Or, dans l’histoire financière, il y a toujours eu des « excès » de
la finance. Nous pouvons remonter jusqu’au 17ème siècle avec la
crise des tulipes en Hollande, et il y en aura toujours.
Ces emballements dans un
sens ou dans un autre sont inévitables car ils sont naturellement
constitutifs des comportements économiques, avec toute la part de
subjectivité que cela comporte, on peut même dire qu’ils sont
constitutifs des comportements humains eux-mêmes. En cela, la
finance n’est pas décorrélée de toutes les autres activités
humaines, avec ses passions, ses débordements ou ses phases de
découragements. Dès lors que l’on comprend que ces phénomènes sont
inévitables, il revient de s’y prémunir et d’en limiter les effets.
Deux approches alors se
distinguent: l’une faisant confiance dans la capacité de l’État et
des régulateurs à contrôler ces phénomènes, voire à les empêcher.
L’autre donnant pouvoir aux acteurs du marché eux-mêmes pour réguler
le système.
Dans une économie de
science-fiction, un régulateur étatique parfaitement efficient ne
serait qu’un neurorégulateur, un métasystème capable de contrôler
chaque relation économique, de comprendre chaque incidence que peut
avoir telle ou telle décision sur l’économie. Chose parfaitement
impossible dans le monde réel. Les réglementations sont généralement
uniformes et ne peuvent s’appliquer à tous les cas de figure,
surtout dans un monde financier de plus en plus complexe.
Le cas de la Société
générale démontre parfaitement que la régulation administrative
reste une chimère. Le rapport remis au premier ministre par le
ministre des Finances Christine Lagarde révèle notamment que la
position prise par le jeune trader incriminé aurait été dissimulée
par des opérations fictives, comme des achats ou ventes de titres et
de warrants à date de départ décalée, des transactions sur
futures avec une contrepartie non encore désignée, ou des
forwards (contrats à terme entre banques) avec une contrepartie
interne au groupe.
Si ce langage semble
quelque peu ésotérique pour le commun des mortels, il démontre que
la possibilité pour un opérateur de marché de procéder à ce type
d’opérations oblige un contrôle interne très pointu pour découvrir
ces malversations. C’est notamment un des rôles du middle office
chargé du suivi des risques et du contrôle des opérations de marché.
Aucune régulation extérieure administrative ne sera capable de faire
mieux en termes d’efficacité et de rapidité que la régulation
interne, par le perfectionnement constant des nombreux outils de
contrôle.
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