Et
comme ceux qui dirigent l’État n’ont pas vocation à scier la
branche sur laquelle ils sont assis, on ne sera guère étonné
de les voir désigner à la vindicte populacière des boucs
émissaires dont ils ont toutes les raisons de penser qu’ils
seront plus dociles. D’où cette chasse à l’étranger,
coupable tout désigné, que l’on présente aux esprits faibles
comme la cause de tous les maux de la terre. La fausse
invasion des uns masquant la vraie pléthore des autres. Mais
tant qu’il y aura des cons...
Facteur de justice sociale |
Car ce serait une
véritable révolution si les pauvres et les exclus prenaient
conscience de cette réalité et comprenaient tout à coup que
toute dépense publique injustifiée s’exerce en premier lieu
à leur détriment et que, loin d’être l’épouvantail annoncé,
le libéralisme (je parle ici du vrai libéralisme et pas du
succédané qu’on nous jette occasionnellement en pâture)
était facteur de justice sociale.
On fait mine de confondre
la solidarité nécessaire à toute cohésion sociale avec le
service de la rente que l’on verse aux agents de l’État.
Sinon, comment expliquer qu’un pays comme la France,
prélevant près de la moitié de la richesse nationale
produite (le plus fort taux européen), ne soit pas capable
d’éradiquer la pauvreté? Comment justifier, avec de tels
chiffres, la multiplication des sans-abri et des sans
domicile fixe? Comment accepter l’idée qu’une frange de
plus en plus importante de la population qui travaille dans
le secteur privé ne parvienne pas à joindre les deux bouts?
Comprendra-t-on jamais que ce sont forcément les plus
démunis qui payent la semaine de 32 heures des agents de
l’EDF, les semaines de RTT des mutuelles et les logements de
fonction des receveurs des postes?
À l’heure où la question
de la redistribution et de la manière dont elle est
pratiquée se pose tant pour l’État que les entreprises ou
les particuliers, il est d’autant plus nécessaire et urgent
de relire Bastiat.
Oh bien sûr, j’entends
d’ici les coryphées de l’étatisme dominant pousser leurs
cris d’orfraie: le libéralisme, tu parles d’une idée neuve! Et pourtant, si être
neuf, c’est n’avoir jamais servi, alors oui, le libéralisme
l’est bel et bien! Et particulièrement en France. Car il ne
faut pas confondre les dérives d’un capitalisme oligarchique
et les palinodies d’hommes politiques irresponsables et peu
scrupuleux avec cette belle idée dont le fondement
étymologique est le meilleur garant. Être libéral, comme
l’origine du mot l’indique, c’est d’abord être libre.
Bastiat est un auteur que
l’on devrait faire lire aux enfants dès leur plus jeune âge.
Et si l’État, comme il le prétend, avait pour souci, non
d’asservir le citoyen mais de l’émanciper, il le ferait
figurer en tête de liste des manuels scolaires obligatoires.
Ses textes sont à la fois
une leçon d’intelligence et une ode à la liberté. En
combattant les sophismes qui, aujourd’hui plus que jamais,
rongent la pensée économique et corrompent le bon sens du
citoyen, Frédéric Bastiat nous ouvre grand les portes d’un
choix qui nous a toujours été refusé. Car en nous privant
d’une grosse partie de nos ressources, en nous infantilisant
et en nous obligeant à payer pour des services qu’il ne nous
rend pas, l’État nous asservit aussi sûrement que s’il nous
réduisait en esclavage...
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