La Fed a injecté des milliards de dollars dans l’économie à l’approche de l’an 2000 pour parer aux soubresauts potentiels provoqués par le bogue de l’an 2000. En 2001, l’effondrement de la bulle technologique et les attentats du 11 septembre ont décuplé l’interventionnisme de la Fed, qui a réduit les taux d’intérêt à un plancher historique de 1% de juin 2003 à juin 2004. D’autres bulles sont apparues, dans l’immobilier et le secteur financier. Sans compter les coûts astronomiques des guerres de l’empire américain à l’étranger, qui sont payés par de l’argent emprunté des Chinois et d’autres étrangers. Et le fait que W. est le président le plus dépensier depuis Johnson (même en excluant les dépenses militaires).
Tout comme en 1971, cette situation ne pouvait perdurer éternellement. Depuis des années, on se demande qui, parmi les grands détenteurs étrangers de réserves en dollars (Chine, Japon, autres banques asiatiques, pétro-monarchies), va être le premier à perdre son sang-froid. Tous ont en effet intérêt à ce que le dollar maintienne sa valeur, puisque leurs avoirs vont être dévalués en parallèle avec le cours de la monnaie américaine. Mais tous se rendent compte aussi qu’ils prennent un risque immense à garder ces réserves. Et si ceux qui vont s’en départir les premiers vont réussir à limiter les dégâts, ils risquent d’enclencher le mouvement qui fera s’effondrer le château de cartes.
C’est pour toutes ces raisons qu’on assiste depuis des mois à une dévaluation graduelle du dollar américain, pas seulement par rapport au dollar canadien (qui atteignait un sommet de 1.10$US
le 7 novembre dernier), mais à toutes les monnaies du monde. Et c’est dans ce contexte que survient la déclaration d’un haut dirigeant chinois, Cheng Siwei, qui disait hier que « In terms of the structure of our foreign exchange reserves, we should take advantage of the appreciation of strong currencies to offset the depreciation of weak currencies ». En d’autres termes, on fait de moins en moins confiance aux autorités américaines pour régler le problème, et on regarde vers l’euro et d’autres monnaies pour éviter de perdre notre chemise avec les titres en dollars. Une déclaration qui vient de faire chuter le dollar à des niveaux historiques.
Jusqu’où cela ira-t-il? Difficile de le dire. L’approche autrichienne permet simplement d’identifier des phénomènes et des tendances, et d’expliquer pourquoi ils se produisent et à quoi on peut logiquement s’attendre. Les mathématiques ne sont d’aucun recours pour prédire des phénomènes économiques aussi complexes. Les économétriciens qui manipulent des modèles dans une optique néo-classique ne comprennent de toute façon rien à ce qui se passe, les fondements théoriques de leur approche étant totalement déficients sur ce plan.
Ce qu’on peut dire, c’est que l’effondrement du dollar américain (mais aussi du système monétaire mondial étatisé et basé sur le papier monnaie), qui se poursuit par soubresauts depuis des décennies, entre aujourd’hui dans une autre phase critique. Seul un retour à l’étalon or permettra de retrouver la stabilité.
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