Des solutions inefficaces |
Les solutions de gauche aux problèmes de la pauvreté ont
toujours été inefficaces. La planification bureaucratique de la
production, la nationalisation des ressources,
l’interventionnisme étatique, la redistribution de la richesse,
les impôts élevés, le protectionnisme: toutes ces mesures qui
font encore partie de l’arsenal idéologique de la gauche ont
complètement été discréditées par la théorie et par
l’expérience.
On pouvait toutefois
encore concéder une certaine pertinence sociale au discours de
gauche dans la mesure où il articulait une préoccupation
importante, celle envers les plus démunis. Mais le libéralisme
économique (relatif) que l’on connaît dans les sociétés
occidentales a réglé ce problème.
Nous vivons dans des
sociétés fabuleusement riches à l’échelle de l’histoire humaine.
La misère noire, qui existait encore ici du temps de nos
grands-parents, est complètement disparue. Il y a évidemment
encore des personnes relativement pauvres et démunies, mais
elles jouissent du minimum nécessaire pour survivre et ce sont
davantage des problèmes psychologiques ou sociaux (souvent
entretenus par des programmes étatiques, comme dans le cas des
assistés sociaux ou des Indiens sur les réserves), et non
économiques, qui sont à la source de leur détresse.
Comme l’a mentionné mon
collègue Michel Kelly-Gagnon durant l’émission, Statistique
Canada note que le nombre de personnes à faible revenu au Canada
est passé de 16% en 1996 à 11% en 2005 (ou plus précisément, de
15,7% à 10,8%). Nos adversaires ont tout de suite cherché à
discréditer ces données en prétendant qu’il s’agissait du calcul
de l’Institut Fraser, ce qui est totalement faux. Les lecteurs
les retrouveront dans
ce document de Statistique Canada. De toute façon, les
calculs de l’Institut Fraser (qui
évalue le taux de pauvreté réel à 4,5% en 2005) sont encore
plus éloquents, puisqu’ils tiennent compte du niveau de
dénuement réel, alors que le concept de « faible revenu » de
Statistique Canada observe une situation relative.
Mais même en s’en tenant
à la définition moins stricte de Statistique Canada, on voit que
la pauvreté continue de diminuer. Elle est encore plus
insignifiante lorsqu’on constate qu’elle
n’est pas une condition permanente et qu’encore moins de
gens restent pauvres pendant une période prolongée, ce qui
exclut les pauvres temporaires comme les étudiants ou les
personnes qui viennent de subir une perte d’emploi ou une
tragédie personnelle. Une autre étude de Statistique Canada sur
la mobilité sociale au pays indique en effet que seulement 3,3%
des Canadiens sont demeurés sous le seuil de faible revenu à
chaque année pendant six années consécutives (entre 1993 et
1998). Faut-il vraiment nationaliser l’économie canadienne,
augmenter les impôts et redistribuer massivement la richesse
pour régler un problème qui ne touche plus qu’un Canadien sur
33?
Caducité du discours patente |
La caducité du discours
de gauche est patente dans le sens où les gauchistes n’ont rien
à répliquer (sauf des mensonges) à ces observations et ne
reconnaissent même pas la réalité telle qu’elle est. Ils se
contentent de répéter leurs mantras marxistes, comme l’a fait
Amir Khadir lors de l’émission en affirmant que les riches
continuent de s’enrichir, les pauvres de s’appauvrir, et que la
concentration de la richesse est plus grande que jamais. C’est
ce que les marxistes nous répètent depuis la révolution
industrielle. Imaginez, si cette tendance était effectivement en
cours depuis deux siècles, la planète entière serait au bord de
crever de faim, et il ne resterait que deux ou trois
milliardaires contrôlant toutes les richesses!
La réalité est au
contraire que la prospérité ne cesse de se répandre, à mesure
que le capitalisme et le libre marché s’étendent dans le monde.
Il y a à peine quelques décennies, seuls une vingtaine de pays
occidentaux faisaient partie des sociétés dites « riches » et
possédant une classe moyenne développée. Aujourd’hui, il y en a
des dizaines, dans toutes les régions du monde sauf l’Afrique.
Non seulement la richesse n’est pas de plus en plus concentrée
dans quelques mains, mais elle est de plus en plus répartie à
travers la planète. Et cela, comme je l’ai mentionné durant
l’émission, non pas à cause des politiques de gauche mais du
capitalisme et de la mondialisation.
Dans La Presse du
13 janvier,
une série d’articles sur l’Inde permet de prendre la
mesure de ces changements. «L'Inde produit chaque année plus
de nouveaux millionnaires que n'importe quel autre pays du
monde. Elle en comptait officiellement 70 000 en 2005 et 83
000 l'an dernier. Chaque année, ce nombre s'accroît de plus
de 20%.» Épouvantable, diront nos illettrés économiques
gauchistes: la richesse se concentre! Eh oui, c’était
certainement préférable quand presque tous les Indiens
étaient pauvres, il y avait alors plus d’égalité dans la
pauvreté!
On apprend également que
le Parti communiste contrôle toujours les rênes du pouvoir à
Calcutta. Mais comme en Chine, ces « communistes » ont
complètement abandonné leurs idées désuètes et se sont
convertis à l’économie de marché (sans doute fortement
tempérée par une ingérence constante de l’État, comme ici,
mais tout de même):
Dans les années 80, repoussées par le syndicalisme
ultramilitant, les multinationales Bata, Philips et
Dunlop ont toutes quitté cette ville qui a longtemps
incarné la misère indienne et qui attire toujours
les plus miséreux.
Mais aujourd'hui, plus
question pour Calcutta de passer à côté de la
croissance économique rapide qui a métamorphosé
Bombay, Bangalore et Delhi. « Notre priorité est de
développer Calcutta et tout l'État du
Bengale-Occidental, d'aider les pauvres, non pas
d'établir le socialisme », lance Mridul De [un
dirigeant communiste].
Pour arriver à ses fins,
le Parti communiste ouvre les bras aux grandes
entreprises capitalistes qu'il boudait hier encore,
promettant des conditions avantageuses, des baisses
d'impôts, des subventions à l'électricité, des
terrains quasi gratuits et de la main-d'oeuvre bon
marché. |
On pourrait faire le même constat en Chine, au Viêt-Nam, au
Brésil, en Pologne et dans des tas d’autres endroits. Encore
une fois, devant ce phénomène mondial, les gauchistes n’ont
rien à dire, à part se fermer les yeux et nier que ces pays
soient en train de s’enrichir, comme l’ont fait mes
opposants
lors du débat de l’année dernière sur la
mondialisation à la même émission. Ou encore adopter le
discours réactionnaire malthusien (comme l'a fait Amir Khadir dans l'émission de cette semaine) qui admet qu'il y a
enrichissement, mais que la planète n'a pas assez de
ressources pour satisfaire les besoins de tous ces pauvres
d'Asie et d'ailleurs s'ils se mettent à consommer autant que
nous. Cette affirmation est non seulement fausse, elle
contredit l'objectif marxiste de permettre aux pauvres de
s'enrichir, en plus d'être méprisante venant d'un citoyen
d'un pays occidental qui profite lui-même de toutes ces
richesses mais voudrait qu'elles soient inaccessibles aux
autres. Mais on n'en est pas à une contradiction
intellectuelle près dans le discours gauchiste.
Nous sommes entrés dans
une ère où la pauvreté absolue et les famines sont
rapidement en train de disparaître de la surface du globe,
pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Dans
quelques années, à moins d’une catastrophe, cette réalité
ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Le discours de la gauche marxiste
paraîtra aussi archaïque, déconnecté de la réalité et
risible que celui des astrologues ou des chasseurs de
sorcières. On pourra alors les reléguer aux curiosités de
l'histoire et les ignorer totalement.
La véritable menace à la
liberté et à la prospérité dans l'avenir, elle vient plutôt
de la droite autoritaire et militariste (aux États-Unis) et
des interventionnistes de tout acabit, ces partisans du
gouvernemaman qui souhaitent régler tous les problèmes du
monde avec une nouvelle réglementation ou un nouveau
programme étatique. Ce sont eux qui dominent la vie
intellectuelle et politique au Québec.
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