M. Leconte défend à
plusieurs reprises le « véritable libéralisme », mais vers
la fin du livre, pendant quelques pages, il nous sert une
série de commentaires pro-interventionnisme étatique qui
tombent comme un cheveu dans la soupe.
D’abord, une défense du
protectionnisme dans certaines circonstances, typique de la
prétention technocratique à savoir quand il est justifié
d’utiliser le pouvoir de coercition de l’État pour empêcher
les gens de faire des échanges volontaires, présumément pour
le bien de la collectivité. Ensuite, une prise de distance
par rapport à « l’insistance butée de certains libéraux sur
certains principes massifs, comme avant tout la règle du
laissez-faire ». Mais qu’est-ce qu’un véritable libéral,
sinon un partisan du laissez-faire? Puis l’auteur nous
suggère l’idée qu’être libéral, c’est « non seulement
veiller à la séparation des pouvoirs et contrôler les
dépenses de l’État, mais donner à ce dernier les moyens de
casser les monopoles, nationaux et transnationaux ». Euh,
non, c’est pas ça du tout! Les seuls véritables monopoles
sont des monopoles étatiques, les États sont eux-mêmes de
gigantesques monopoles à qui on doit enlever des pouvoirs,
pas en donner. Les lois antitrust ne sont qu’une autre forme
inutile et néfaste d’interventionnisme étatique. Un
véritable libéral, qui cite de surcroît des auteurs
autrichiens, devrait savoir cela.
M. Leconte dénonce
ensuite les inégalités de revenu croissantes dans nos
sociétés (qui sont pourtant une conséquence du phénomène de
manipulation monétaire qu’il dénonce, comme je l’écrivais
récemment sur
Le Blogue du QL) et propose une recette pour y
remédier: « il faut que les États avancées, d’abord,
permettent l’"égalité des chances", assurent la formation
des jeunes, prennent en charge les vieux, etc., etc., etc. »
Merci Monsieur Leconte pour ces excellentes suggestions, pas
besoin d’ajouter d’autres « etc. », les socialistes ont déjà
pensé à tout ça bien avant vous!
Enfin, sur la forme, je
dois dire que le livre manque de structure (on relit vers la
fin des explications similaires à ce qu’on a lu au début,
sans trop savoir où est le fil conducteur), et qu’un bon
éditeur aurait dû réécrire les nombreuses phrases trop
longues et compliquées, qui en rendent la lecture
laborieuse.
Mais bon, malgré ces
quelques critiques, je le répète, le livre propose une
analyse de la crise très pertinente et vient combler une
petite partie du vide immense dans la compréhension de ce
phénomène au sein du public. Et pour cela, il mérite
certainement d’être lu.
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