Le problème
est que depuis, ces soi-disant amants de la liberté se sont mis à
soutenir la lourdeur de la bureaucratie et les pires violations des
droits individuels perpétrés par le gouvernement fédéral dans leur
propre cour. Confus, quant aux principes fondamentaux à défendre et
aux prises avec un grave dilemme moral, beaucoup se sont réfugiés
derrière le « néolibertarianisme »
de
Jonathan Henke, un terme popularisé au lendemain de la récente
campagne militaire américaine en Irak.
Les tenants de cette
idéologie prônent des interventions militaires un peu partout sur la
planète pour imposer, selon leurs propres conditions, ce qu’ils
appellent une paix durable. Ils ont abandonné le concept de
non-agression pour faire la promotion de la violence étatique. Un
phénomène qu’avait très bien décrit l’historien Charles Beard:
« c’est le début de la guerre perpétuelle pour la paix perpétuelle »
– ce qui revient à dire être constamment dans une logique de guerre
pour garantir une paix hypothétique.
Ne jouons pas
trop sur les mots, le néolibertarianisme n’existe pas. Il s’agit
d’un néoconservatisme timide n’ayant pas le cran nécessaire pour
dévoiler son vrai visage, ou plutôt sa nouvelle conversion. Même les
libertariens minarchistes ne sont pas tombés dans un piège aussi
béant préférant conserver leur rigueur. S’il est vrai que ces
derniers estiment que l’État doit se contenter d’exercer les
fonctions régaliennes (armée, justice, police), ils considèrent
quand même qu’il s’agit d’un mal nécessaire sur lequel il faut
absolument garder un oeil vigilant. Ils ne signent pas un chèque en
blanc aux représentants du gouvernement dans tous ces domaines.
Les libertariens
véritables gardent en tête que le collectivisme ne fonctionne pas.
Que ce soit à petite ou grande échelle, à gauche comme à droite de
l’échiquier politique. En monopolisant les moyens de production,
l'État est incapable de faire des calculs économiques rationnels.
Sans le respect de la propriété privée, il n'y a pas de prix, et
sans les prix, il est impossible de bien gérer une ressource puis
d’en assurer l'allocation.
Les interventions
répétées de l’État provoquent de graves distorsions qui sont ensuite
traitées par d'autres interventions qui engendrent davantage de
désordres. La fiscalité demeure une extorsion de la richesse à la
pointe du fusil qui ne devrait jamais être prise à la légère, peu
importe sa nature.
Si le néolibertarien
prétend être critique envers l'État sur le plan domestique, il perd
soudainement tout jugement et fait preuve d’une complaisance
grotesque lorsqu'il est question de politique interventionniste à
l'étranger. Et pourtant, il est confronté au même système, d’où le
paradoxe. À ses yeux, les fonctionnaires du ministère de la Défense
sont de fins gestionnaires couverts d'une aura d'immunité, le
complexe militaro-industriel doit être subventionné, l’impôt devient
moral, la Constitution peut être déchirée, la propagande manichéenne
est justifiée et quiconque ose protester un peu trop fort n'est pas
un bon patriote.
Si pour lui réglementer
l'économie nationale est un délire qu’il attribue à la gauche, il
considère en revanche que s'immiscer dans une économie étrangère,
comme celle de l’Irak, sera bénéfique Il ira même jusqu'à défendre
de vastes et coûteux programmes dignes des plans quinquennaux
soviétiques. Mais alors là, il faudrait le croire sur parole. Tous
les impôts et taxes prélevés dans nos poches, toutes ces ressources
humaines et matérielles détournées pour financer ces programmes
seront bien utilisées(1).
Plutôt ironique puisque
l'histoire enseigne que les gouvernements ne sont pas plus
compétents pour trouver des solutions efficaces aux problèmes
internes qu’ils ne le sont pour protéger la liberté et la paix dans
le monde. D'ailleurs, cette idée de sécurité collective dont on
entend abondamment parler dans les forums internationaux reflète
bien les ratés de la planification centrale, c’est-à-dire du
socialiste. Citons en exemple la défunte Société des Nations (SDN),
ce machin que sont les Nations Unies (ONU), l'Organisation du traité
de l'Atlantique Nord (OTAN), ou encore ce réseau de bases militaires
entretenues par Washington.
Absence de pragmatisme face à la guerre |
Les
néolibertariens, comme les néoconservateurs, nous balancent
régulièrement des formules toutes faites sur la nécessité d'envahir
et d'occuper militairement les pays du tiers-monde alors qu'ils ne
s'interrogent jamais sur les conséquences mêmes de la guerre ni ce
qui l’alimente à la racine. Ce raisonnement n’existe pas dans leur
discours. Et pourtant, le New Deal de Franklin Delano Roosevelt et
le projet de grande société de Lyndon Johnson n'ont pas été plus
dommageables pour l'avenir des libertés en Amérique que la guerre
elle-même.
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