Les
entrepreneurs se sont surtout spécialisés dans la
conception de technologies de pointe, faisant appel à la
connaissance, afin de façonner le futur. La ville de
Hsinchu abrite le Science Park (technopole), la Silicon
Valley de Taïwan, reconnu dans le monde pour la
fabrication de semi-conducteurs. Ainsi, l’île est au
premier rang mondial pour la fabrication d’un certain
nombre de produits électroniques: scanners, écrans,
modems(3).
Des firmes ont même développé leurs propres applications
et investissent non seulement dans la région, mais dans
le reste du monde.
De la pauvreté à la
prospérité |
Bien malin celui qui, au début des années 1950, pouvait
prédire de tels bouleversements en si peu de temps.
Pendant que la Chine continentale sombrait dans le
communisme avec la révolution de Mao, Taïwan optait pour
une stratégie bien différente. La libéralisation de son
secteur agricole amplifiait la production et augmentait
le revenu des paysans qui devenaient des propriétaires
autonomes. Au fil des années, ce rendement a dégagé des
excédents qui ont été exportés à l'extérieur. Les
profits accumulés ont permis d'acheter des matières
premières, de la machinerie lourde ainsi que des
matériaux pour construire le secteur industriel. Le plus
grand pouvoir d'achat de la population a été un tremplin
de croissance pour une panoplie de petites PME dans le
domaine des services.
Le gouvernement, au lieu
d'étouffer le marché du travail sous une pluie de
réglementations, tel le salaire minimum, a plutôt créé
un terrain propice à la création d'emplois. La paperasse
bureaucratique restreignant la mise sur pied
d'entreprises privées a été réduite, assurant une plus
grande diversité de choix pour le travailleur. Les
salaires ont connu une augmentation au fil des années,
suivant le rythme de la croissance. Cette prospérité a
permis aux familles de devenir propriétaires de maisons
et d'atteindre un niveau de vie similaire aux riches
nations du monde. L'émergence de la classe moyenne rend
les citoyens moins dépendant de l'État et favorise le
pluralisme politique. Taïwan est devenue une démocratie
à la fin des années 1980.
En 1962, Milton Friedman, le célèbre prix Nobel
d'économie, a fait la remarque suivante: l'histoire est
unanime quant au rapport qui existe entre liberté
politique et économie de marché. Je ne connais aucun
exemple d'une société qui à quelque époque ou en quelque
endroit, se soit caractérisée par une liberté politique
importante et n'ait pas également eu recours à un
système comparable à l'économie de marché pour organiser
la plus grande partie de son activité économique.
L'île de Taïwan nous
démontre que peu importe les embûches et les cicatrices
du passé, il est possible d'être libre, de se développer
et s'industrialiser. Elle prouve que cela ne peut se
produire que dans une économie ouverte, capitaliste et
non dans une économie caractérisée par la planification
centralisée.
Certains intervenants ont
déjà dit que l'État taïwanais a joué un rôle essentiel
dans cette croissance et qu'il ne faudrait pas le
négliger. En fait, l'État a su créer les conditions
gagnantes en valorisant la culture entrepreneuriale, en
reconnaissant les droits de propriété, en découragent la
dépendance aux services d'assistance sociale, en
s'abstenant d'être protectionniste, en déréglementant de
multiples secteurs tout en évitant de s'immiscer dans
les affaires courantes de sa population.
Quand le choix individuel
et les échanges volontaires ne sont pas garantis, il est
difficile d'imaginer comment la démocratisation d'une
société peut être possible. L'historien britannique
Hilaire Belloc (1870-1953) a écrit que le contrôle de la
production de la richesse n'est autre que le contrôle de
la vie humaine elle-même. Si Taïwan est un modèle de
réussite, c'est précisément parce qu’elle a su tirer des
leçons de ce conseil.
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