Après
la mini-crise politique qu'a connue le Canada au début du
mois, pratiquement tous les partis politiques ont conclu
qu'ils devaient faire pénétrer encore davantage leurs
canines dans l'économie. Ottawa et toutes les provinces
peuvent maintenant, semble-t-il, stimuler l'économie
canadienne en produisant des déficits et en canalisant des
fonds publics dans les secteurs manufacturier, de
l'automobile et forestier.
Le ministre des Finances
Jim Flaherty a affirmé le 8 décembre dernier qu'une
transfusion sanguine de 6 milliards de dollars à l'industrie
automobile « pouvait être réalisée ». M. Obama a déclaré
qu'on ne pouvait pas laisser GM, Ford et Chrysler faire
faillite. Au Congrès et à Ottawa, on discute de la
possibilité pour les gouvernements de jouer un rôle dans
l'élaboration des plans d'affaires des constructeurs, et
peut-être même d'une prise de contrôle partielle.
À Ottawa, de surcroît, on
s'attend à ce que le plan de relance qui sera présenté dans
le budget du mois prochain contienne une aide au secteur
manufacturier et à l'industrie forestière – même si une
telle aide ne fera rien pour relancer des investissements
durables et la croissance. L'aide à l'industrie forestière
canadienne permettra sans doute de garder une usine ouverte
ou de conserver un emploi syndiqué, mais il ne peut en
résulter aucun nouveau développement économique. En effet,
tous ces plans de relance artificiels qui impliquent de
dépenser des fonds publics ne peuvent que miner la
croissance. Ces dépenses additionnelles ne font en réalité
que soutirer de l'argent des secteurs d'activité privée
rentables et le transférer à des projets d'activité publique
non rentables et qui gaspillent des ressources.
La même analyse
s'applique à l'industrie automobile américaine, dont la
capitulation humiliante et pathétique est maintenant presque
complète. Dans une publicité publiée par le magazine
Automotive News, GM s'est littéralement agenouillé pour
quêter un soutien public. La compagnie déclare que « pendant
un siècle, nous avons bien satisfait vos besoins de mobilité
personnelle ». Un fabriquant de voitures qui conçoit ainsi
son rôle a complètement perdu le sens de sa mission. GM
poursuit en disant qu'elle a « déçu » ses clients et
« trahi » leur confiance en « laissant la qualité de nos
produits décliner sous les standards de l'industrie ».
Voilà comment se termine
l'aventure de l'industrie automobile américaine, qui fut
jadis le magnifique symbole du capitalisme américain, et qui
s'apprête à devenir une entreprise de services publics gérée
par les politiciens et les bureaucrates de Washington et
d'Ottawa. Avec l'économie américaine qui passe graduellement
sous le contrôle de l'État, et un président Obama en charge
de définir la politique industrielle des États-Unis et de
déterminer les produits qui sortiront des usines
automobiles, la nouvelle mission de l'industrie automobile
sera dorénavant de satisfaire les « besoins de mobilité
personnelle » des Américains.
Partout dans le monde,
les gouvernements, au nom des nécessaires « plans de
relance » à adopter, sont sur le point de planter leurs
crocs dans tous les secteurs de l'économie, ce qui leur
permettra de satisfaire tous les besoins de santé, de
mobilité, les besoins bancaires, alimentaires, et tous les
autres besoins que la population pourrait avoir. C'est
bientôt l'heure du crépuscule.
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