Montréal, 9 décembre 2007 • No 245

 

CE QUE J'EN PENSE

 

Yvon Dionne est retraité depuis 1997. Économiste de formation (Université de Montréal), il a travaillé à la Banque du Canada (11 ans) puis pour « notre » État du Québec (20 ans). Il y a acquis le goût d'être libre.

 
 

LE COÛT DE NOTRE « CONSENSUS » ENVIRONNEMENTAL

 

par Yvon Dionne

 

          Dans un texte intitulé « Conférence de Bali - Le Québec va influencer, rayonner et renforcer ses alliances », publié le 4 décembre dernier dans Le Devoir, la ministre québécoise du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Mme Line Beauchamp, plaide en faveur de l'intervention étatique pour contrôler les changements climatiques. Il faut, écrit-elle, que nous donnions l'exemple aux autres pays, parce que nous sommes un pays riche... Même si tous ces efforts, en supposant qu'ils soient justifiés, peuvent être annulés par les émissions de CO2 de la Chine et de l'Inde, la ministre défend son credo avec une bonhomie empreinte de naïveté.

 

          À la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui se déroule à Bali jusqu'au 14 décembre, Mme Beauchamp représente le gouvernement du Québec, forte dit-elle du « consensus » obtenu auprès des groupes environnementaux et de tous les députés à l'Assemblée nationale. Elle est aussi soutenue par les groupes d'intérêt, dont plusieurs compagnies qui souhaitent bénéficier des échanges de crédits de carbone aux dépens des entreprises qui devront les acheter une fois que le gouvernement fédéral aura imposé des plafonds d'émissions de CO2. Il va de soi que l'Union européenne est citée en exemple.

          On ne peut réellement parler de consensus au Québec sur le contrôle climatique quand la population ne dispose pas de toute l'information à ce sujet. La gestion par le consensus est le plus souvent celle du plus commun dénominateur. Si tous les élus du Québec appuient la ministre, eh bien il serait temps que l'on fasse un grand ménage!

          Il n'y a même pas de consensus au sein des scientifiques en la matière, du moins quand on tient compte de ceux qui ont été éliminés par les apparatchiks gouvernementaux de l'ONU (voir à ce sujet, entre autres, un site francophone www.climat-sceptique.com et l'article « Climate change by Jupiter » de Lawrence Solomon dans le National Post du 10 novembre 2007). La science climatique n'en est qu'à ses débuts. On ne peut pas prédire le climat dans cent ans, pas plus que mes collègues économistes ne peuvent prédire le niveau des taux d'intérêt dans cinq ans. Il y a trop de paramètres que nous ne pouvons modeler à long terme.

          Examinons brièvement les paramètres de l'actuelle controverse:

1. Il est dit qu'il y a réchauffement du climat. Or, le climat actuel n'est pas plus chaud qu'il y a mille ans, lorsque les Vikings ont colonisé le Groenland. Et pourtant, le Groenland est demeuré couvert de glaciers. Nous avons aussi connu neuf périodes majeures de refroidissement depuis la fin de la dernière glaciation, dont la plus récente est communément appelée « le petit âge glaciaire ». Il y a cinquante ans, plusieurs scientifiques prédisaient une nouvelle glaciation, ce qui n'est pas impossible...
 

« Je demanderais, au nom du droit à l'information, que le gouvernement Charest nous dévoile le coût pour les contribuables des tentatives avortées de contrôle du climat. »


2. Ce réchauffement présumé serait dû en grande partie aux émissions de CO2. Or, outre le fait que le CO2 est nécessaire à la vie, il a été démontré que les hausses de CO2 succèdent, et non pas précèdent, au réchauffement climatique grâce à l'action des autres facteurs non-anthropiques. D'ailleurs, qualifier le gaz carbonique de polluant, lequel est un gaz que tous les êtres vivants expirent, est pour le moins discutable. N'oublions pas que tous les composés de carbone créés naturellement ont leur origine dans les composés organiques des périodes géologiques précédentes. Ils ne sont pas tombés du Ciel... Bien sûr, les effets peuvent être négatifs à court terme, comme l'ont été ceux (à effet climatique de refroidissement) du SO2 (anhydride sulfureux) rejetés dans l'atmosphère.

          Comme corolaire, ce réchauffement serait causé principalement par l'effet anthropique du développement industriel. Or, nul doute que le développement industriel a causé une hausse du CO2 dans l'atmosphère, comme l'accroissement de la population en produirait sans développement industriel, mais ce n'est pas comparable aux quantités de CO2 et de méthane contenues ailleurs, en particulier dans l'océan. Il y a des indicateurs qui démontrent que depuis 1998, il y a un changement dans l'évolution du climat. C'est tout simplement que d'autres facteurs existent! Dont le Soleil!

3. Malgré ce qui précède, peut-on réellement contrôler le climat? Belle illusion, puisque les politiciens n'ont même pas appris à contrôler les dépenses du gouvernement et se déclarent non responsables quand un viaduc s'effondre. Est-ce que les politiciens peuvent nous dire, en mettant leur tête sur le billot, combien va nous coûter leur aventure de contrôle du climat? Il faudrait mettre un frein à tout développement économique et à tout accroissement de la population pour réussir à renverser la vapeur en l'absence de tout autre changement causé par les principaux acteurs naturels des changements climatiques.

          Mme Beauchamp fait tout au plus partie du cirque des illusionnistes qui vont nous coûter cher. Je demanderais, au nom du droit à l'information, que le gouvernement Charest nous dévoile le coût pour les contribuables des tentatives avortées de contrôle du climat. Exemples:

a) Quel est l'impact des moulins à vent (les éoliennes) sur les coûts de l'électricité achetée par Hydro-Québec?
b) Le plan de cinq ans du prédécesseur de Mme Beauchamp (le ministre Claude Béchard) comprenait la production d'éthanol. Où en sommes-nous à ce sujet? Qui va payer?
c) Qui va payer pour la taxe verte de Claude Béchard?
d) Qui va payer pour les « initiatives » que Mme Beauchamp veut défendre à Bali – entre autres, des taxes sur le carbone et un marché réglementé par une armée de fonctionnaires pour surveiller les crédits d'émissions?

          Les mesures interventionnistes de l'État dépassent l'imagination.

          Mais que va faire le gouvernement avec toutes ces taxes et ces coûts? Du gaspillage. Des investissements de fonds provenant des contribuables, des consommateurs et des entreprises sans qu'il n'y ait aucun critère de rentabilité, parce que le gouvernement ne fonctionne pas comme une entreprise qui peut faire faillite si elle ne vend pas son produit.
 

 

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