En fait, les
« riches » – ceux qui ont un revenu de 100 000 $ et plus – et la
classe moyenne paient beaucoup d'impôt, une proportion démesurée en
fait des recettes totales en impôt des deux ordres de gouvernement
par rapport à leur poids au sein de la population.
Il y a au Québec 5,8
millions de contribuables, c'est-à-dire de gens qui font une
déclaration de revenu, qu'ils soient salariés à temps plein ou
étudiants travaillant à temps partiel, retraités ou ménagères
déclarant quelques revenus de placement. Si l'on divise cette
population en trois groupes, ceux qui font moins de 50 000 $ par
année, ceux qui font de 50 000 à 100 000 $, et ceux qui font 100
000 $ et plus, on observe les proportions suivantes (j'ai arrondi
les chiffres):
Catégorie |
nombre de personnes |
% des contribuables |
% des impôts payés |
0 à 50 000$ |
4 800 000 |
82 |
33 |
50 000 à 100 000$ |
871 000 |
15 |
38 |
100 000$ et plus |
169 000 |
3 |
29 |
Les 3% des
contribuables qui ont un revenu de 100 000 $ et plus paient donc
presque autant d'impôt sur le revenu au total, soit près du tiers
des recettes de Québec et d'Ottawa, que les 82% qui font moins que
50 000 $ par année. Et comme le souligne Michel Girard, « pour être
vraiment "équitable" envers notre noyau des 169 000 contribuables
fortunés, il faut préciser que, en fin de compte, ils versent plus
d'impôts que les 4,8 millions de contribuables à revenu plus faible.
Pourquoi? Parce que ces contribuables se sont partagé plus de 2
milliards de dollars d'aide financière directement versée par
l'entremise de programmes gouvernementaux destinés majoritairement
aux gens à plus faible revenu, comme le soutien aux enfants, les
crédits de TVQ et TPS, la prestation fiscale pour enfants, etc. »
En 2004, l'Institut
économique de Montréal avait publié, sous la signature de Norma
Kozhaya, un
cahier de recherche qui présentait des données similaires sur
les impôts payés en 2001 (note pour ceux qui ne le savent pas
encore: chaque fois que je réfère à des études passées de l'IEDM, on
comprendra que je parle de documents auxquels j'ai moi-même
contribué en tant que directeur des publications de 2000 à 2007).
Les données ont un peu évolué, le nombre de personnes à revenus
élevés ayant augmenté pendant cette période surtout à cause de
l'inflation. Mais les proportions sont à peu près les mêmes.
Le cahier présentait
toutefois une autre donnée intéressante: la proportion du revenu
total pour chaque groupe.
Certaines personnes
pourraient penser que si les « riches » paient 29% de l'ensemble des
impôts, c'est peut-être parce que leurs revenus correspondent à peu
près à 29% des revenus de l'ensemble des contribuables. Les données
du cahier permettaient de voir que ce n'était pas le cas. Ainsi, les
2% de riches à l'époque payaient 22,5% des impôts totaux, mais leurs
revenus ne comptaient que pour 13% des revenus de l'ensemble des
contribuables. Les 11,7% de personnes de la classe moyenne gagnaient
27,7% des revenus totaux mais payaient 37,5% des impôts totaux.
Quant aux 86,3% des contribuables gagnant moins de 50 000 $, leurs
revenus correspondaient à 59,3% du total, mais ils ne payaient que
40% des impôts.
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