Au nom du droit de grève
(complètement usurpé par des étudiants qui n'ont en aucun cas le
droit de grève mais bien plutôt le devoir d'étudier, ne serait-ce
que par respect envers la collectivité qui finance la
quasi-intégralité du coût de leurs études), la démocratie a été
constamment brandie par les grévistes-bloqueurs. Pourtant, ils n'ont
de cesse d'utiliser le droit de grève pour précisément remettre en
cause le verdict des urnes démocratiques, ce qui n'est nullement la
finalité du droit de grève.
Il paraît tout de même effarant de voir comment,
au pays des droits de l'homme, on se complait à mettre la démocratie
à toutes les sauces, oubliant le sens exact et somme toute limité –
comme tout ce qui a un sens exact – du terme.
Rappelons que la
démocratie est un mode de désignation des élites qui doivent nous
gouverner, non leur suppression. Par ailleurs, la vie démocratique
se doit d'être cantonnée à ce moment et à cet espace qui consiste à
désigner nos élus à intervalles de temps réguliers. Une fois élu, il
convient de les laisser travailler. Car la démocratie doit s'arrêter
là, et ce sont de telles règles fondamentales qu'il convient de
fixer dans le marbre d'une Constitution. Car la démocratie explose
toujours à la figure de ceux qui ne savent pas s'en servir.
Souvenons-nous que Hitler a accédé démocratiquement au pouvoir, ce
qui devrait nous alerter définitivement sur les dangers du « tout
démocratique ».
Aucun groupe humain ne peut fonctionner en dehors de cadres
structurés qui permettent aux organisations multiples de s'épanouir,
que ce soit des entreprises, des fondations, des familles ou des
collectivités territoriales. Les théoriciens des organisations comme
Herbert Alexander Simon ou
Henry Mintzberg, dans la foulée des travaux fondateurs de
Frederick Winslow Taylor,
ont bien montré que la hiérarchie permet de définir précisément les
responsabilités sans lesquelles aucune prise de décision ne pourrait
avoir lieu. Dans toute organisation, ce n'est pas la base qui
commande à la tête, sinon c'est la ruine de l'organisation.
De plus, les lois de l'économie n'ont rien à voir avec les lois de
la démocratie. Le développement économique suppose le respect des
droits individuels, ce qui est une toute autre affaire. Car dans
leur
quête démagogique pour recevoir de l'appui de toujours plus d'électeurs, les responsables
politiques se servent de l'État pour distribuer des ressources
financières à telle
catégorie de ménages, des avantages divers à telle catégorie de
producteurs, des subventions à telle association, détournant l'État
de son rôle premier. Si bien que la démocratie est porteuse d'une
dérive qui conduit à l'extension sans fin de l'État-providence,
laquelle se fait toujours au détriment de nos droits individuels et
de notre liberté.
Par ailleurs, personne n'aime et ne plébiscite les lois du marché:
ni les producteurs toujours prompts à s'abriter derrière des
barrières ou à conquérir une situation de monopole, ni les
consommateurs embarrassés par le problème du choix. Pourtant, le
marché existe. Personne ne veut payer des impôts, mais tout le monde
est pour la gratuité de services publics accessibles à tous au
niveau maximal de qualité possible. Tout le monde veut toujours plus de
pouvoir d'achat, mais qui est prêt à travailler toujours plus?
Aucune de ces questions ne trouvera une réponse opérationnelle dans
un vote. La réalité économique est une donnée qui s'impose à nous,
qu'on le veuille ou non.
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