Montréal, 30 septembre 2007 • No 235 |
OPINION |
|
|
La création
du Privacy and Civil Liberties Oversight Board, une proposition
bipartisane qui devait passer en revue les articles de la loi, ne
fut rien d’autre qu’une véritable farce. Les gens appelés à siéger
sur le comité furent tous nommés par le président Bush et les
audiences eurent lieu à la Maison-Blanche, le siège de l’exécutif(2).
Il se trouve que c’est justement cette branche qui est pointée du
doigt pour avoir abusé de ses pouvoirs et qui se retrouve à enquêter
sur elle-même. Ce qui va à l’encontre du principe de l’équilibre des
forces (check and balance) que l’on retrouve dans la
Constitution. Le Patriot Act comporte de nombreuses zones
grises, qui font en sorte qu’il devient difficile de tracer la
frontière entre le simple citoyen et le terroriste.
Préserver sa
vie privée des regards indiscrets, s’exprimer librement et jouir des
bienfaits de sa propriété sans craindre de la voir violer, sont des
valeurs auxquelles sont profondément attachés les Américains. |
« Depuis quand le lecteur d’un roman policier est-il vu comme un criminel en devenir? En quoi un citoyen qui emprunte quelques ouvrages sur Al-Qaeda, pour sa culture personnelle, est-il un membre potentiel de ce réseau terroriste? » |
Après le scandale du Watergate, le Congrès adopte, en
1978, le Foreign Intelligence Surveillance Act,
qui encadre les programmes de surveillance électronique
à l’étranger.
Cette loi stipule que toute demande pour placer des
individus sous écoute doit faire l’objet d’une
déposition devant jury. Même pour une procédure
d’exception, le ministre de la Justice doit jurer sous
serment que les communications à surveiller auront lieu
entre des puissances ou des organisations étrangères et
qu’elle ne touche pas le citoyen américain.
Le président Bush a dit un jour: « Nous ne permettrons
pas à notre ennemi de gagner la guerre en changeant
notre mode de vie ou en limitant nos libertés ». C’était
une phrase noble, mais qui malheureusement n’a guère été
respectée. Alors que l’épineux débat sur la recherche
d’un équilibre entre liberté et sécurité préoccupe les
Américains, des représentants du gouvernement essayent
de noyer le poisson en disant que celui qui n’a rien à
cacher n’a rien à craindre. Tout ceci est de la
foutaise! |
1. Un nombre toujours grandissant
de législatures d’État, de villes et de districts
adoptent des résolutions contre le Patriot Act.
Voir la liste du Bill of Rights Defense Committee. 2. Voir l’article « Why I Resigned From the President’s Privacy and Civil Liberties Oversight Board – and Where We Go From Here » de Lanny Davis publié dans The Huffington Post, 18 mai 2007. 3. Voir l’étude « Public Libraries and civil liberties: A Profession Divided », de la Graduate School of Library and Information Science. 4. Voir l’article « Spies in the Stacks: Is Uncle Sam Watching What you Read? We’re not Allowed to Tell » by Dan Malone dans le Forth Worth Weekly, 17 avril 2003. 5. « §1802. Electronic surveillance authorization without court order; certification by Attorney General; reports to Congressional committees; transmittal under seal; duties and compensation of communication common carrier; applications; jurisdiction of court. » 6. Certains répondent à ceci que la Constitution ne représente pas un pacte de suicide. Auraient-ils déjà oublié que ce texte est voué a protéger la population contre les dérives et les politiques liberticides de l’État? Lui tourner le dos marquera le commencement de la fin. Suggestions de lectures et de vidéos Herbert N. Foerstel, Surveillance in the Stacks: The FBI's Library Awareness Program, Greenwood Press, 1991. Glenn Greenwald, How Would A Patriot Act? - Defending American Values from a President Run Amok, Working Assets Publishing, 2006. Patriot Act - The War on Civil Liberties (Part 1). Patriot Act - Ethnic Cleansing Begins (Part 2). Patriot Act - US Citizen Jailed Without Evidence (Part 3). |