Montréal, 28 octobre 2007 • No 239

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

COMMISSION ATTALI: LE GRAND ÉCART

 

par Michel de Poncins

 

          Parmi les innombrables parlottes organisées par le pouvoir quasi socialiste en France, avec les fêtes traditionnelles attenantes, se trouve la commission Attali, dénommée « Commission pour la libération de la croissance française ».

 

          M. Jacques Attali, socialiste pur et dur, en travaillant avec Mitterrand, a largement freiné la croissance et contribué à la paupérisation de la France – sans oublier de mettre en péril une banque publique internationale en se livrant à des dépenses extravagantes. Ces hauts faits justifient probablement son choix par le pouvoir aujourd’hui en place.

          S’est-il reconverti à la liberté économique? Certaines des premières conclusions remises dans un rapport d'étape au président de la république pourraient le faire croire, ce qui serait finalement une nouvelle étonnante. Le rapport, en effet, préconise la suppression du principe de précaution inscrit d'une façon dangereuse dans la Constitution.

          L'article cinq de la Charte de l'environnement, elle-même nommément citée dans le préambule de la Constitution, stipule que:
 

          lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attribution, à la mise en oeuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation des dommages.

          Il n'est pas nécessaire d'être juriste pour constater qu'un tel charabia est de nature à empêcher toute innovation technique quelle qu'elle soit, ne serait-ce que par l'imprécision des termes. Pouvant tuer toute innovation technique, le charabia fait de toutes façons planer l'incertitude sur toutes les actions humaines, car dès lors que l'homme agit, il modifie l'environnement quelque part.

          Chacun sait que les écolos, champions et défenseurs de ce faux principe de précaution, sont, en fait, les ennemis de l'homme qui, pour certains d’entre eux, est de trop dans la nature.

          Les hommes peu après leur création ont découvert le feu. Le principe de précaution aurait pu les conduire à le mettre hors la loi au lieu de le gérer comme ils sont parvenus à le faire. Au surplus, générant la pauvreté, le fallacieux principe réduit les efforts de tous pour prendre les mesures permettant précisément de gérer les divers dangers éventuels.
 

« Les hommes peu après leur création ont découvert le feu. Le principe de précaution aurait pu les conduire à le mettre hors la loi au lieu de le gérer comme ils sont parvenus à le faire. »


          Il existerait un autre signe d'une reconversion éventuelle de Jacques Attali, à savoir la proposition de supprimer complètement certaines lois.

          Pour faciliter la concurrence dans la grande distribution, la commission préconise de supprimer la Loi Galland sur les relations industrie-commerce ainsi que les lois Royer et Raffarin sur l'urbanisme commercial. Ce pourrait être un signe de conversion à la liberté économique, laquelle implique justement la suppression d’un grand nombre de lois et non pas leur aménagement: la paupérisation croissante et visible de la France repose très largement sur la prolifération des lois.

          Malheureusement d'autres passages du rapport montrent que le même Jacques Attali n'est pas du tout sur le chemin de Damas et n’a rien perdu de ces convictions d’origine.

          Il propose en effet la création de dix villes appelées « ecopolis ». Ce serait des villes nouvelles qualifiées de « propres ». Cette proposition est extrêmement dangereuse et ne pourrait que nuire à l'économie par les formidables dépenses publiques nécessaires, les expropriations et le déferlement du totalitarisme par l’invention de normes nouvelles. À elle seule, c’est une véritable bombe à fragmentation dont les effets dévastateurs se feraient sentir pendant des générations et annuleraient les mesures libératrices évoquées plus haut.

          Il faut répéter, sans se lasser, que la seule vraie façon de supprimer les freins à la croissance serait de libérer l'économie dans tous les domaines par la suppression non seulement d’un grand paquet de lois, mais, en outre, d'un grand nombre de tâches étatiques et des impôts correspondants.

          En définitive, nous ne saurons jamais si ces idées contradictoires sont celles de Jacques Attali lui-même ou simplement celles d'un magma résultant de la parlotte elle-même, car celle-ci ne peut aboutir qu’à des moyennes de moyennes...

          Et puis, ce n’est qu’un rapport d’étape. D’autres étapes gourmandes sont prévues, sans que les « zenbas », ceux qui font tourner la machine tels des soutiers, soient conviés à fréquenter les buffets bien garnis!
 

 

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