Quel
chiffre total représente l’investissement de la France dans
l’euro? Il est évidemment impossible de le connaître.
Investissements publics, investissements d'entreprises,
investissements personnels: tout se mélange et
s’interpénètre. L'investissement total étant, bien que non
chiffrable, absolument titanesque, il reste à évaluer les
bénéfices retirés de la monnaie unique – s’il y en a – et
les pertes – s’il s’en trouve – et l’on verra que c’est
malheureusement le cas!
Visons pour commencer les bénéfices qui étaient annoncés par
la propagande et ont servi à convaincre, sinon les peuples
majoritairement opposés à la création arbitraire d’une
nouvelle monnaie, tout au moins leurs représentants.
L’un des bénéfices visés
pour les entreprises et la population était la diminution
des coûts de transaction. Cette diminution devait,
supposément, avoir un grand intérêt pour le niveau de vie.
Remarquons que pour les entreprises, c'était parfaitement
inopérant puisque l'informatique permet de toute façon avec
ses développements extraordinaires de diminuer les coûts de
transaction pour les grandes masses d'argent. Pour les
particuliers, notons que c'est raté: les personnes qui
encaissent des chèques venant de l'étranger constatent que
les complications et les coûts sont toujours là aujourd’hui.
Si, d’ailleurs, cette rubrique avait été un grand succès,
elle n'aurait vraiment pas eu d'influence marquante sur la
richesse générale et donc sur le niveau de vie. Il existe
pour les voyageurs et seulement pour ceux-là une commodité
qui est de voyager dans l’Euroland sans avoir à changer la
monnaie: justifier le grand chambardement par cette seule
commodité est à la limite du risible.
Un autre bénéfice annoncé
était de rendre la comparaison des prix plus facile avec
toute l'Europe: mieux acheter et mieux vendre est une source
de richesse. Là encore, il faut distinguer les entreprises
et particuliers. Avec l’aide de l'informatique, les
entreprises n'ont aucun problème pour comparer les prix en
ouvrant tout simplement une colonne supplémentaire dans les
documents et, de toute façon, la mondialisation oblige les
entreprises de toute taille à se connecter avec le monde
entier pour comparer les prix partout ailleurs
indépendamment de l'euro. Quant aux particuliers, qui fera
croire que pour l'achat d'une machine à laver nous allons
comparer les prix à Düsseldorf ou à Barcelone avec ceux de
Paris?
Un autre avantage devait
se trouver dans une plus grande facilité d'emprunter, en
particulier par des taux plus avantageux résultant de
l’existence d’une monnaie reconnue internationalement. La
facilité d'emprunter d'une façon plus sûre est une source de
richesse et le cas échéant de moindre coût. Sous cet angle,
c'est raté. Le taux des emprunts en euros est dans
l'ensemble plus cher que dans d'autres monnaies. Les
circonstances historiques ont même été telles que la France
s'est arrimée au mark dont le cours fut influencé par
l'étrange façon dont l'unification allemande s'est réalisée.
Les entrepreneurs français ont payé en quelque sorte
l'unification allemande et il en est résulté une véritable
action négative.
Après avoir évoqué de prétendus bénéfices – qui n'en sont
pas – et même une action négative, l'on est obligé d'aborder
de véritables désastres qui sont dus à l’euro d’une façon
fort perceptible.
Notons d'abord la perte
des repères. Il nous avait été imprudemment annoncé que des
centaines de millions d'habitants auraient un repère unique
dans la tête sur tout le territoire européen et qui
reposerait sur l'usage de la même monnaie. Or, en fait, ce
fut une véritable perte des repères financiers pour tous.
Nous avons tous des chiffres dans la tête: prix des
appartements, des voitures et bien d’autres. Un calcul
économique efficace et porteur de richesse implique
comparaison et réflexion et nous avons été coupés de notre
passé financier, ce qui est très grave pour la gestion. La
perte qui en est résultée par les erreurs de gestion qui en
ont découlé est inconnue. Si l’euro n’éclate pas en plein
vol, la mise en ordre des repères peut durer une génération
– souvenons-nous du nouveau franc, qui était simple à
apprivoiser et qui a mis beaucoup de temps à être admis. Il
est très comique de constater que quasiment toutes les
banques dans une foule de documents indiquent encore
aujourd’hui à coté du chiffre en euros le chiffre en anciens
francs!
Parlons de l’inflation.
Il est clair pour tous que, dans la zone euro, il existe une
forte tendance à l’inflation, sans que cette tendance et son
effet sur la paupérisation puissent être mesurés tant c’est
compliqué. Les vendeurs ont eu forcément comme réflexe de
donner des « coups de pouce » aux prix quand c’était
possible. Il s’est ajouté un facteur rarement mis en
lumière. La fixation des parités initiales avec la monnaie
de chaque pays fut une décision arbitraire ne pouvant en
aucun cas correspondre à la réalité des prix consacrée
partout par l’usage: il y eut nécessairement des moyennes de
moyennes. Le désordre ainsi créé a facilité ces « coups de
pouce ». La tendance inflationniste est telle aujourd’hui
que la BCE ne lâche pas prise sur les taux et menace
actuellement de les augmenter avec les conséquences que l’on
sait.
Vient maintenant un
véritable ouragan dévastateur. Le parapluie de l’euro a
permis, hélas, la poursuite de la ruine organisée par les
pouvoirs successifs par le truchement des 35 heures et celui
de la retraite à 60 ans, ainsi que d’autres folies
ordinaires. Une monnaie indépendante aurait du subir des
sanctions brutales conduisant à des révisions déchirantes.
La paupérisation visible à présent de la France, avec toutes
les calamités en résultant, vient largement de ce facteur.
Monsieur Trichet lui-même, ne s’apercevant sans doute pas de
l’aveu tragique qu’il prononçait, a déclaré il y a deux ans
que sans l’euro la France n’aurait pas pu faire les 35
heures!
Pour terminer, voici un
autre et significatif aveu. Monsieur Giscard d’Estaing a
écrit, le 12 novembre 1997, dans le Herald Tribune: «
Je ne vois pas à quoi l'euro va servir sinon à perturber
gravement le monde des affaires. À chaque fois que je pose
la question de savoir si c'est une bonne chose de réaliser
la monnaie commune, j'entends toujours la même réponse: il
faut le faire parce que nous ne pouvons pas nous permettre
le luxe d'être laissés de côté. Les responsables des
gouvernements portugais, espagnols et italiens m'ont tous
fait cette réponse, sans m'apporter la moindre explication.
Je n'ai jamais entendu sur ce problème que de mauvais
arguments. » Si cette phrase condamnait le projet, cela n’a
pas empêché son auteur de promouvoir l’euro quand son
intérêt personnel l’y invitait!
Investissements immenses,
absence de profits réels et création de foyers de pertes, la
« rentabilité » est négative en quelque sorte et il est
légitime de parler de ruine.
Selon Désinformation
Hebdo, un rapport de Bruxelles, peu diffusé, vient de
décrire en détail la catastrophe. Les trois premiers pays
d’Europe pour la compétitivité sont la Suède, la
Grande-Bretagne et le Danemark, pays en dehors de l’euro. La
France, l’Allemagne et l’Autriche sont les lanternes rouges.
Dans l’Euroland, l’inflation est relancée. Quant au prétendu
rôle international, c’est la déroute.
Pour faire bonne mesure,
ajoutons que la création de l’euro est le type même de
l’action révolutionnaire par laquelle un quarteron de
politiques impose ses volontés propres à des millions de
personnes au lieu de laisser jouer les marchés.
Elle s’inscrit fort bien
dans la mise en place accélérée d’un pouvoir totalitaire
mondial, à forte connotation socialiste, dont l’Europe n’est
qu’un élément, et qui vise à la disparition des nations.
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