Il en est de même des jachères. Ce n'est que tout récemment
que l'Europe a reconnu qu'elle avait eu tort d'imposer la
mise en jachère d'une grande partie du territoire européen.
Il s'agit d'une pratique tout à fait malthusienne que
certains pourraient même qualifier de crime contre
l'humanité. Il est facile d'apercevoir à cette occasion un
mal intrinsèque des réglementations. Échappant par nature
aux indications multiples et permanentes des marchés libres,
elles diffusent sur des décennies leurs effets délétères et
mettent encore plus de temps à les réparer. Combien
faudra-t-il de temps pour que les territoires en jachère
redonnent des productions valables? Et quand on s’aperçoit
trop tard que le modèle a des défauts, on impose par la
force un autre modèle – comme les efforts dérisoires et
récents en Europe pour une agriculture que l’on baptise à la
hâte du nom porteur d’« agriculture biologique ».
La voracité des hommes de l'État empilés dans des organismes
multiples s’est accompagnée de la volonté fixe d’orienter le
monde entier sur une seule forme d'agriculture inspirée de
l'agriculture généralement utilisée dans les plaines
américaines. Cette forme d’agriculture est fort sympathique,
mais il en est des milliers d’autres possibles. Chaque pays
et, dans chaque pays, chaque territoire, peut avoir sa forme
d'agriculture, les ajustements multiples devant se faire
dans le cas du marché libre. À titre d'exemple, les
agriculteurs polonais, s'ils ne résistent pas au pouvoir
totalitaire européen, vont être punis sévèrement par l'Union européenne pour leur agriculture jugée
rétrograde. Nous avons entendu des eurocrates les traiter
avec mépris parce qu’ils continuent encore à cultiver avec
des chevaux!
Le résultat inévitable de toute cette construction
bureaucratique est que des populations ont été conduites par
dizaines de millions à quitter leurs cultures ancestrales
pour aller s'entasser dans des bidonvilles dans l'attente
d'une manne alimentaire extérieure. Et il se trouve,
justement, que la hausse des matières premières les frappe
de plein fouet. Quand les États-Unis subventionnent leurs
agriculteurs, souvent hélas pour des raisons électorales, et
inondent les pays africains de distributions de blé, cela
rend obsolètes les cultures vivrières en Afrique et accélère
la fuite vers les bidonvilles à la recherche des secours
internationaux. Un empereur romain s’était plaint de ce que
les distributions de blé à la plèbe réduisaient la
production agricole…
C’est tellement visible que lorsque la décision a été prise d’augmenter
les aides aux agriculteurs américains, il y a quelques
années, le Washington Post a écrit: « La nouvelle loi
va aggraver la situation des pays pauvres exportateurs ».
Nancy Birdsall, directrice du Center for Global Development,
institut de recherche basé à Washington, a déclaré: « La
mesure est très défavorable pour les pays en développement »
et encore: « Elle montre avec éclat que les considérations
d’ordre politique priment sur tout le reste et quand il y a
des conséquences involontaires pour des pays qui n’ont pas
vraiment leur mot à dire, c’est vraiment dommage ».
La vraie méthode pour nourrir les milliards d’hommes est de
leur laisser la liberté de cultiver dans le cadre des
marchés comme ils l’ont fait pendant des millénaires et de
ne pas les ruiner par des charges étatiques dont le seul
effet est l’enrichissement des hommes de l’État.
Plusieurs « sommets » de l’alimentation ont eu lieu. Le
deuxième sommet mondial a réuni, en 2002, 180 pays à Rome:
fêtes et richesse pour les délégués et inefficacité garantie
pour les affamés de toute la Terre.
J’ai déjà dénoncé ces «
sommets » qui réunissent d’une façon fastueuse ceux-là même
qui sont à l’origine du mal que l’on prétend conjurer.
Bien entendu, si l’agriculture était libérée, il n’y aurait
plus nécessités de « sommets », ni « d’assises » ni de « grenelles, » ni d’autres parlottes avec les fêtes en
conséquence.
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