Néanmoins, aussi brève et limitée que fut la suprématie des idées
libérales, elle fut suffisante pour changer la face du monde. Il se
produisit un formidable développement économique. La libération des
forces productives de l'homme multiplia les moyens de subsistance. À la
veille de la [Première] Guerre mondiale (qui fut elle-même la
conséquence d'une longue et âpre bataille contre l'esprit libéral et qui
inaugura une ère d'attaques encore plus virulentes dirigées contre les
principes libéraux), le monde était bien plus peuplé qu'il ne l'avait
jamais été, et chaque habitant pouvait vivre bien mieux qu'il n'avait
jamais été possible au cours des siècles précédents. La prospérité que
le libéralisme avait créée avait considérablement réduit la mortalité
enfantine, qui constituait le lamentable fléau des périodes précédentes,
et avait allongé l'espérance de vie moyenne, grâce à l'amélioration des
conditions de vie.
Cette prospérité ne
concernait pas seulement une classe particulière d'individus
privilégiés. À la veille de la [Première] Guerre mondiale, l'ouvrier des
nations industrialisées d'Europe, des États-Unis et des colonies
anglaises vivait mieux et avec plus d'élégance que le noble d'un passé
encore proche. Il pouvait non seulement manger et boire comme il le
voulait, mais il pouvait aussi donner une meilleure éducation à ses
enfants et prendre part, s'il le désirait, à la vie intellectuelle et
culturelle de son pays. De plus, s'il possédait assez de talent et
d'énergie, il pouvait sans difficulté monter dans l'échelle sociale.
C'est précisément dans les pays qui appliquèrent le plus loin le
programme libéral que le sommet de la pyramide sociale était composé en
majorité non pas d'hommes qui avaient bénéficié, depuis le jour de leur
naissance, d'une position privilégiée en vertu de la richesse ou de la
position sociale élevée de leurs parents, mais d'individus qui, dans des
conditions défavorables et initialement dans la gêne, avaient gravi les
échelons par leurs propres forces. Les barrières qui séparaient
autrefois les seigneurs et les serfs avaient été supprimées. Il n'y
avait désormais plus que des citoyens bénéficiant de droits égaux.
Personne n'était handicapé ou persécuté en raison de sa nationalité, de
ses opinions ou de sa foi. Les persécutions politiques et religieuses
avaient cessé et les guerres internationales commençaient à être moins
fréquentes. Les optimistes saluaient déjà l'aube d'une ère de paix
éternelle.
Mais les événements n'ont
pas tourné de la sorte. Au XIXe siècle, surgirent de forts et violents
adversaires du libéralisme, qui réussirent à éliminer une grande partie
des conquêtes libérales. Le monde d'aujourd'hui ne veut plus entendre
parler du libéralisme. En dehors de l'Angleterre, le terme
« libéralisme » est franchement proscrit. En Angleterre, il demeure
encore certainement des « libéraux », mais la plupart ne le sont que de
nom. En réalité, il s'agit plutôt de socialistes modérés. De nos jours,
le pouvoir politique est partout dans les mains des partis antilibéraux.
Le programme de l'antilibéralisme a engendré les forces qui conduisirent
à la Grande Guerre mondiale et qui, en raison des quotas à l'exportation
et à l'importation, des tarifs douaniers, des barrières aux migrations
et d'autres mesures similaires, menèrent les nations du monde à une
situation d'isolement mutuel. Il a conduit au sein de chaque nation à
des expériences socialistes dont les résultats furent une réduction de
la productivité du travail et une augmentation concomitante de la
pauvreté et de la misère. Quiconque ne ferme pas délibérément les yeux
sur les faits, doit reconnaître partout les signes d'une catastrophe
prochaine en ce qui concerne l'économie mondiale. L'antilibéralisme se
dirige vers un effondrement général de la civilisation.
Si l'on veut savoir ce
qu'est le libéralisme et quel est son but, on ne peut pas simplement se
tourner vers l'histoire pour trouver l'information en se demandant ce
que les politiciens libéraux ont défendu et ce qu'ils ont accompli. Car
le libéralisme n'a jamais réussi nulle part à mener à bien son programme
comme il le voulait.
Les programmes et les
actions des partis qui se proclament aujourd'hui libéraux ne peuvent pas
non plus nous éclairer sur la nature du véritable libéralisme. Nous
avons déjà signalé que, même en Angleterre, ce qui est appelé
libéralisme de nos jours est bien plus proche du socialisme et du
torysme que du vieux programme des libre-échangistes. S'il se trouve des
libéraux qui considèrent comme compatible avec leur libéralisme le fait
de souscrire à la nationalisation des chemins de fer, des mines et
d'autres entreprises, et même de soutenir les tarifs protectionnistes,
on peut facilement voir qu'il ne reste actuellement plus du libéralisme
que le nom.
De nos jours, il n'est
plus suffisant non plus d'étudier les écrits des grands fondateurs pour
se former une idée du libéralisme. Le libéralisme n'est pas une doctrine
complète ou un dogme figé. Au contraire: il est l'application des
enseignements de la science à la vie sociale des hommes. Et tout comme
l'économie, la sociologie et la philosophie ne sont pas restées
immobiles depuis l'époque de David Hume, d'Adam Smith, de David Ricardo,
de Jeremy Bentham et de Guillaume de Humboldt, de même la doctrine du
libéralisme est différente aujourd'hui de ce qu'elle était de leur
temps, même si ses principes fondamentaux n'ont pas bougé. Depuis
plusieurs années, personne n'a entrepris de donner une présentation
concise de la signification essentielle de cette doctrine. Ceci peut
servir de justification à notre présent essai, qui cherche précisément à
offrir un tel travail.
Le libéralisme est une doctrine entièrement consacrée au comportement
des hommes dans ce monde. En dernière analyse, il n'a rien d'autre en
vue que le progrès de leur bien-être extérieur et matériel: il ne se
préoccupe pas directement de leurs besoins intérieurs, spirituels et
métaphysiques. Il ne promet pas aux hommes le bonheur et la satisfaction
intérieure, mais uniquement de répondre de la manière la plus efficace
possible à tous les désirs pouvant être satisfaits par les choses
concrètes du monde extérieur.
On a souvent reproché au
libéralisme cette approche purement externe et matérialiste, tournée
vers ce qui est terrestre et éphémère. La vie de l'homme, dit-on, ne
consiste pas uniquement à boire et à manger. Il existe des besoins plus
élevés et plus importants que la nourriture et la boisson, que le
logement et les vêtements. Même les plus grandes richesses de la terre
ne peuvent pas apporter le bonheur à l'homme: elles laissent vides et
insatisfaits son être intime, son âme. La plus grande erreur du
libéralisme serait de ne rien avoir à offrir aux aspirations les plus
profondes et les plus nobles de l'homme.
Les critiques qui parlent
de cette façon ne font que montrer qu'ils ont une conception très
imparfaite et matérialiste de ces besoins plus élevés et plus nobles. La
politique sociale, avec les moyens qui sont à sa disposition, peut
rendre les hommes riches ou pauvres, mais elle ne réussira jamais à les
rendre heureux ni à répondre à leurs aspirations les plus profondes.
Aucun expédient extérieur n'y peut rien. Tout ce qu'une politique
sociale peut faire, c'est d'éliminer les causes externes de la
souffrance et de la douleur: elle peut favoriser un système permettant
de nourrir l'affamé, d'habiller l'homme nu, de loger les sans-abri. Le
bonheur et la satisfaction intérieure ne dépendent pas de la nourriture,
des vêtements et du logement mais, avant tout, de ce qu'un homme aime au
fond de lui. Ce n'est pas par mépris pour les biens spirituels que le
libéralisme ne s'occupe que du bien-être matériel de l'homme, mais en
raison de la conviction que ce qui est le plus élevé et le plus profond
en l'homme ne peut pas être atteint par une décision extérieure, quelle
qu'elle soit. Le libéralisme ne cherche à produire que le bien-être
matériel parce qu'il sait que les richesses spirituelles intérieures ne
peuvent pas parvenir à l'homme de l'extérieur, qu'elles ne peuvent venir
que de son propre coeur. Il ne cherche pas à créer autre chose que les
conditions extérieures nécessaires au développement de la vie
intérieure. Et il ne peut y avoir aucun doute que l'individu
relativement prospère du XXe siècle peut plus facilement satisfaire ses
besoins spirituels que, par exemple, l'individu du Xe siècle, qui devait
sans cesse se soucier d'économiser juste assez pour survivre, ou de
lutter contre les dangers dont ses ennemis le menaçaient.
Certes, à ceux qui, comme
les adeptes de nombreuses sectes asiatiques ou chrétiennes du Moyen-Âge,
acceptent la doctrine d'un ascétisme total et qui considèrent la
pauvreté et l'absence de désir des oiseaux de la forêt et des poissons
des mers comme l'idéal de la vie humaine, à ceux-là nous ne pouvons rien
répondre quand ils reprochent au libéralisme son attitude matérialiste.
Nous ne pouvons que leur demander de nous laisser tranquilles, de même
que nous les laissons aller au ciel à leur façon. Laissons-les en paix
s'enfermer dans leurs cellules, à l'écart des hommes et du monde.
L'écrasante majorité de
nos contemporains ne peut pas comprendre cet idéal ascétique. Mais dès
que l'on rejette le principe du mode de vie de l'ascète, on ne peut pas
reprocher au libéralisme de rechercher le bien-être extérieur.
On reproche par ailleurs habituellement au libéralisme d'être
rationaliste. Il chercherait à tout régler d'après la raison et ne
réussirait donc pas à reconnaître que les affaires humaines laissent, et
en fait doivent laisser, une grande latitude aux sentiments et à
l'irrationnel en général – c'est-à-dire à ce qui ne relève pas de la
raison.
Cependant, le libéralisme
est parfaitement conscient du fait que les hommes agissent de manière
déraisonnable. Si les hommes agissaient toujours de manière raisonnable,
il serait superflu de les exhorter à se laisser guider par la raison. Le
libéralisme ne dit pas que les hommes agissent toujours intelligemment,
mais plutôt qu'ils devraient, dans leur propre intérêt bien compris,
toujours agir intelligemment. Et l'essence du libéralisme est
précisément qu'il souhaite que, dans le domaine de la politique sociale,
on accorde à la raison le même rôle que celui qu'on lui accorde sans
discussion dans les autres sphères de l'action humaine.
Si, son médecin lui ayant
recommandé un certain mode de vie raisonnable – i.e. hygiénique –,
quelqu'un répondait: « Je sais bien que vos conseils sont raisonnables,
mais mes sentiments m'empêchent de les suivre. Je veux faire ce
qui nuit à ma santé même si cela est déraisonnable », quasiment personne
ne considèrerait son comportement comme recommandable. Quoi que nous
choisissions de faire dans la vie, quand il s'agit d'atteindre le but
que nous nous sommes nous-mêmes fixé, nous nous efforçons de le faire
raisonnablement. La personne qui souhaite traverser une ligne de chemin
de fer ne choisira pas le moment précis où un train est en train de
passer. Celui qui veut coudre un bouton évitera de piquer son doigt avec
l'aiguille. Pour toute activité pratique, l'homme a développé une
technique lui indiquant comment procéder si l'on souhaite éviter de se
comporter de manière déraisonnable. On accepte généralement le fait
qu'il est souhaitable d'acquérir les techniques dont on peut se servir
dans la vie, et on traite d'incompétent celui qui met son nez dans un
domaine dont il ne maîtrise pas les techniques.
Ce n'est que dans le
domaine de la politique sociale qu'il devrait en être autrement,
pense-t-on. Ici, ce ne serait pas la raison mais les sentiments et les
pulsions qui décideraient. La question: Comment arranger les choses afin
de fournir un bon éclairage pendant les heures d'obscurité? n'est
généralement discutée qu'avec des arguments logiques. Mais dès que la
discussion en vient à savoir s'il convient de faire gérer l'industrie
d'éclairage par des personnes privées ou par la municipalité, la raison
n'est plus considérée comme pertinente. Dans ce cas, les sentiments, la
vision du monde – bref, la déraison – devraient être les facteurs
déterminants. Nous demandons en vain: Pourquoi?
L'organisation de la
société humaine d'après le modèle le plus favorable à la réalisation des
fins envisagées est une question concrète assez prosaïque, qui n'est pas
différente, par exemple, de la construction d'une ligne de chemin de fer
ou de la production de vêtements ou de meubles. Les affaires nationales
ou gouvernementales sont, il est vrai, plus importantes que toutes les
autres questions pratiques du comportement humain, car l'ordre social
constitue les fondations de tout le reste, et qu'il n'est possible à
chacun de réussir dans la poursuite de ses fins personnelles qu'au sein
d'une société propice à leur réalisation. Mais aussi élevée que puisse
être la sphère où se situent les questions politiques et sociales,
celles-ci se réfèrent à des sujets qui sont soumis au contrôle humain et
doivent donc être jugés selon les critères de la raison humaine. Dans de
tels domaines, comme dans toutes les autres affaires de ce monde, le
mysticisme n'est qu'un mal. Nos pouvoirs de compréhension sont très
limités. Nous ne pouvons pas espérer découvrir un jour les secrets
ultimes et les plus profonds de l'univers. Mais le fait que nous ne
pourrons jamais saisir le sens et le but de notre existence ne nous
empêche pas de prendre des précautions afin d'éviter les maladies
contagieuses, ni d'utiliser les moyens adéquats pour nous nourrir et
nous vêtir. Il ne devrait pas non plus nous empêcher d'organiser la
société de façon à pouvoir atteindre de la manière la plus efficace
possible les buts terrestres que nous poursuivons. L'État et le système
légal, le gouvernement et son administration ne sont pas des domaines
trop élevés, trop bons ou trop vastes, pour ne pas faire l'objet de
délibérations rationnelles. Les problèmes de politique sociale sont des
problèmes de technique sociale, et leur solution doit être cherchée de
la même façon et avec les mêmes moyens que nous utilisons pour résoudre
les autres problèmes techniques: par le raisonnement rationnel et par
l'examen des conditions données. Tout ce qui constitue la nature de
l'homme et l'élève au-dessus des animaux, il le doit à sa raison.
Pourquoi devrait-il renoncer à l'usage de la raison dans le seul domaine
de la politique sociale, et ce pour faire confiance à des sentiments ou
des pulsions vagues et obscurs?
4. L'objectif du libéralisme |
Il existe une opinion répandue selon laquelle le libéralisme se
distingue des autres mouvements politiques en ce qu'il placerait les
intérêts d'une partie de la société – les classes possédantes, les
capitalistes, les entrepreneurs – au-dessus des intérêts des autres
classes. Cette affirmation est totalement fausse. Le libéralisme a
toujours eu en vue le bien de tous, et non celui d'un groupe
particulier. C'est cela que les utilitaristes anglais ont voulu dire
avec leur célèbre – mais pas très appropriée, il faut bien l'avouer –
formule: « le plus grand bonheur pour le plus grand nombre ».
Historiquement, le libéralisme fut le premier mouvement politique qui
ait cherché à promouvoir le bien-être de tous, et pas seulement celui de
groupes spécifiques. Le libéralisme se distingue du socialisme, qui
professe lui aussi la recherche du bien de tous, non par le but qu'il
poursuit mais par les moyens qu'il choisit pour atteindre ce but.
Si l'on prétend que la
conséquence de la politique libérale est, ou doit être, de favoriser les
intérêts particuliers de certaines couches de la société, c'est une
question qui mérite d'être discutée. L'une des tâches du présent essai
est de montrer qu'un tel reproche n'est en aucun cas justifié. Mais on
ne peut pas, a priori, soupçonner de malhonnêteté la personne qui
soulève cette question; il se peut qu'elle soutienne cette affirmation –
selon nous erronée – avec la meilleure bonne foi du monde. En tout cas,
ceux qui attaquent le libéralisme de cette façon concèdent que ses
intentions sont pures et qu'il ne veut rien d'autre que ce qu'il dit
vouloir.
Il en va assez
différemment des critiques qui reprochent au libéralisme de chercher à
favoriser non pas le bien-être général mais les intérêts particuliers de
certaines classes. De tels critiques sont à la fois malhonnêtes et
ignorantes. En choisissant ce type d'attaque, ils montrent qu'ils sont au
fond d'eux bien conscients de la faiblesse de leur propre cause. Ils
utilisent des armes empoisonnées parce qu'ils ne peuvent sinon espérer
l'emporter.
Si un médecin montre la
perversité de son désir à un patient qui a un besoin maladif d'une
certaine nourriture préjudiciable à sa santé, personne ne sera assez fou
pour dire: « Ce médecin ne se soucie pas du bien de son patient; celui
qui veut le bien de ce patient ne doit pas lui refuser le plaisir de
savourer des plats si délicieux ». Tout le monde comprendra que le
docteur ne conseille au patient de renoncer au plaisir que lui procure
la nourriture nocive qu'afin de lui éviter de détruire sa santé. Mais
dès qu'il s'agit de politique sociale, il faudrait considérer les choses
autrement. Lorsque le libéral déconseille certaines mesures populaires
parce qu'il en attend des conséquences néfastes, il est dénoncé comme
ennemi du peuple, et l'on applaudit les démagogues qui, sans égard pour
les maux qui s'en suivront, recommandent ce qui semble être indiqué à
l'heure actuelle.
L'action raisonnable se
distingue de l'action déraisonnable en ce qu'elle implique des
sacrifices provisoires. Ceux-ci ne sont des sacrifices qu'en apparence,
car ils sont plus que compensés par les conséquences favorables qui en
découleront. Celui qui renonce à un mets savoureux mais malsain fait
simplement un sacrifice provisoire, un prétendu sacrifice. Le résultat –
l'absence de tort causé à sa santé – montre qu'il n'y a rien perdu, mais
qu'il y a gagné. Agir de cette façon réclame toutefois de prévoir les
conséquences de son action. Le démagogue tire avantage de ce fait. Il
s'oppose au libéral, qui demande des sacrifices provisoires et qui n'en
sont qu'en apparence, et le présente comme un ennemi sans-coeur du
peuple, tout en se présentant lui comme un ami du genre humain. En
soutenant les mesures qu'il défend, il sait bien comment toucher les
coeurs de son auditoire et comment leur faire monter les larmes aux yeux
par des allusions à la pauvreté et à la misère.
Une politique
antilibérale est une politique de consommation du capital. Elle
recommande de créer davantage de biens actuels au détriment des biens
futurs. C'est exactement comme dans le cas du patient dont nous avons
parlé. Dans les deux cas, un inconvénient assez grave s'oppose à une
satisfaction momentanée relativement importante. Parler comme si le
problème se résumait à une opposition entre l'insensibilité et la
philanthropie est franchement malhonnête et mensonger. Ce ne sont pas
seulement les habituels politiciens et la presse des partis antilibéraux
à qui l'on peut adresser un tel reproche. Presque tous les auteurs de
l'école de la Sozialpolitik ont utilisé cette méthode sournoise
de combat.
Qu'il y ait de la
pauvreté et de la misère dans le monde n'est pas un argument contre le
libéralisme, comme le lecteur moyen des journaux n'est que trop enclin à
le croire, par paresse d'esprit. C'est précisément la pauvreté et la
misère que le libéralisme cherche à éliminer, et il considère que les
moyens qu'il propose sont les seuls adaptés pour atteindre cet objectif.
Que ceux qui pensent connaître un meilleur moyen, ou même un moyen
différent, en apportent la preuve. L'affirmation selon laquelle les
libéraux ne se battent pas pour le bien de tous les membres de la
société, mais uniquement pour celui de certains groupes particuliers, ne
constitue nullement une telle preuve.
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