Heureusement, depuis la publication du
manifeste des « lucides » à l’automne 2006, l’opinion publique
évolue rapidement. Il est maintenant possible de discuter de
croissance économique sans être accusé de « suppôt de Satan ».
Les politiciens ont senti que le vent tourne. Ils font
l’apologie de la croissance économique. Toutefois, le plus
difficile reste à faire. Il faut les convaincre de la nécessité
de faire reculer l’interventionnisme étatique pour libérer les
forces créatives et entrepreneuriales des Québécois. Ce
mouvement va à l’encontre de la nature profonde du politicien.
Pourquoi notre niveau de vie est-il aussi bas? |
Selon une étude de Claude Séguin, l’important retard du
Québec (de l'ordre de 6 300 $ par habitant) découle principalement de l’écart des heures travaillées
(2 500 $), des taux d’emploi et d’activité plus faibles (1 400
$) et de la piètre productivité des Québécois (2 400 $).
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(Source: CPQ) |
L’écart des heures travaillées et le taux d’emploi
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De nombreux facteurs contribuent à réduire le nombre d’heures
travaillées et le taux d’emploi des Québécois. Les principaux
sont le régime fiscal et l’étatisme.
Un régime fiscal trop progressif rend peu attrayant les gains
marginaux (le dernier dollar gagné) des travailleurs. Dans
certains cas, le taux marginal d’imposition peut excéder 100%.
Le budget de mai 2007, en relevant les seuils d’imposition,
permet aux Québécois de la classe moyenne de prospérer davantage
sans être soumis aussi rapidement qu’avant aux taux d’imposition
les plus lourds. Mais il reste encore beaucoup de chemin à
parcourir avant que le Québec puisse prétendre avoir un régime
représentant une prime au travail.
De plus, des compensations généreuses et faciles d’accès
favorisent le chômage, allongent les convalescences et motivent
les retraites anticipées.
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(Source: CIRPÉE, « Une analyse des taux marginaux effectifs
d’imposition au Québec »,
Jean-Yves Duclos, Bernard Fortin,
Andrée-Anne Fournier, Août/August 2006) |
L’étatisme est aussi un facteur important qui contribue à
réduire le nombre d’heures de travail des Québécois. Selon l’ENAP,
en 2005, l’effectif public total de tous les niveaux de
gouvernement excédait 700 000 travailleurs. Cela représente près
de 30% de l’ensemble des travailleurs québécois. Les conditions
de travail des fonctionnaires sont généralement plus généreuses
que celles des autres travailleurs. Plus de congés, plus de
vacance et une semaine de travail réduite se traduisent
nécessairement en un nombre d’heures travaillées moindre. Le
nombre réduit d’heures travaillées par les fonctionnaires tire
vers le bas la moyenne québécoise.
La productivité du travail est exprimée en PIB réel par heure
travaillée. Elle mesure la valeur de ce qui est produit pour
chaque heure travaillée. Donc, l’augmentation de la productivité
découle de l’utilisation d’outils modernes, de l’organisation du
travail et de l’habilité des travailleurs. Il ne s’agit donc pas
de travailler plus, mais de travailler « mieux ». Selon le
Centre d’étude des niveaux de vie, la productivité de l’ensemble
des industries au Québec s’élève à 35,44 $ contre 39,14 $ en
Ontario. La moyenne canadienne, à 37,54 $, est seulement au 16e
rang des pays de l’OCDE!
La productivité est un élément clé de la compétitivité d’une
économie. Plus le niveau de productivité est élevé, plus la
production par ressource utilisée est grande. Le Québec est en
retard sur ses partenaires. Le Québec accuse un retard de
productivité de 26,7% pour chaque heure travaillée par rapport
aux Américains et 5,9% par rapport aux Ontariens.
La montée continue du dollar canadien par rapport à la devise
américaine accentue la problématique de la productivité.
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(Source: CPQ) |
Plusieurs facteurs contribuent à la piètre productivité des
Québécois. Les principaux sont les investissements en outils et
machinerie et l’organisation du travail.
Productivité et investissements |
Les entreprises qui investissent au Québec considèrent un
ensemble de facteurs: la fiscalité, l’aide fiscale (ou les
subventions), la réglementation, les lois du travail, le niveau
de syndicalisation, les services d’utilité publique, les
infrastructures, etc.
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