Les comptes rendus médiatiques du récent rapport du Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
rapportant que la hausse mesurée/calculée de la température du
globe était de 0,74°C, m’ont fait sursauter. Lors de mon premier
cours de physique, la première chose que j’ai apprise était liée
à la précision des mesures. À savoir: les résultats ne peuvent
pas être plus précis que les mesures. En consultant une
traduction du
Résumé à l’intention des décideurs – qui a été écrit
par des fonctionnaires –, on peut y lire
que la nouvelle valeur de la vitesse moyenne du réchauffement
au cours des cent dernières années
(1906-2005) est de 0,74 (0,56 à 0,92) °C, soit une précision de
±0,18°C.
Cela peut sembler assez précis, de pouvoir donner le réchauffement
à 18 centièmes de degré près, mais c’est faux. Les sondes
généralement employées actuellement en météorologie n’ont qu’une
précision au dixième de degré Celsius, en excluant un possible
dérèglement, et les stations automatiques, qui sont de plus en
plus utilisées dans les régions désertiques, n’ont guère qu’une
précision de 0,5°C. De plus, les données plus anciennes, prises
à l’aide de thermomètres, n’étaient prises et enregistrées qu’au
degré près, ce qui veut dire une erreur sur ces données de
±0,5°C.
Ce qu’il aurait fallu dire, c’est que la moyenne calculée sur
les données recueillies est peut-être de 0,7°C, mais que cela ne
veut strictement rien dire compte tenu d’une marge d’erreur de
l’ordre de 0,5°C à la fois sur les données de références
(anciennes) et sur les données actuelles. Donc, en partant, les
scientifiques du GIEC ont commis une faute capitale en laissant
passer un résumé qui semble vouloir
donner à leurs résultats une précision et une signification
qu’ils n’ont pas. Ou ce sont de piètres scientifiques qui ont
rendu public un résumé en ne prenant pas soin de le relire, ou c’est
fait de manière délibérée pour influencer la population et les
gouvernements dans un sens bien précis et cela n’est déjà plus
un rapport scientifique, mais une fumisterie. (Et ils n'ont pas
même pas l'excuse de pouvoir dire que le résumé a été modifié
après qu'ils l'aient lu, puisqu'aucun d'entre eux n'est venu par
la suite sur la place publique pour dénoncer ce problème majeur
qui torpille à lui seul le résumé.)
Nous pouvons ajouter à
tout cela qu'une température moyenne globale de la planète ne
veut pas dire grand-chose. En effet, comment peut-on comparer le
climat de Reyjavik avec celui de Rio de Janeiro ou celui de
Montréal? Il est toujours possible de faire des moyennes sur des
nombres comme des températures, mais hors d'un contexte local,
elles n'ont pas vraiment de signification. Par exemple, si une
ville située sur un point quelconque du globe a une température
moyenne de de 6°C et une autre ailleurs a une température
moyenne de 18°C, dire que la moyenne de ces deux villes est de
12°C ne nous apprend rien.
Lorsqu’on veut mesurer une série de données réparties dans le
temps et dans l’espace comme celles qui caractérisent le climat
global de la Terre, nous devons prélever les données de manière
uniforme, autant dans l’espace que dans le temps. Pour ce qui
est de l’espace, nous devrions diviser la surface de la planète
(incluant les surfaces d’eau) en superficies égales, et prélever
des données dans chacune d’elles. Or, ce n’est pas ce qui se
produit actuellement: sur la terre ferme, les stations se
retrouvent généralement près des lieux habités, qui sont loin
d’être très bien dispersées sur la surface (voir par exemple
la
carte des sites des stations météorologiques d’Environnement
Canada au Québec). En plus, il n’y a presque pas de stations en
mer, qui représentent pourtant 71% de la superficie du globe.
Enfin, cela a aussi une grande importance lorsqu'on examine le phénomène
d’îlot de chaleur urbain, dont il sera question plus loin.
Un autre aspect du problème est de donner un poids
disproportionné à certaines régions au détriment d’autres dans
la moyenne calculée. Ainsi, la France, avec sa centaine de
stations et ses 550000 km², pèse 9 fois plus que le Canada avec
ses 200 stations et 9,98 millions de km², à superficie égale. À
la limite, on pourrait donner un poids différent à chaque
station en fonction de la superficie qu’elle couvre, mais cela
pose quand même le problème de déterminer cette
superficie/poids...
La prise de mesures uniformes dans le temps est aussi
importante. Ainsi, les stations opérées par l’homme sont sensées
prélever des données à heure pile, 24 heures par jour et 365
jours par an, ce qui est généralement fait. Là où il y a un
problème, c’est au niveau des stations automatiques, parce
qu’elles n’enregistrent que le minimum et le maximum de chaque
journée. Cela ajoute une imprécision supplémentaire sur les
données de température parce que la moyenne sur les données de
température maximale et minimale de la journée n’est pas
nécessairement égale à la moyenne des données horaires.
Par exemple, j’ai arbitrairement choisi les données horaires du
mois de janvier 2006 pour les villes de Québec et Toronto. Pour
chacun des 31 jours, j’ai calculé la moyenne horaire et la
moyenne basée sur le minimum et le maximum de la journée pour
chaque ville séparément. La
plus grande différence entre ces deux moyennes journalières
(i.e. min/max vs 24 données) atteignait tout
de même 0,7°C, qui viennent s’ajouter à l’imprécision
intrinsèque des mesures.
Enfin, mentionnons que les chercheurs eux-mêmes ne s’entendent
pas toujours sur le traitement des données (certaines doivent
être corrigées, entre autres choses), de même que sur leur
signification réelle. Et ça, c’est quand elles racontent la même
histoire peu importe le type de mesure,
ce qui est loin d’être
le cas.
Le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) consiste essentiellement
au fait que l’on peut
mesurer expérimentalement une différence de température assez
considérable entre la ville et sa campagne environnante.
Plusieurs facteurs sont à l’oeuvre ici, dont les activités
humaines, mais aussi les échanges radiatifs entre le sol et
l’atmosphère.
Afin de comprendre correctement ce phénomène, je me dois
d’introduire ici quelques notions de transfert thermique,
c’est-à-dire la science de l’échange de chaleur entre les corps
– que ceux-ci soient gazeux, liquides ou solides. Il faut
premièrement se rappeler qu’il ne peut y avoir de transfert que
si le ou les corps présentent une différence de température.
Le premier mode de transfert est la conduction, qui se fait à
l’intérieur des solides. Il survient par exemple à travers les
murs lorsqu’il existe une différence de température entre
l’intérieur et l’extérieur, ou à travers une cuillère plongée
dans une soupe chaude.
Le second mode de transfert est la convection, qui se fait dans
les liquides et les gaz qui se déplacent et se mélangent
continuellement. C’est ainsi qu’une pièce chauffée par un
calorifère finit par être uniformément chaude.
Le troisième mode est la radiation. Tous les corps (gaz,
liquides et solides) émettent des radiations selon leur niveau
de température. Contrairement aux deux autres modes, celui-là
fonctionne dans le vide de l’espace. Le cas le plus simple est
celui du Soleil qui émet vers nous l’essentiel de l’énergie que
nous recevons de l’espace. Mais il ne faut pas oublier que nous
émettons aussi une petite quantité de radiation vers le Soleil –
bien que le bilan soit largement en notre faveur. Il est
important de noter que ces échanges doivent être directs. Ainsi,
si vous avez un écran entre deux sources de radiations, vous ne
pourrez avoir d’échange radiatif direct entre ces deux sources.
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