Montréal, 25 mars 2007 • No 218

 

LECTURE

 

Cécile Philippe est directrice générale de l'Institut économique Molinari. Mathieu Laine est avocat spécialisé en droit des affaires et enseigne à Sciences-Po.

 
 

LES FRANÇAIS ET L'ÉCONOMIE

 

par Cécile Philippe et Mathieu Laine

 

          À l'occasion du lancement des livres « C'est trop tard pour la terre », de Cécile Philippe, et « La France est foutue », de Mathieu Laine, et de la création de sa toute nouvelle collection « Idées fausses/Vraies réponses », JC Lattès a commandé un sondage sur les perceptions des Français face à l'économie, la mondialisation et l'environnement. Nous publions ici les réponses au sondage Sofres des 7 et 8 mars 2007.

          Dans on livre, Mme Philippe remet en question les idées reçues en matière d'environnement. Dans le sien, M. Laine démontre que la France n'est pas foutue et que la réforme d'ampleur n'est pas une punition, mais la solution! Il s'agit des deux premiers ouvrages de la collection « Idées fausses/Vraies réponses », fondée et dirigée par Mathieu Laine. Ils sont en librairie et sur Amazon depuis le 14 mars 2007. Ce sont de courts livres (130 à 150 pages), à petit prix (9 euros), qui répondent simplement et efficacement aux idées reçues et apportent de vraies réponses. Ces livres optimistes et dynamiques donnent au lecteur des chiffres, des faits et des raisonnements qu'il n'entend pas souvent… Ils contribuent à la bataille des idées, préalable indispensable aux victoires politiques.
 

 

91% des Français sont d'accord avec l'affirmation: « Les délocalisations aggravent le chômage en France »

Pourtant, c'est faux.

          Le nombre d'emplois délocalisés représente environ 13 000 par an, soit 0,35% de l'emploi industriel. Dans le même temps, 40 000 emplois ont, en 2006, été créés ou maintenus grâce à l'argent investi sur notre territoire par des entreprises étrangères!

          De la même manière, les plans sociaux dont on parle parfois à la télévision ne représentent que 0,5% des emplois perdus…

          Les délocalisations sont en réalités très visibles et très médiatisées. Elles frappent l'imaginaire collectif et éveillent des sentiments passionnels sur lesquels surfent les politiques. Pourtant, l'ouverture de la France au monde lui est favorable (notre pays est au troisième rang mondial des investissements directs étrangers avec 58,4 milliards d'euros investis en 2006).

          Malheureusement, les politiques entretiennent la confusion et dénoncent les délocalisations, au point même de vouloir les sanctionner. Mais cela pénaliserait les entreprises qui doivent se redéployer et profiter des opportunités du marché mondial pour survivre! Surtout, en créant toujours plus de lois et en n'identifiant pas ce qui cause, réellement, un excès de chômage en France, on crée une véritable incitation à délocaliser vers des cieux plus cléments. Il ne faut donc pas condamner les délocalisations mais prendre conscience des blocages français et proposer des solutions pour inciter les entreprises à maintenir et créer des emplois en France.

          Les blocages, comme les solutions, sont simples à identifier – il n'y a qu'à regarder ce qui marche à l'étranger:
 

1) un droit du travail beaucoup trop rigide (embaucher est devenu un risque pour l'employeur);
2) une pression fiscale trop forte et totalement désincitatrice à l'effort, à l'innovation et à la création d'emplois;
3) une trop faible mise en concurrence de certains secteurs dits « protégés », alors que l'ouverture à la concurrence permettrait à des sociétés privées de créer des emplois productifs et donnerait aux consommateurs des satisfactions plus importantes en terme de qualité de service et de prix;
4) une trop grande réticence à l'égard du libre échange des biens, des services et des personnes, entretenant une sorte de « racisme des affaires » quand d'autres pays ont compris les intérêts considérables d'une ouverture au monde associées à des conditions réglementaires et fiscales attrayantes pour faire venir à soi les talents du Monde.

Pour en savoir plus et découvrir la réponse à d'autres idées reçues, lire « La France est foutue », collection « Idées fausses/Vraies réponses », de Mathieu Laine (JC Lattès).
 

90% des Français sont d'accord avec l'affirmation: « Il faut augmenter le SMIC »

C'est une énorme erreur.

          Ces cinq dernières années, le SMIC a augmenté de 24% et la situation de la France ne s'est pas améliorée.

          Avec le SMIC, ce qu'on voit, c'est une supposée augmentation du pouvoir d'achat, mais ce qu'on ne voit pas, c'est qu'à chaque augmentation d'un point du SMIC, ce sont 30 000 à 40 000 emplois qui sont supprimés, sans compter tous ceux que l'on ne peut créer.

          En effet, si un salarié potentiel coûte plus cher qu'il ne rapporte à un employeur potentiel, au regard non seulement de son salaire mais également de l'ensemble des charges obligatoires, il ne sera pas embauché. Or aujourd'hui, un salarié travaillant 35 heures et payé au SMIC coûte environ 1700 euros pour l'entreprise, dont 300 euros de charges salariales payées par elle et 200 euros de charges patronales. Une personne ne sera donc embauchée à ce prix que si elle permet à son employeur de gagner plus de 1700 euros, ce qui est quasiment impossible pour des jeunes ou des débutants sans formation. Le SMIC est donc un facteur d'exclusion considérable du marché du travail pour les débutants et les non qualifiés.

          Il vaut mieux que le salarié potentiel ait la possibilité d'entrer sur le marché du travail à un salaire plus faible. En effet, et c'est ce qui se passe dans l'immense majorité des pays autour de nous (où soit le salaire minimum est bien plus bas, soit il n'existe tout simplement pas!), celui-ci peut, en commençant à travailler, saisir la chance de se former, de maîtriser une technique, d'augmenter sa productivité, de s'inscrire dans le projet de l'entreprise. Au bout d'un certain temps, l'intérêt de l'entreprise comme du salarié sera d'augmenter le salaire de cette personne à un niveau bien supérieur au fameux SMIC.

          En France, c'est tout le contraire: le salaire minimum est certes élevé, mais trop de personnes ne dépassent pas ce niveau de revenus! On assiste à une véritable smicardisation de la France: 16% de la population active touche le SMIC et le salaire moyen n'atteint que 1 483 euros, ce qui est bien inférieur à l'ensemble des salaires moyens des pays développés. En Espagne, ils ne sont que 0,8% à ne percevoir que le salaire minimum, 1,4% au Royaume-Uni, 2,1% aux Pays-Bas, 3,1% en Irlande, 5,5% au Portugal, etc. Et le taux de chômage des jeunes et des non qualifiés est considérablement plus bas que le nôtre…

          Les politiques doivent avoir le courage de dire aux Français que l'augmentation du SMIC est une erreur économique majeure qui cause plus de victimes qu'elle n'apporte d'effets bénéfiques à notre économie.

Pour en savoir plus et découvrir la réponse à d'autres idées reçues, lire « La France est foutue », collection « Idées fausses/Vraies réponses », de Mathieu Laine (JC Lattès).
 

78% des Français sont d'accord avec l'expression: « si on laisse libre court à l'économie de marché, la situation de l'environnement s'aggravera »

C'est pourtant faux.

          Le marché amplifie la réutilisation des résidus et déchets issus de l'activité économique.

          Pour les entrepreneurs, comme Marx et Engels le soulignaient déjà, ce sont des gaspillages qu'ils essaient par tous moyens de minimiser dans leur recherche de profit. Les accusations de destructions de l'environnement qu'on adresse habituellement au marché, reflètent paradoxalement une absence de droits de propriété sur certaines ressources (forêts, terre, lacs, etc.) et une absence donc de marché.

          Ce sont ces droits de propriété sur les ressources environnementales qui poussent les propriétaires à les préserver et qui sont un réel garde-fou contre une pollution débridée (exemples concrets dans le livre de Cécile Philippe).

Pour en savoir plus et découvrir la réponse à d'autres idées reçues, lire « C'est trop tard pour la terre », collection « Idées fausses/Vraies réponses », de Cécile Philippe (JC Lattès).
 

66% des Français sont d'accord avec l'expression: « il faut interdire la culture des OGM en plein champ »

C'est une erreur majeure.

          Tout d'abord, force est de constater qu'aucun effet indésirable ou crise alimentaire ne se sont produits du fait de leur utilisation.

          Surtout, en posant des obstacles à l'expérimentation et à la commercialisation de ces organismes, la politique d'interdiction nous prive de leurs nombreux bénéfices. Les OGM permettent, par exemple, d'augmenter la productivité des superficies cultivées ou d'améliorer la qualité nutritive des aliments, à l'image du riz doré modifié contenant de la béta-carotène, précurseur de la vitamine A. Les OGM sont enfin une chance pour les pays développés comme pour les pays en voie de développement (exemples concrets dans le livre de Cécile Philippe).

Pour en savoir plus et découvrir la réponse à d'autres idées reçues, lire « C'est trop tard pour la terre », collection « Idées fausses/Vraies réponses », de Cécile Philippe (JC Lattès).
 

 

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