La
liberté n’est pas gratuite. Elle exige un effort continu.
L’individu libre prend continuellement des risques et il en
assume les conséquences. Ce n’est pas de tout repos, mais
c’est le prix à payer pour se réaliser et éviter
l’insignifiance quand ce n’est pas la dépression chronique.
La principale embûche à la
liberté durable |
Une des grandes forces de l’espèce humaine réside dans sa
propension à minimiser les risques. Il espère ainsi éviter
les conséquences désagréables découlant d’un échec. Cette
caractéristique inhérente à l’être humain explique en grande
partie l’immense succès de notre espèce par rapport à
d’autres espèces souvent plus robustes. Toutefois, cette
qualité essentielle à notre survie et à notre développement peut
devenir un handicap.
La prospérité des
sociétés modernes donne à l’être humain la possibilité de se
prémunir contre toutes les formes de risques possibles. Les
interventionnistes de tout acabit capitalisent sur
l’aversion naturelle envers le risque chez l’individu. Ils lui
proposent d’éliminer les risques auxquels il est normalement
confronté. Ce processus graduel est insidieux car les
bénéfices sont visibles et immédiats alors que les
conséquences, qui entraînent une perte de liberté, sont diffuses et lointaines.
L’être humain se
développe en cherchant et en surmontant les défis. Ceux-ci
sont nécessaires pour développer sa persévérance et son sens
critique. L’État interventionniste, en éliminant ou en
minimisant les risques, encourage l’apathie et la paresse
intellectuelle.
Les conditions primitives dans lesquelles ont évolué les
êtres humains au cours des millénaires étaient très
semblables à celles des autres espèces animales. Seuls les
plus habiles et les plus forts, les types alpha,
survivaient. Les plus faibles se soumettaient aux règles
imposées par le membre dominant du clan. Toutefois, au
moindre signe de faiblesse, celui-ci était défié et remplacé
par quelqu’un de plus fort et de plus rusé. Le règne du «
dominant » était intimement lié à sa capacité à protéger et
servir la communauté.
Le monde moderne a
institutionnalisé le type alpha. Il n’est pas seulement
président, roi ou dictateur. L’État s’est substitué au type
alpha. Quoi qu’il arrive, l’État est toujours là et son
pouvoir absolu n’est jamais menacé. L’État dicte les règles
devant régir la société, les interprète à sa guise et les
impose par la force. Ainsi, le moindre représentant de
l’État, même le plus incompétent, devient un être dominant.
Dans nos sociétés, il y a
des milliers de type alpha, depuis le policier soumis à un
régime de quota jusqu’au fonctionnaire du ministère du
Revenu qui se croit investi d’une mission noble. Malgré les
codes de déontologie, les recours et les ombudsmans, vous les
confrontez à vos risques et périls.
Bien sûr, dans nos
démocraties nous pouvons remplacer les représentants de
l’État. Toutefois, l’État alpha demeure bien en selle. Seul
les politiciens exceptionnels, si les circonstances leurs
sont favorables, réussissent à faire reculer la bureaucratie
au profit des libertés individuelles. Leurs succès sont
souvent mitigés et toujours temporaires. Les politiciens
passent, mais la bureaucratie demeure.
Le corollaire du phénomène
alpha |
Pour la plupart, l’État alpha est le symbole de l’altruisme
et de la générosité. Pourtant aucun État n’a jamais démontré
qu’il possédait de telles qualités. Au contraire, tous les
massacres d’êtres humains d’hier à aujourd’hui ont été
perpétrés par des gouvernements. L’histoire démontre que les
États sont des prédateurs à l’affût de la première
opportunité. Les représentants de l’État, les politiciens,
n’hésitent pas à mentir pour justifier leurs actions
destructrices. Ne dit-on pas que l’art de la politique,
c’est l’art de dire le contraire de ce que l’on pense?
L’illusion de la gratuité
est savamment entretenue par les systèmes politiques pour se
maintenir au pouvoir. Ce concept, inventé par les
interventionnistes et justifié par le principe de la « bonne
morale », garantit la pérennité de l’État alpha.
Nous savons tous que la
gratuité n’existe pas. On espère seulement que la facture
sera payée par le voisin. C’est dans la nature de l’être
humain de chercher à obtenir plus qu’il ne donne.
Seul un gouvernement peut
légalement voler les uns pour acheter les votes des autres.
L’État, en prenant de force le bien des uns pour le
redistribuer aux autres, érige en vertu la forme
la plus nocive d’abus: le vol.
Malheureusement,
l’apathie et la naïveté populaire, conséquences de
l’étatisme, favorisent l’élection de politiciens peu
scrupuleux et parfois corrompus.
Les hommes libres bâtissent des sociétés prospères. Les
États alphas profitent de cette prospérité pour soumettre
les populations en leur promettant de satisfaire leurs
moindres besoins. L’étatisme engendre des générations qui se
laissent berner par la facilité et l’irresponsabilité au
détriment de leur liberté. Les populations infantilisées
demandent toujours plus d’intervention de la part des
gouvernements. Éventuellement, l’État s’effondre sous le
poids et l’immobilisme de la bureaucratie.
Ce cycle a duré 850 ans
dans le cas de l’Empire romain et seulement 70 ans dans le
cas de l’Union soviétique.
Jusqu’à présent, aucune
société n’a pu prévenir son effondrement sous le poids
toujours croissant de la taille de l’État. Faut-il conclure
qu’il est impossible de briser le cercle vicieux «
prospérité – croissance de l’État – perte de liberté –
effondrement de la société »?
La mondialisation nous
offre peut-être une planche de salut. La Russie, la Chine,
la France sont des exemples récents qui démontrent que la
mondialisation force les États interventionnistes à reculer.
Toutefois, ce phénomène est relativement récent et nul ne
peut prédire ses effets à long terme.
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