À l'heure où l'on encourage le libre commerce avec la
Chine communiste et où la pression en faveur de réformes
démocratiques pèse de plus en plus lourd sur Pékin,
l'île de Cuba est probablement le parfait exemple de
l'incohérence et du double standard qui semble exister
en matière de sanctions à Washington. La Chine
n’est-elle pas une puissance nucléaire majeure disposant
d’effectifs militaires considérables en Asie? Et même si
le pays n’a pas un dossier bien reluisant en matière de
respect des droits de l’homme, il représente quand même
le troisième partenaire économique des États-Unis. Les
hommes d’affaires se bousculent aux portes de Pékin et
de Shanghai pour signer des contrats et y faire des
investissements majeurs. Le président américain lui-même
s’oppose au boycott du Dragon rouge, vantant plutôt les
vertus du commerce pour faciliter l’enrichissement tout
en étant un outil d’éveil pour d’éventuelles réformes
sur le plan domestique. Une population qui acquiert
davantage de liberté économique réclame tôt ou tard
davantage de libertés individuelles. N’est-ce pas être
borné que de continuer à défendre un traitement
différent pour la toute petite île de Cuba?
Des occasions
d’affaires avortées, des profits perdus, des marchés qui
ne se développent pas sont autant de frustrations que
vivent quotidiennement les entrepreneurs américains
confrontés aux restrictions contre Cuba au détriment des
consommateurs cubains. Selon la
US Trade Commission, les sanctions ont, entre autres,
un impact défavorable sur l’industrie portuaire privée
de ligne de transport avec Cuba et sur l’industrie aérienne
qui pourrait transporter des milliers de touristes dans
l’île. Les producteurs agricoles aussi sont touchés. On estime que les exportations de boeuf, de porc
et de volaille à Cuba en l’absence de sanction
représenteraient de 62 à 76 millions de
dollars par année.
Les États-Unis ne peuvent
tolérer plus longtemps cette situation et doivent
envisager des mesures concrètes. Il faut:
•
abolir le Trading with the Enemy Act
afin que les citoyens américains puissent se
rendre librement dans l'ile de Cuba et commercer
avec la population sans craindre de poursuites
devant les tribunaux;
• accorder l'amnistie à tous les Américains
ayant voyagé à Cuba ou y ayant dépensé leur
argent;
• lever tous les contrôles sur la libre
circulation des biens et des services entre les
États-Unis et Cuba;
• dégeler les actifs cubains en sol américain et
toutes les transactions financières entre Cuba
et les États-Unis;
• abroger la loi Helms-Burton dont l'application
extraterritoriale nuit aux sociétés étrangères
qui souhaitent investir à Cuba sans
restriction;
•
fermer la prison de Guantanamo sur le
territoire cubain. Ce camp de torture est
contraire aux fondements de la justice et de la
constitution américaine. Il envoie un message
contradictoire au reste du monde. |
La fin de
l’embargo contre Cuba tournera définitivement la page sur une
période sombre de l’histoire et permettra enfin d'envisager l'avenir
sous de nouvelles perspectives. Devant la levée des sanctions
économiques, Raoul Castro ne pourra cacher bien longtemps les revers
de la révolution marxiste au reste de la population. Tôt ou tard, il
sera forcé de prendre certaines décisions, ne pouvant
plus utiliser les États-Unis comme bouc émissaire. Il ne pourra que
se blâmer lui-même si les choses continuent à mal aller.
Saluant cette politique
d'ouverture envers Cuba, le reste de la communauté internationale
dont l'Union européenne ne manquera pas de proposer un élargissement
des échanges avec l'île. D'ailleurs, nombre d'entrepreneurs
étrangers sont déjà présents sur place et investissent dans divers
projets en exploitation minière, pétrole, gaz naturel, agriculture,
immobilière et dans le domaine touristique. La compagnie Nestlé y
vend de la crème glacée et des boissons gazeuses, Brewer Inbev, de
la bière, Unilever & Evergreen, du shampoing et autres produits
d'hygiène, le groupe BM construit des bâtiments commerciaux et la
société française Pernod-Picart, ayant fondé une distillerie de
concert avec le Havana Club, souhaiterait profiter de la levée des
sanctions pour vendre aux États-Unis.
Il est inconcevable que
les entrepreneurs américains et les consommateurs cubains n'aient pas droit au chapitre, victimes
d’une politique étatique ayant fait son temps.
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