La «
propriété privée » est le facteur qui permet de différencier
la « responsabilité obligée » de la « responsabilité
souhaitable ». Lorsque l’action d’un individu implique la
propriété de quelqu’un d’autre alors, il fait face à une
« responsabilité obligée ». Par contre, lorsque son action
implique uniquement ses propres biens alors, il fait face à
une « responsabilité souhaitable ».
Donc, à la lumière de la clarification de la définition du
terme « responsabilité », l’affirmation: « Les riches ont la
responsabilité morale d’aider les pauvres » implique
clairement une « responsabilité souhaitable ». Cela soulève
d’autres questions: Souhaitable pour qui? Selon quelle
référence?
Les réponses à ces
questions nous ramènent inévitablement au concept de
« responsabilité individuelle ». Chaque individu doit
prendre ses décisions en fonction de ses valeurs
personnelles, de son sens de la justice, de ses goûts, etc.
Lorsque la situation implique les biens d’autrui la prise de
décision est grandement simplifiée: le respect des biens
d’autrui n’est pas optionnel ou conditionnel aux valeurs ou
aux croyances d’un individu. C’est une « responsabilité
obligatoire ». Par contre, lorsque la décision implique ses
propres biens, l’individu doit soupeser les différentes
possibilités qui s’offrent à lui. Doit-il consacrer une part
de ses biens à aider tel ou tel groupe? Serait-il préférable
d’investir dans une entreprise créatrice d’emplois? Doit-il
en premier lieu assurer son bien-être et celui de sa
famille? Etc. Il doit faire un choix, car il lui est
impossible de satisfaire tous les besoins. Personne ne peut
choisir pour lui. Il est responsable de disposer de ses
biens en accord avec ses valeurs.
Les valeurs d’un individu ne sont pas arbitraires. Elles
découlent de la nature humaine, du monde dans lequel il vit
et de la situation particulière de chacun. Ces valeurs ne
sont pas le résultat de caprices. Elles émanent des nombreux
efforts de découverte et de compréhension qui débutent à la
naissance. Ce processus est l’essence même de l’éducation.
Bien sûr, les valeurs propres à chaque individu seront
parfois occultées par la peur, l’envie, etc. Mais cela ne
les rend pas moins réelles. Cela démontre seulement qu’il
est difficile de bien assimiler ses valeurs et d’agir en
conséquence, en d’autres mots de se responsabiliser.
Alors, est-ce que les
riches ont l’obligation d’aider les pauvres? Cela dépend des
valeurs de chacun. Si, dans une situation donnée, un
individu croit qu’il devrait aider son prochain, alors, il a
l’obligation morale de le faire. Mais cette obligation
découle de ses propres valeurs. En aucun cas découle-t-elle
des diktats du gouvernement, de la société ou de quelqu’un
d’autre. Si, par contre, il croit que son temps et son
argent devraient être utilisés autrement, alors, il a
l’obligation morale d’agir autrement.
L’obligation d’aider
quelqu’un dans le besoin est secondaire. Cette obligation
existe seulement dans la mesure où l’individu considère
cette action plus importante que toutes les autres
auxquelles il pourrait dévouer son temps et son argent.
L’affirmation servant à justifier la redistribution
forcée est donc une demi-vérité et une généralisation facile.
L’obligation d’aider son prochain varie d’un individu à
l’autre et d’une situation à l’autre. De plus, dans
l’hypothèse où l’affirmation serait valide, le corollaire
politique ne
tient pas la route. Ce n’est pas parce qu’un individu a
l’obligation d’aider son prochain, que la redistribution
forcée de ses biens est justifiée.
Seules les obligations
découlant du respect du droit de propriété peuvent être
imposées. L’obligation d’agir en fonction de ses valeurs est
une question de conscience individuelle et non celle des
politiciens et bureaucrates de l’État. L’utilisation de la
force pour imposer aux uns les demandes des autres est
justifiée seulement pour protéger les droits de propriété de
chacun. Le gouvernement n’a pas le mandat de se substituer à
la bonne conscience ni au bon jugement des gens.
Le rôle du gouvernement
consiste à protéger les droits fondamentaux des individus,
en l’occurrence le droit de propriété. Mais, il ne peut pas
obliger les gens à se restreindre à une diète balancée, à
entretenir leur véhicule, à être polis ou à aider leur
voisin.
Un gouvernement qui tente
d’imposer les « responsabilités souhaitables » aux individus
s’aventure dans une avenue qui mène inévitablement à la
confiscation de la propriété privée et à terme, à
l’élimination des libertés individuelles.
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