On voit très bien poindre ici la préoccupation tout
à fait urbaine de M. Charest versus la réalité en
régions. On veut ici sacrifier les régions pour
encore plaire à la métropole.
Il faudra d'abord
construire les infrastructures, les munir de
systèmes électroniques de sécurité, de surveillance,
de prévention des incendies, de ventilation et de
gestion d'accès. Il faudrait ensuite gérer les armes
elles-mêmes, une tâche herculéenne. On ne peut
entreposer des armes dans n'importe quelles
conditions, il faut contrôler la température et
déshumidifier l'air. Finalement, il ne faut pas
oublier les coûts en personnel : salaires, avantages
sociaux, syndicats, etc. En bout de ligne cette
mesure coûterait une fortune. N'oublions pas qu'il
faudra assurer le tout contre le feu, vol,
vandalisme, dégâts d'eau, inondations, etc. Il va
sans dire qu’aucune compagnie d’assurance
n’acceptera de couvrir ces genres d’endroits, et
avec raison. Par ailleurs, ceci hausserait le coût
des cartes de membres des clubs de tir d'une façon
astronomique. Ce ne sont que quelques problèmes
évidents, la liste réelle serait interminable.
Et si moi j'aime avoir
mes armes à la maison pour les nettoyer ou les
bichonner, est-ce que ça vous regarde? Est-ce que je
critique vos loisirs? C'est fatigant d'avoir
toujours quelqu'un de votre genre qui souhaite
regarder dans mon assiette!
Le registre fédéral des
armes à feu nous a coûté deux milliards de dollars
et le Centre canadien n'a que des numéros de série à
gérer! Comme toutes les solutions « politiquement
correctes », cette idée ne règlerait en rien la
situation et créerait en plus un nouveau problème,
encore plus énorme. En regroupant toutes ces armes
au même endroit, on ne fera que créer des «
supermarchés d'armes », de véritables cavernes
d’Ali Baba pour les criminels. Présentement, les
armes sont entreposées chez le propriétaire et les
criminels n'ont aucune idée qui les possèdent. La
majorité des Québécois en ont plus qu'assez des
mesures de resserrement inutiles face au contrôle
des armes à feu, des mesures qui briment les
honnêtes gens, sans jamais atteindre les vrais
criminels. Il est temps de cesser de faire des lois
en croyant que les criminels s'y conformeront. Que
ce soit pour la chasse, la pratique du tir à la
cible ou la collection, la possession d'armes à feu
à la maison est chose des plus communes. Pour tous
les propriétaires d'armes à feu au Québec, tous des
électeurs potentiels, cette chasse aux sorcières a
assez duré.
Si le gouvernement
Charest désire vraiment « faire un pas
supplémentaire » dans la sécurité, il pourrait
toujours demander aux possesseurs d’armes à
autorisation restreinte de se soumettre à des
visites périodiques, non annoncées et même
relativement fréquentes à domicile de la part du
Contrôleur des armes à feu (peut-être pas M. Massé
lui-même, mais des gens qu’il déléguerait à cet
effet). Il s’agit là d’un pouvoir qui est dévolu au
Contrôleur des armes à feu. Une telle mesure, très
économique (bien que je la juge intrusive, mais on
est au Québec!) serait beaucoup plus efficace pour
prévenir le crime et s’avèrerait utile notamment
pour vérifier si l’entreposage des armes à feu est
fait de façon conforme aux normes établies par la
loi.
Stockwell Day, le
ministre fédéral de la Sécurité publique, exige
maintenant des nouveaux requérants pour des armes à
feu qu’ils se soumettent à des interrogatoires
serrés de la part des agents du Centre canadien des
armes à feu. Les contrôles sont ici plus
qu’exigeants. Que demander de plus?
La sécurité totale, M.
Boisvert, ça n'existe pas sauf en régime
totalitaire, et encore. Vous voulez copier ce qui
s'est fait en Angleterre en matière de contrôle des
armes à feu: depuis qu'ils ont resserré leur
contrôle, la criminalité dans ce pays n'a fait
qu'augmenter. Je vis à quelques kilomètres de la
frontière du Vermont. Dans cet État, il est même
permis de porter sur soi des armes à autorisation
restreinte, et devinez quoi M. Boisvert: la
criminalité y est presqu'inexistante.
Je sais que vous ne
changerez pas de position sur ce sujet. Votre idée
est faite. Vous croyez au pouvoir tout puissant de
la règlementation et de la coercition (comme vous le
démontrez clairement dans une récente chronique
sur les accidents d'autos). Vous croyez en une
spécificité québécoise qui commanderait
mystérieusement une avalanche de règlementations
pour satisfaire un pseudo-besoin atavique de
sécurité... un besoin que vous créez selon moi de
toutes pièces. C'est facile, c'est démagogique et ça
fonctionne admirablement bien.
Bien que je doute que
vous répliquiez à la présente, je vous prie
d'agréer, M. Boisvert, l'expression de mes
sentiments distingués.
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