d’imposition de 90% pour la tranche d’imposition
supérieure. Arthur Vanderberg, sénateur du Michigan
qui s’opposa à la plupart des mesures du New Deal,
réprimanda Roosevelt pour ses imposantes hausses
d’impôts. Une économie saine ne sera pas rétablie,
disait-il, en adoptant l’idée socialiste que
l’Amérique peut « soulever le tiers le plus pauvre »
en « abaissant les deux autres tiers »(28). Vanderberg réprouva aussi « la reddition du Congrès
face aux commissaires d’une multitude d’organismes
réglementaires, dont les sigles pourraient remplir
un bol de soupe alphabet, qui croient fermement que
le peuple américain doit être enrégimenté par de
puissants chefs suprêmes afin d’être sauvé »(29).
Ces commissaires
dépensaient l’argent des contribuables comme s'il
poussait dans les arbres. C’est eux que l’influent journaliste
et critique social Albert Jay Nock avait en tête
lorsqu’il décrit le New Deal comme « une
mobilisation ressemblant à une farce idiote et
causant un tumulte sans but dirigée par l’État à la
grandeur du pays »(30). La Civil Works
Administration de Roosevelt embaucha des comédiens
pour présenter des spectacles gratuits et des
libraires pour cataloguer des archives. Il paya même
des chercheurs pour étudier l’histoire de l’épingle
de sûreté, embaucha 100 travailleurs de Washington
pour patrouiller les rues avec des ballons et
effrayer les étourneaux se tenant près de bâtiments
publics, et admit des gens dans la fonction publique
afin de pourchasser les buissons roulants les jours
venteux.
La CWA, lorsqu’elle fut
mise en place à l’automne 1933, devait être un
programme temporaire de création d’emplois.
Roosevelt assura au Congrès dans son discours annuel
que tout nouveau programme semblable serait aboli
d’ici un an. « Le gouvernement fédéral, dit le
président, doit cesser de s’occuper de
l’assistance sociale et il le fera. Je ne désire pas
que la vitalité de notre peuple soit obstruée
davantage en distribuant de l’argent, des paniers de
consommation, des miettes hebdomadaires de travail à
couper la pelouse, ratisser les feuilles mortes ou à
ramasser les journaux dans les parcs publics. » On
nomma Harry Hopkins à la direction de l’agence, qui
affirma plus tard: « J’ai donné du travail à quatre
millions de personnes, mais pour l’amour de Dieu ne
me demandez pas ce qu’elles font. » La CWA disparut
après quelques mois, mais fut remplacée par un autre
programme d’assistance temporaire qui devint la
Works Progress Administration, ou WPA, en 1935.
Cette dernière est connue aujourd’hui comme le
programme gouvernemental qui inspira l’invention du
terme boondoggle [perdre du temps à
travailler sans raison], parce qu’il « produisit »
bien plus que les 77 000 ponts et les 116 000
bâtiments que ses partisans aimaient montrer comme
preuve de son efficacité(31).
Les opposants au WPA
l’appelaient souvent, avec raison, le programme « We
Piddle Around » [Nous perdons notre temps]. Au
Kentucky, les employés de la WPA ont catalogué 350
manières différentes d’apprêter des épinards.
L’agence employait 6000 « comédiens » malgré le fait
que les syndicats de comédiens du pays ne comptaient
que 4500 membres. Des centaines d’employés de la WPA
furent utilisés pour recueillir des contributions
électorales pour des candidats du Parti démocrate.
Au Tennessee, on congédiait les employés de la WPA
s’ils refusaient de faire don de 2% de leur salaire
au gouverneur sortant. En 1941, seulement 59% du
budget de la WPA servait à payer quoi que ce soit aux
travailleurs, le reste était siphonné par l’agence
ou quelqu’un au-dessus. Les rédacteurs du magazine
The New Republic demandèrent: « Est-ce que
[Roosevelt] possède assez d’honnêteté morale pour
admettre désormais que la WPA fut une décision
politique précipitée et grandiloquente, qu’elle est
un échec malheureux et qu’elle devrait être abolie(32)? » Le dernier des projets de la WPA ne fut
éliminé qu’en juillet 1943.
Roosevelt fut
encensé
pour ses initiatives de « création d’emplois » comme
la CWA et la WPA. Plusieurs personnes pensent
qu’elles ont aidé à remédier à la Dépression. Elles
ne comprennent pas que ce sont les autres bricolages
politiques maladroits de Roosevelt qui ont prolongé
la Dépression et qui ont surtout empêché les
chômeurs de trouver de vrais emplois en premier
lieu. La liste stupéfiante de dépenses inutiles
provoquées par ces programmes d’emplois a constitué
un gaspillage de ressources précieuses pour des fins
politiquement rentables mais économiquement
contreproductives.
Une simple analogie
illustre cet argument. Si un voleur va de maison en
maison dérobant chaque habitant du voisinage et
qu’il se rend ensuite au centre commercial le plus
près pour dépenser son butin illégitimement acquis,
on ne prétendrait pas qu’il a rendu un service à son
pays ou créé un avantage économique global parce
qu’il a « stimulé » les magasins du centre
commercial. De même, lorsque le gouvernement engage
quelqu’un pour cataloguer les nombreuses façons
d’apprêter des épinards, son chèque de paie offert
par les contribuables ne peut être considéré comme
un bénéfice net pour l’économie puisque les
ressources utilisées pour le payer ont seulement été
détournées et non créées. Les économistes
d’aujourd’hui doivent encore lutter contre cette « pensée magique » chaque fois qu’on propose davantage
de dépenses publiques – comme si l’argent ne
provenait pas de citoyens productifs, mais de la Fée
des dents. |
Arthur Vandenberg, un sénateur du Michigan,
prétendait qu'une économie solide ne pouvait
être rétablie par l'entremise des mesures
punitives d'imposition et de réglementation
de Franklin D. Roosevelt. |
« Une cohue sidérante de moins que rien
effrontés »
Les interventions
économiques désordonnées de Roosevelt furent
louangées par ceux qui appréciaient l’impression de
quelqu’un en contrôle et « faisant quelque chose ».
Pendant ce temps, la grande majorité des Américains
restaient patients. Ils souhaitaient clairement
donner le bénéfice du doute à cet homme
charismatique, ancien gouverneur de l’État de New
York et victime de la polio. Mais Roosevelt eut
toujours ses opposants, qui grandirent en nombre à
mesure que les années passaient. Un de ceux-ci fut
l’inimitable H.L. Mencken, le « Sage de Baltimore »,
qui critiqua vertement le président. Paul Johnson
résume ainsi les remarques acérées mais souvent
humoristiques de Mencken:
Mencken se surpassait en attaquant le
triomphant FDR, dont l’odeur de
collectivisme frauduleux le remplissait d’un
authentique dégoût. Il était le « Führer »,
le « Charlatan », entouré d’une « cohue
sidérante de moins que rien effrontés », « un ramassis de pédagogues ignorants,
d’avocats inconstitutionnels, d'admirateurs éblouis et d’autres sorciers tout aussi
désolants ». Son New Deal constituait
« une combine politique », « une série de
faux miracles prodigieux » qui « encourageait constamment la jalousie et la
haine entre les classes sociales », qui
considérait le gouvernement comme « une
vache à lait aux 125 millions de pis » et
qui se caractérisait par « de fréquents
désaveux de promesses formelles »(33). |
Des signes de vie
L’économie américaine fut
vite délivrée du fardeau de certains des pires excès
du New Deal quand la Cour suprême déclara
inconstitutionnels le National Industrial
Recovery Act en 1935 et le Agricultural
Adjustment Act en 1936, s’attirant éternellement
foudres et moqueries de la part de Roosevelt.
Jugeant inconstitutionnel la plupart de que
Roosevelt avait fait, les « neuf vieils hommes »
[comme le président les appela] de la Cour
annulèrent aussi d’autres lois et programmes moins
importants qui retardaient un éventuel redressement.
Libérée des pires
contraintes du New Deal, l’économie montra
certains signes de vie. Le chômage diminua à 18% en
1935, à 14% en 1936 et encore plus bas en 1937.
Pourtant, en 1938 il remonta jusqu’à près de 20%
alors que l’économie s’effondrait de nouveau. Le
marché boursier subit un krach de près de 50% entre
août 1937 et mars 1938. Le « stimulant économique »
du New Deal de Franklin Delano Roosevelt
accomplit une véritable « première »: une
dépression à l’intérieur d’une dépression!
|
Au point le plus bas de la Grande
Dépression, la moitié de la production
industrielle américaine était stagnante
alors que l'économie chancelait sous le
poids d'interminables et destructrices
politiques de Washington provenant autant
des Républicains que des Démocrates. |
Le National Labor Relations Act de 1935 –
mieux connu sous le nom de Wagner Act et de « Magna Carta » des syndicats – avait préparé le
terrain pour un effondrement économique. Citons Sennholz encore une fois:
Cette loi révolutionna les relations de
travail américaines. Elle retira les litiges
de travail des tribunaux et les confia à une
commission fédérale nouvellement créée, la
National Labor Relations Board, qui devint à
la fois poursuivant, juge et jury. La loi,
qui offrait déjà des immunités et des
privilèges juridiques aux syndicats, fut
corrompue davantage par des partisans de ces
derniers à la commission. Les États-Unis
abandonnèrent ainsi une grande réussite de
la civilisation occidentale: l’égalité
devant la loi.
Le Wagner Act, ou
National Labor Relations Act, fut
adopté en réaction à l’annulation du
National Industrial Recovery Act et de
ses codes de travail. Il visait à supprimer
toute résistance des employeurs aux
syndicats. Tout ce qu’un employeur pouvait
faire en légitime défense devint une « pratique de travail déloyale » sanctionnable
par la commission. La loi n’obligeait pas
seulement les employeurs à négocier avec les
syndicats désignés comme représentants des
employés; des décisions subséquentes de la
commission rendirent illégal le fait de
résister aux demandes des dirigeants
syndicaux(34). |
Les syndicats, armés de ces nouveaux pouvoirs
étendus, débutèrent une frénésie d’organisation
militante. Menaces, boycotts, grèves, occupations
d’usines et violence omniprésente poussèrent
gravement la productivité à la baisse et le chômage
à la hausse. Le nombre de membres des syndicats du
pays explosa. En 1941, il y avait deux fois et demie
plus d’Américains membres d’un syndicat qu’en 1935.
L’historien William E. Leuchtenberg, lui-même peu
favorable à la libre entreprise, remarqua: « Les
citoyens respectueux de la propriété étaient
effrayés par les occupations d’usines, outrés
lorsque des grévistes empêchaient la livraison du
courrier, contrariés par l’intimidation à l’encontre
des personnes non membres d’un syndicat et alarmés
par les équipes mobiles de travailleurs qui
manifestaient, ou menaçaient de le faire, de ville
en ville(35). »
Un climat hostile aux entreprises
Dans la foulée du
Wagner Act, un déluge vociférant d’insultes à
l’endroit du monde des affaires vint de la Maison
blanche. Les hommes d’affaires, affirma furieusement
Roosevelt, constituaient des obstacles sur la voie
du redressement. Il les traita de « royalistes
économiques » et dit que les hommes d’affaires en
tant que classe étaient « stupides »(36). Les
insultes furent suivies d’une série de nouvelles
mesures punitives. D’autres restrictions furent
imposées au marché boursier. On préleva un nouvel
impôt sur les revenus gardés par les entreprises,
appelé « impôt sur les bénéfices non répartis ». « Ces initiatives de type coulons les riches,
écrit l’économiste Robert Higgs, laissèrent peu de
doute que le président et son gouvernement avaient
l’intention de faire tout en leur pouvoir afin de
pousser le Congrès à confisquer la richesse des
particuliers à revenu élevé responsables de la
plupart des décisions d’investissement privé du pays(37). »
Pendant une période d’à
peine deux mois à la fin de l’année 1937, le marché
de l’acier – un indicateur économique clé –
s’effondra, passant de 83% à 35% de sa pleine
capacité. Quand la nouvelle fit les manchettes,
Roosevelt partit pour un inopportun voyage de pêche
de neuf jours. Le journal The New York
Herald-Tribune l’implora de revenir au travail
afin de renverser la vague de la Dépression
renouvelée. Ce dont on a besoin, écrivirent les
rédacteurs du journal, c’est l’abandon de la
politique de Roosevelt « encourageant le
ressentiment et la haine, montant les classes les
unes contre les autres et punissant tous ceux qui
sont en désaccord avec lui »(38).
Le chroniqueur Walter
Lippman écrivit en mars 1938 que « presque sans
exception importante, toutes les mesures auxquelles il
[Roosevelt] s'est intéressé dans les cinq derniers mois
visaient à réduire ou à décourager la production de
richesse »(39).
Comme on l'a déjà souligné, la version du New Deal
propre à Herbert Hoover avait haussé le taux
d’imposition de la tranche supérieure de 24% à 63%
en 1932. Mais on pourrait le qualifier de pingre
comparativement à son successeur à la gâchette
facile en ce qui concerne les hausses d’impôt.
Pendant la présidence de Roosevelt, le taux
d’imposition de la tranche supérieure fut augmenté
d’abord à 79% et ensuite à 90%. L’historien
économique Burton Folsom nota qu’en 1941 Roosevelt
proposa même un taux d’imposition énorme de 99,5%
sur tous les revenus de plus de 100 000 $. « Pourquoi pas? », demanda-t-il lorsqu’un de ses
conseillers remit cette idée en question(40).
Après que cette
proposition confiscatoire eut échoué, Roosevelt
adopta un décret afin d’imposer tous les revenus de
plus de 25 000 $ au taux incroyable de 100%. Il
promut aussi l’idée d’abaisser le seuil de
l’exemption personnelle à 600 $, une tactique qui
forçait la plupart des familles américaines à payer au
moins un peu d’impôt sur le revenu pour la première
fois. Peu de temps après, le Congrès annula le
décret, mais mit en oeuvre la réduction de
l’exemption personnelle(41).
Au même moment, la
politique monétaire de la Réserve fédérale se
comportait comme une balançoire au milieu des années
1930, haussant d’abord le taux d’intérêt, puis
l’abaissant, puis le remontant brusquement lors de
l’entrée des États-Unis dans la Deuxième Guerre
mondiale. Le fait suivant contribua au glissement
économique de 1937: de l’été 1936 au printemps 1937,
la Réserve fédérale doubla la réserve minimale
imposée aux banques du pays. L’expérience a démontré
encore et encore qu’une politique monétaire
ressemblant à des montagnes russes est suffisante
pour donner une économie ressemblant à des montagnes
russes. |
Le président Roosevelt a attaqué la Cour
suprême parce qu'elle a déclaré
inconstitutionnelles d'importantes parties
du New Deal. La tentative échouée de
FDR de prendre contrôle de ce tribunal par
la nomination de juges supplémentaires a
contribué à la reprise de la dépression
économique en 1937. |
Encore piqué de ses
défaites préalables à la Cour suprême, Roosevelt
tenta en 1937 d'en prendre le contrôle en proposant que le président puisse nommer
un juge supplémentaire pour chaque juge de plus de
70 ans encore en fonction et n’ayant pas pris sa
retraite. Si cette proposition avait été adoptée,
Roosevelt aurait pu nommer six nouveaux juges
favorables à ses opinions, augmentant le nombre de
juges à la Cour de 9 à 15. Son plan échoua au
Congrès, mais la Cour commença bientôt à approuver
ses politiques suite à la retraite de quelques juges
qui s’y opposaient. Toutefois, jusqu'à ce que le
Congrès fasse échouer le plan de Roosevelt, les
craintes du monde des affaires à l’effet qu’une Cour
favorable aux objectifs présidentiels appuie
davantage le New Deal empêcha le retour des
investissements et de la confiance.
L’historien économique
Robert Higgs conclut à une relation étroite entre le
niveau d’investissement privé et la situation de
l’économie américaine dans les années 1930. Les
attaques incessantes de l’administration Roosevelt –
tant verbales que réelles – contre le monde des
affaires, la propriété et la libre entreprise
garantirent que le capital nécessaire afin de
revigorer l’économie se trouvait soit confisqué par
la fiscalité soit dissimulé de force. Quand FDR fit
entrer les États-Unis dans la guerre en 1941, son
programme anti-affaires s’estompa, mais l’effort de
guerre détournait une grande partie du capital du
pays qui aurait dû aller dans l’agrandissement
d’usines ou dans les biens de consommation. Il fallut
attendre le départ de Roosevelt et la fin de la guerre pour
que les investisseurs retrouvent la confiance
nécessaire pour « provoquer le plein essor de
l’investissement d’après-guerre qui alimenta le
retour de l’économie à une prospérité durable »(42).
Ce point de vue est
renforcé par les commentaires suivants émis en
1937 par Lammot du Pont, l’un des principaux
investisseurs de l’époque:
L’incertitude gouverne la situation fiscale,
la situation du travail, la situation
monétaire et pratiquement chacune des
exigences juridiques que doit respecter une
industrie pour fonctionner. Les impôts
vont-ils monter, descendre ou rester
stables? Nous ne le savons pas. Le monde du
travail sera-t-il pro-syndicat ou non? […]
Allons-nous avoir de l’inflation ou de la
déflation, plus ou moins de dépenses
publiques? […] Y aura-t-il de nouvelles
restrictions imposées au capital, de
nouvelles limites aux profits? […] Il est
impossible même d’essayer de deviner les
réponses(43). |
Plusieurs historiens modernes ont tendance à être
instinctivement anticapitalistes et méfiants envers
le
libre marché; ils sont impressionnés par la façon,
constitutionnelle ou non, dont Roosevelt a utilisé
son pouvoir et la trouvent historiquement « intéressante ». Lors de sondages, une majorité
d’historiens placent invariablement FDR près de la
première place sur le plan de la grandeur
présidentielle. Il n’est donc pas surprenant qu’ils
rejettent l’idée voulant que le New Deal soit
responsable d’avoir prolongé la Grande Dépression.
Pourtant, lorsqu’un sondage représentatif à
l’échelle nationale effectué par l’American
Institute of Public Opinion au printemps 1939
demanda « Pensez-vous que l’attitude de
l’administration Roosevelt envers le monde des
affaires retarde le redressement de l’économie? »,
le peuple américain répondit « oui » dans une
proportion de plus de deux contre un. Cette
proportion fut encore plus importante dans la
communauté des affaires(44).
Dans son journal
personnel, Henry Morgenthau, le secrétaire du Trésor
nommé par Roosevelt, semblait lui aussi être
d’accord. Il écrivit: « Nous avons tenté de dépenser
de l’argent. Nous dépensons davantage que ce qui a
jamais été dépensé auparavant et cela ne fonctionne
pas. […] Nous n’avons jamais rempli nos promesses.
[…] Après huit ans de cette administration nous
avons autant de chômage qu’en commençant […] et une
dette énorme par-dessus le marché(45)! »
À la fin de la décennie
et 12 ans après le jeudi noir du marché boursier,
dix millions d’Américains n’occupaient pas d’emploi.
Le taux de chômage dépassait les 17%. Roosevelt
avait promis en 1932 de mettre un terme à cette
crise, mais elle persista pendant deux mandats
présidentiels malgré un nombre incalculable
d’interventions.
Où se trouve la libre entreprise?
Comment se fait-il que
FDR a été élu quatre fois si ses politiques
aggravaient et prolongeaient une catastrophe
économique? L’ignorance et la volonté de donner le
bénéfice du doute au président y sont pour beaucoup.
Roosevelt l’emporta sur Hoover en 1932 en promettant
moins d’intervention étatique. Il leur donna
plutôt davantage d’intervention étatique,
mais il le fit avec fanfares et « causeries au coin
du feu » [c’est ainsi qu’on appelait les discours
radiophoniques à la nation de Roosevelt, qui eut
recours à ce moyen de communication 30 fois entre
1933 et 1944] qui hypnotisèrent un peuple désespéré.
Quand les gens commencèrent à se rendre compte que
ses politiques avaient un effet néfaste, la Deuxième
Guerre mondiale arriva, le peuple se rallia à son
commandant-en-chef et peu voulurent changer de
coureur au milieu de la piste en portant au pouvoir
un nouveau candidat.
En même temps que
l'hécatombe de la
Deuxième Guerre mondiale vint une reprise du
commerce entre les États-Unis et leurs alliés. La
mort d’innocents et la destruction de ressources
n’aida pas l’économie américaine, mais ce commerce
renouvelé le fit. Une réinflation de la masse
monétaire du pays contrebalança les coûts élevés du
New Deal, mais amena un fléau qui nous
tourmente encore aujourd’hui: un dollar qui achète
de moins en moins de biens et de services année après
année. Plus important encore, l’administration
Truman qui succéda à Roosevelt était définitivement
moins encline à admonester et à matraquer les
investisseurs privés. En conséquence, ces
investisseurs recommencèrent à participer à
l’économie et alimentèrent une puissante expansion
économique d’après-guerre. La Grande Dépression se
termina finalement, mais nous devrions nous en
rappeler comme un des échecs les plus colossaux et
tragiques de l’État et des politiques publiques de
l’histoire américaine.
La genèse de la
Grande Dépression se trouve dans les politiques monétaires
et fiscales irresponsables du gouvernement américain
à la fin des années 1920 et au début des années
1930. Ces politiques comprirent une litanie
d’erreurs politiques: mauvaise gestion de la banque
centrale, tarifs douaniers écrasant le commerce, impôts
destructeurs d’incitations, contrôle abrutissant de
la production et de la concurrence, destruction
insensée de récoltes et de bétail et législation
coercitive du travail, pour ne nommer que des
exemples. Ce n’est pas le libre marché qui a
provoqué 12 ans d’agonie, mais plutôt une
incompétence politique à grande échelle.
Ceux qui peuvent examiner
les événements des années 1920 et 1930 et ensuite
blâmer le capitalisme pour le désastre économique
ont les yeux, les oreilles et l’esprit fermés à la
réalité. Il est essentiel de changer le raisonnement
aberrant qu’est la sagesse populaire d’aujourd’hui à
propos de cet épisode historique sordide afin de
raviver la confiance dans le libre marché et de
sauvegarder nos libertés. |
Les pouvoirs spéciaux accordés aux syndicats
avec le passage du Wagner Act ont contribué
à une vague de grèves militantes et à une
« dépression dans la dépression » en 1937. |
Les États-Unis ont réussi
à survivre autant à l’activisme de Hoover qu’au
charlatanisme du New Deal de Roosevelt.
Désormais, la tradition américaine de liberté attend
d’être redécouverte par une nouvelle génération de
citoyens. Cette fois-ci nous n’avons rien à craindre
sauf les faussetés et les idées reçues.
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