Je suis tombé par hasard sur quelques
articles de Carl-Stéphane Huot au sujet du
Ritalin et de la Scientologie. À titre de
président de la Commission des citoyens pour
les droits de l'homme, un organise sans but
lucratif fondé en 1969 par l'Église de
Scientologie et le Dr. Thomas Szasz,
professeur émérite de psychiatrie,
j'aimerais répondre à l'essentiel du texte
de M. Huot.
Dans le QL no 102, M. Huot déclare que
« L'origine du trouble déficitaire de
l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)
est cérébrale et résulte d'un déficit en
neurotransmetteurs, notamment en dopamine. »
Ceci est faux. Il n'existe absolument aucun
test, biochimique, génétique ou cérébral qui
permette d'affirmer une telle chose. Le
dogme du TDAH, inventé par l'industrie
psycho-pharmacologique, répand cette opinion
afin d'obtenir le consentement des parents à
traiter leur enfant au moyen de
psycho-stimulants comme le Ritalin.
D'ailleurs, j'ai déjà souvent mis au défi
des psychiatres ou psychologues, voire même
des pédiatres, de s'engager à rembourser
leurs cinq dernières années de salaire s'ils
s'avéraient incapables de prouver leurs dires
(lire l'affirmation ci-dessus de M. Huot).
Étrange, aucun n'a jamais osé relever ce
simple défi. C'était évidemment une blague
de ma part, mais le visage soudainement
livide de mes interlocuteurs m'a fois après
fois démontré leur manque de rigueur
intellectuelle.
Dans le même article, M. Huot ajoute que « Il
a bien entendu des effets secondaires [le Ritalin], mais ils ne sont pas dramatiques:
perte d'appétit, quelques troubles de
sommeil et, parfois, l'irritabilité. Quant à
la prétendue dépendance, elle relève du
mythe. » Amusant et navrant à la fois. Au
cours des 24 derniers mois, les Agences de
santé du Canada, des États-Unis, d'Australie
et d'Europe ont émis près d'une dizaine de
mises en garde sérieuses au sujet des
psychostimulants comme le Ritalin: ils
peuvent causer, comme effets secondaires, des
hallucinations, des impulsions suicidaires,
de l'agressivité folle et des problèmes
cardiaques. Des études très sérieuses mais
non subventionnées par le dogme psycho-pharmacologique de M. Huot montrent
même que jusqu'à 9% des enfants sous ces
médicaments expérimenteront une crise
psychotique causée par le médicament. La
dépendance est un mythe? Oh, M. Huot ne
semble pas s'intéresser aux statistiques sur
les abus de consommation de psychotropes
d'ordonnance. L'abus de drogues qui connait
la plus forte croissance partout en Amérique
du nord concerne les médicaments
psychotropes, particulièrement les
psycho-stimulants psychiatriques. Ajoutons à
ceci, une autre révélation intéressante de
Robert Spitzer, le psychiatre responsable de
la création et de l'inclusion du TDAH dans
le DSM (Manuel de diagnostic et statistique
des maladies mentales, la « bible » que les
psychiatres utilisent pour pouvoir coller
des étiquettes de troubles mentaux sur les
gens et ensuite facturer les compagnies
d'assurance). Spitzer vient tout juste de
déclarer (mars 2007) que jusqu'à 30% des
enfants étiquetés TDAH auraient faussement
été diagnostiqués, ces enfants ayant été
tout à fait normaux.
Bon, je ne veux pas m'étendre sur le sujet.
La psychiatrie en général et l'industrie du
TDAH en particulier sont une sorte de dogme
ne reposant sur aucune science. Tous leurs
diagnostics sont subjectifs et ne
constituent en réalité qu'un effort pour
blâmer le cerveau des enfants et
déresponsabiliser des institutions d'adulte
qui ne fonctionnent pas. Une preuve
indirecte de tout ceci est qu'il existe
maintenant dans le monde de nombreuses
écoles « sans Ritalin » où des enfants
auparavant stigmatisés par des étiquettes
frauduleuses de « troubles mentaux »
découvrent soudainement qu'ils n'ont pas un
cerveau anormal et qu'ils peuvent très bien
réussir en classe et se contrôler lorsqu'ils
sont entourés d'adultes compétents et
amicaux qui mettent l'accent sur ce que
l'enfant fait de bien, qui les encouragent
et les aident véritablement à développer
leur confiance en eux-mêmes.
Cordialement,
Denis Côté
Président CCDH Québec
www.droitshumains.ca
Réponse de Carl-Stéphane Huot: |
Monsieur Côté,
a) Sur l'origine du trouble, disons que vous n'avez pas
complètement tort. J'aurais dû dire « probablement » dû à un
déficit en neurotransmetteur – j'ai demandé à mon éditeur
de bien vouloir apporter la modification dans le texte. L'autre
hypothèse principale est liée à une physiologie différente
du cerveau, mais elle n'explique pas les 15% de cas qui
surviennent suite à un manque d'oxygène à la naissance, ni
les cas développés par certains soldats lors des deux
conflits mondiaux, entre autres. Quant aux autres
hypothèses, elles ont toutes été rejetées par la communauté
scientifique, faute de preuve concluantes. Signalons que
plusieurs des médicaments donnés pour le TDAH agissent
principalement pour forcer le cerveau à sécréter la
dopamine, et que ceux-ci fonctionnent généralement assez
bien, nonobstant les effets secondaires qui sont toujours
possibles.
b) Normalement, avant de donner ce type de médicament, le
médecin doit faire passer une batterie de tests, incluant au
niveau de l'épilepsie, des problèmes cardiaques et de la
pression. Les problèmes rares, y compris effets secondaires
non répertoriés, sont possibles mais difficiles à prévoir.
Lorsque l'on fait des tests sur quelques centaines de
personnes, il est difficile de déceler des problèmes qui
surviennent quelques fois par million et des problèmes à
plus long terme: c'est pour cela que des avis
supplémentaires sont parfois envoyés.
c) L'impulsivité et l'agressivité sont des symptômes du TDAH,
et non la conséquence du médicament. Les cas de suicides ne
sont pas nécessairement dû au médicament. Bon nombre de
personnes ont vécu bon nombre d'échecs autant personnels
que professionnels, du rejet, de la violence, etc. La prise
de médicaments ne règle pas tous les problèmes et il n'est
pas impossible que ces (2) cas répertoriés en cinq ans soient
simplement passés entre les mailles du filet des services de
santé. Quant aux cas de psychose que vous mentionnez, je
pourrais vous répondre que le lien de cause à effet n'a pas
clairement été établi. Cependant, il est évident qu'en cas
d'effets comme ceux-ci, il faut cesser l'usage du
médicament... mais cela ne concerne encore qu'une poignée de
cas (voir par exemple
la mise en garde de Santé Canada). Quant à votre mention
de 9% de cas de psychoses, je ne sais pas trop où vous
l'avez prise, mais j'ai, de par ma position, accès à quelques
milliers de cas actuels et je n'en ai pas encore entendu
parler d'un seul.
d) Le docteur qui a décrit le trouble en premier est le
docteur G.F. Still en 1902. Quant à Spitzer, il a été
désavoué par les siens voilà quelques
années pour diverses raisons. Enfin, les faux diagnostics ne sont pas
complètement impossibles, bien qu'un certain nombre de
problèmes connexes générant des symptômes similaires soient
connus et que les médecins qui font le diagnostic du TDAH
doivent normalement suivre une formation spécifique pour
cela. Trente pour cent me semble par contre beaucoup. Il est vrai
toutefois qu'en vieillissant le nombre de cas diminue
probablement parce que le cerveau subit de profondes
transformations à l'adolescence...
e) Enfin, votre Église n'aime pas les
psys, c'est bien connu. Rien de ce
qu'ils peuvent faire ou ne pas faire ne
trouvera jamais grâce à vos yeux. |
Bien à vous,
C.-S. H.
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