Évidemment, ces programmes virtuels sont souvent offerts par
d'autres institutions étatiques, mais la concurrence
mondiale change totalement la dynamique. On n'est plus
limité à l'école du quartier ou à l'université de la plus
proche ville. Il devient possible de comparer et de choisir
les programmes les meilleurs, les plus pertinents et les
moins corrompus par les multiples idéologies collectivistes
à la mode. Cette concurrence détruit le pouvoir des élites.
D'ailleurs, maintenant qu'on peut s'éduquer tout seul le
plus simplement du monde sur tous les sujets imaginables
grâce à l'Internet, la valeur d'une éducation formelle en
institution n'est-elle pas en train de diminuer
graduellement? Si j'avais aujourd'hui 18 ans, je ne perdrais
certainement pas les quelques années à venir de ma vie sur
les bancs d'une université montréalaise. J'ai eu la présence
d'esprit, il y a vingt ans, d'abandonner rapidement une
maîtrise (et possiblement un doctorat plus tard) en science
politique à l'Université de Montréal. Ça m'a évité un
endettement encore plus grand et des années de niaisage avec
des profs conventionnels, totalement ignorants de la
philosophie autrichienne par exemple.
Aujourd'hui, c'est le baccalauréat qui sauterait aussi, même
si j'ai apprécié mes trois années à McGill. En sciences
humaines en particulier, il n'y a aucune raison de suivre
des cours formels avec un professeur. Je m'arrangerais pour
travailler à temps partiel et pour m'éduquer à partir des
sites de l'Institut
Ludwig von Mises et d'autres organisations pertinentes.
Faire reconnaître mes compétences et connaissances serait
sans doute un défi, puisque les diplômes traditionnels ont
encore une valeur sur le marché du travail, mais un défi qui
vaut bien d'éviter des années de perte de temps. Plus il y
aura de jeunes dynamiques et intelligents qui prendront
cette voie, plus vite le marché s'adaptera.
Ce nouveau système mondialisé et
concurrentiel d'éducation et de formation permettra de
contourner un autre problème d'embrigadement collectif qui
est en voie de prendre des proportions grandissantes. De la
même façon que la nationalisation du système de santé
justifie aujourd'hui toutes sortes d'interventions de l'État
dans nos vies, sous prétexte que c'est « la collectivité » qui
paie pour nos soins de santé (voir l'article « À
qui appartient notre corps? »), l'éducation publique est
en train de devenir une autre façon d'asservir les citoyens.
Il y a deux semaines par exemple, on débattait à l'émission
Il va y avoir du sport à Télé-Québec de la nécessité de
garder les jeunes au Québec après la fin de leurs études.
Voici comment
on présentait le problème:
Le
Québec perd de nombreux jeunes diplômés au profit de
Toronto ou encore de grandes villes américaines. Ils
quittent souvent pour des salaires plus élevés et
des conditions de travail plus alléchantes. On peut
bien entendu comprendre la force d'attraction que
peut exercer la Californie et New-York pour des
jeunes qui sortent de l'université. Mais quand on
sait qu'un étudiant en médecine coûte au moins 20
000$ par année à l'État québécois et même plus avec
une spécialité en poche, il y a lieu de s'inquiéter
du phénomène. Que ce soit pour un médecin ou pour un
informaticien, la formation est un investissement de
société et le déficit est grand quand un jeune part
sans même donner une seule année de travail. Que
faire pour garder nos jeunes diplômés au Québec ?
Leur demander de rembourser leurs études est-il un
bon incitatif ? |
Selon cette logique, les jeunes ne vont
plus à l'école pour eux-mêmes, pour se former et investir
dans leur avenir. Parce que c'est encore une fois « la
collectivité » qui paie, l'éducation est plutôt devenue un
« investissement de société ». Aujourd'hui, on débat de la
pertinence de faire rembourser ses études universitaires à
un jeune médecin qui veut aller pratiquer ailleurs. Mais
imaginez le gigantesque investissement que constitue
l'éducation d'un bambin qui entre à deux ans dans un Centre
de la petite enfance subventionné et qui restera dans le
réseau public pendant deux décennies. Débattrons-nous
bientôt de la nécessité de faire rembourser toute cette
éducation à tout jeune adulte qui voudra quitter le Québec
sans avoir passé des décennies à payer des impôts? Et les
plus vieux, qui ont bénéficié de nombreux autres services
publics, devront-ils payer une « taxe de dédommagement à la
collectivité », dépendamment du nombre d'années pendant
lesquelles ils auront contribué à ces services avec leurs
impôts versus la quantité de services utilisés?
La socialisation des coûts et des responsabilités est une
notion totalisante qui mène inévitablement sur une pente
glissante. Le système communiste, où la société est devenue
une prison d'où il est devenu impossible de s'échapper, en
est l'aboutissement logique. Où cela s'arrêtera-t-il?
La privatisation de l'éducation – comme celle de la santé –
grâce à la mondialisation et à l'arrivée de nouvelles
technologies est une façon d'échapper à cette logique
infernale. Plus il y aura de jeunes qui seront éduqués
autrement que dans des institutions étatiques
traditionnelles, plus il deviendra difficile de faire cette
équation immédiate entre éducation et dette envers la
société. L'éducation sera vue comme un service qu'on paie à
son enfant ou à soi-même, exactement comme n'importe quel
autre bien de consommation. Les folies des grandes réformes
avec leurs compétences transversales et autres notions
socioconstructivistes pourront être ignorées: elles ne
seront plus débattues que par des fanatiques retranchés dans
un système de plus en plus marginalisés.
Nous n'en sommes pas encore là. Au-delà des possibilités
techniques, il faut aussi une prise de conscience de la part
de demandeurs potentiels pour qu'un nouveau marché se
développe. Ceux qui souhaitent contribuer à la construction
d'une société plus libre, et qui sont étudiants ou ont des
enfants qui le sont, peuvent accélérer ce mouvement en
faisant le bon choix: celui d'éviter dans la mesure du
possible tout contact avec le monopole public d'éducation et
de se tourner dès maintenant vers l'une des nombreuses
solutions alternatives qui se développent.
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