En effet, selon le Social Capital Community Benchmark
Survey, une vaste enquête menée auprès de 30 000 ménages
américains, les personnes qui ont donné de l'argent à un
organisme de charité en l’an 2000 avaient 43% plus de chance
de dire qu'elles étaient « très heureuses » de leur vie en
général que les personnes qui n’avaient pas donné. De même,
les personnes qui ont pratiqué le bénévolat avaient 42% plus
de chance de se dire « très heureux » que celles qui ne
l’ont pas pratiqué.
Que les dons en argent ou
en temps aient été faits à des orchestres symphoniques, à
des centres hospitaliers ou à des églises n’avait pas
vraiment d’importance selon l’enquête. Quelle que soit la
cause, les donateurs étaient de loin plus heureux que les
non-donateurs.
Les gens qui donnent sont
aussi moins enclins à être tristes ou déprimés que ceux qui
ne donnent pas. Selon la Panel Study of Income Dynamics de
l'Université du Michigan, les personnes qui ont donné de
l'argent en 2001 avaient 34% moins de chance que celles qui
n’avaient pas donné de dire qu'elles s'étaient senties « si
triste que rien ne pouvait les faire sourire », un mois
avant l’enquête. Comme elles avaient 68% moins de chance de
s'être senties « sans espoir ».
Pour M. Brooks,
professeur et auteur de Who Really Cares – America’s
Charity Divide: Who Gives, Who Doesn’t, and Why It Matters
(Basic Books, 2006), l’écart du degré de bonheur entre les
personnes qui donnent et celles qui ne donnent pas ne
s’expliquent pas par de simples caractéristiques
personnelles telles que le revenu ou la religion. À titre
d’exemple, il nous présente deux personnes identiques sur
tous les plans: revenu, foi, âge, éducation, politique,
sexe, etc. L'une d’entre elles fait don de son argent et de
son temps (par le bénévolat), tandis que l'autre ne donne ni
l’un ni l’autre. Parce qu’elle donne, la première personne
sera, en moyenne, 11 pourcentage de point plus susceptible d’être « très
heureuse » que la seconde.
Bien sûr, il ne s’agit pas nécessairement de donner de
l’argent ou du temps pour être plus heureux. Donner du sang,
quelques cigarettes à un sans-abri, des directions à un
étranger sur la rue, voilà autant de «dons» qui sont
associés à des niveaux de satisfaction plus élevés.
Des chercheurs se sont
penchés sur les possibles causes qui lient charité et
bonheur. Selon eux, le don affecte directement la chimie du
cerveau. Par exemple, les personnes qui donnent souvent
disent éprouver des sensations frisant l'euphorie – ce que
des psychologues appellent le « high de l’aidant » (Helper's
High). Les chercheurs croient que l’activité caritative
sécrète des endorphines qui produisent une version
« allégée » des sensations qu’obtiennent les toxicomanes
lorsqu’ils s’injectent de la morphine ou de l'héroïne.
Le don abaisse aussi le
niveau des hormones de stress qui causent tristesse et
chagrin. Dans une étude menée en 1998 par la Duke University,
on a demandé à des adultes de masser des poupons – l’idée
étant que donner du plaisir à un bébé est un acte pur de
compassion car il n’entraîne aucun espoir de récompense,
même pas un simple « merci » en retour. Après avoir exécuté
les massages, les adultes ont présenté des niveaux
remarquablement plus bas d'hormones de stress, d'adrénaline
et norépinephrine dans leurs cerveaux.
Pas de doute pour M.
Brooks, les recherches démontrent que le don n'est pas
seulement bon pour votre cause préférée; il est aussi bon
pour vous! Pour le soulagement de la tension et de la
dépression, le don est probablement meilleur que ce que
votre médecin pourrait vous prescrire.
L’État nous rend malheureux |
Si donner rend heureux, pourquoi ne donnons-nous pas plus
alors? Une des raisons qui sautent aux yeux est le manque de
temps dans le cas du bénévolat. Comme nous sommes toujours
en train de courir après notre temps pour accomplir tout ce
qui doit l’être, il est difficile de donner de son temps.
Difficile de donner de son temps parce qu’on en manque, mais
aussi parce que la plupart des secteurs où le bénévolat
serait le bienvenue sont monopolisés par l’État.
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