Voici le sermon qu’on
adresse à l’homme moderne, sermon qui ressemble à s’y
méprendre à de vieilles histoires plusieurs fois
millénaires:
Homme, tu as voulu
t’élever au rang des dieux. Tu as commencé dès l’origine, en
faisant usage de cet objet abominable: ta raison. Ce fut ton
péché originel. Car tu le sais, depuis le début tout est
écrit (cycle oblige).
En faisant usage de ta
raison, tu as voulu percer les mystères de l’univers,
orgueilleux! Tu as voulu créer, sacrilège! Machines à laver,
avions, ordinateurs, centrales nucléaires, automobiles et
chauffage central, autant de monstres mécaniques singeant la
nature et troublant l’ordre divin. Tu as troublé trois des
éléments composant l’univers et tu seras puni par le
quatrième: tu as souillé l’Eau des fleuves et des océans,
l’Air du ciel, et jusqu’à la Terre elle-même. Le châtiment
est connu, c’est le Feu éternel. Tous les livres sacrés te
le disent depuis des millénaires, ô homme imprudent. N’as-tu
pas lu l’Apocalypse? Ne redoutes-tu pas le feu du ciel?
Dernier d’une interminable série de prêtres et de prophètes,
Al Gore s’est levé pour te le rappeler: c’est la fournaise
qui t’attend, et c’est à ton individualisme, à ton égoïsme
que tu la dois.
Est-il trop tard? Oui,
bien sûr, il est trop tard. Depuis longtemps, depuis
toujours. C’était écrit: l’homme est pervers et vicieux,
quoiqu’il ait été créé pur et sans tâche. Les conséquences
sont consignées dans les vieux livres: tempêtes, incendies,
désolations; aridité par ici, inondations par là. Tout est
dans Saint-Jean, avec les détails! L’ordre cosmique est
bouleversé. Les saisons, champ réservé de l’empire du
Soleil, tu les a détruites, ô homme égoïste et avide! Mais
le feu ne tardera plus. Puisqu’on te le dit!
Alors, que faire? La
réponse, tu la connais, homme pécheur: voilà cinq mille ans
qu’on te la susurre, qu’on te l’administre, qu’on te
l’enfonce dans le crâne et dans les veines: le sacrifice!
Renonce à ton
individualisme, communie dans la solidarité. Renonce
au profit et aux richesses, préfère la pauvreté et la
décroissance (tu es né poussière et tu retourneras à la
poussière). Renonce à façonner la nature, car c’est là le
domaine du dieu Soleil, qui seul a pouvoir de vie et de mort
sur elle. Préfère le recyclage, à l’image des dogmes
éternels.
Renonce à cet apanage de
Satan, la division dans l’opinion (à propos du réchauffement
climatique, par exemple) et dans le mode de vie. Renonce à
penser par toi-même: fusionne dans la masse, car le
consensus est la vérité, relayée pour ton bien par les
grands prêtres de l’audiovisuel et de la politique, de la
même manière qu’ils la relayent depuis cinq mille ans.
Renonce à ta raison, et ouvre ton coeur à la foi –
bien aveugle, si possible. Abandonne le raisonnement et
entre dans le domaine du symbole, car c’est celui des
dieux. Ne trouve pas absurde, par exemple, qu’au nom de la
lutte contre le CO2, on te demande de
couper ton électricité pendant 5 minutes, alors que les
groupes électrogènes nécessaires à la remise en route du
circuit dégagent massivement du CO2:
c’est le symbole qui compte. Pour le reste, les dieux et
leurs prêtres s’en occupent. Ne t’offusque pas non plus de
ce qu’Al Gore dans son palais consomme à lui tout seul
trente fois plus d’énergie que toi, ni de ce que Nicolas
Culot émette joyeusement du CO2 du
haut de son hélicoptère: ces prêtres ont des exemptions
délivrées par les dieux. Renonce à ton confort, aux avancées
de la science durement réalisées par tes pères. Renonce à
ton bonheur sur cette Terre. Renonce à toi-même car tu es
une immondice (un « virus » ou un « cancer » selon les
grands prêtres).
Alors, et alors
seulement, tu pourras peut-être infléchir les dieux. Tu
retrouveras l’âge d’or si bien décrit par Platon, celui
d’avant la corruption, celui auquel tu penses – car tu as
été formé à penser cela –, lorsque tu dis:
« Autrefois, il n’y avait pas tous ces OGM, toute cette
pollution, toutes ces voitures, et on n’était pas plus
malheureux ». Ou encore: « C’est vrai qu’il n’y a plus de
saisons: regardez comme il pleut! En plein mois de
juillet »!
Ah! Autrefois, c’était
mieux… comme on dit depuis cinq mille ans. L’homme détruit
la nature… comme on dit depuis cinq mille ans. C’est son
individualisme qui le perdra… comme on dit depuis cinq
mille ans. L’homme doit renoncer à son mode de vie… comme on
dit depuis cinq mille ans. Le feu sera sa punition… comme on
dit depuis cinq mille ans.
Devant cette histoire
intemporelle qu’on nous raconte pour la millième fois, la
question se pose: qui propage ces mythes? Y a-t-il encore
aujourd’hui des hommes partageant des savoirs ancestraux
remontant aux égyptiens et à leurs pyramides, fondés sur des
symboles de la vieille cosmogonie, des symboles au service
du pouvoir? Des hommes haut placés qui occuperaient les
arcanes de ce pouvoir, tiens, à l’ONU, par exemple, ce
holding du GIEC? Et qui propageraient les vieux mythes sans
cesse adaptés et recyclés avec lesquels leurs prédécesseurs
ont si efficacement asservi le monde entier pendant cinq
mille ans, afin de jouir grandement de ses richesses pendant
que les autres, esclaves naïfs, se serraient la ceinture
pour les servir, au nom du sacrifice?
Que nos ancêtres aient pu
se laisser berner par des contes pendant des millénaires,
c’est bien possible, mais nous! Il paraît que nous avons
grandi et que nos yeux modernes se sont ouverts sur les
mécanismes implacables du pouvoir. Pour ma part, je n’en
suis pas si sûr.
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