Comment, à la lumière de tous nos succès, peut-on encore
sérieusement considérer le principe de liberté individuelle?
Heureusement, les partisans de cet anachronisme sont minoritaires et
gardés sous silence. C’est pour le bien de tous, la démocratie a
tout de même ses limites. Il est tout à fait normal de considérer
diverses façons de réglementer et de compartimenter la vie des gens.
Mais de là à proposer sérieusement de laisser les gens en arriver à
leurs propres arrangements entre eux, de les croire capables de
concevoir leurs propres solutions à leurs propres problèmes, quelle utopie!
Il est bien difficile de séparer le sarcasme de la réalité. Bastiat,
lui-même maniant ce style à merveille, aurait l’embarras du choix du
sujet s’il était encore parmi nous. Malgré les siècles, encore
aujourd’hui, on entend parler de l’équivalent de couvrir le soleil
pour stimuler l’économie. Les méthodes se sont affinées, on a
maintenant des façons « scientifiques » de faire de la planification
centrale et de la gestion macroéconomique, mais c’est toujours la
même vieille histoire. Le concept de gouvernement divin capable de
tout créer et de tout réglementer est présent plus que jamais.
Il suffit de regarder l’Occident, ce « Free World » qui s’enlise de
plus en plus dans d’innombrables interventions. De la socialisation
des pertes financières à la régulation des unions conjugales, rien
n’échappe à nos politiciens. Ces montagnes de paperasse réduisent la
richesse, ralentissent le progrès technologique et condamnent des
millions d’individus à des vies injustement défavorisées pour le
gain d’une minorité.
Il semble paradoxal de voir aujourd’hui d’anciennes républiques
soviétiques être davantage portées vers le libéralisme que
l’Amérique ou l’Europe. Finalement, peut être pas. Ces économies
sont récentes et libres des biais, contraintes et jeux de puissance
typiques des États qui penchent vers interventionnisme. Elles sont
aussi souvent plus pauvres et faibles, avec des populations
désireuses
de connaître un niveau de vie digne de ce que qu’elles méritent. Et à
ce jour, le meilleur remède à la pauvreté que nous ayons inventé,
c’est la richesse. Et malgré les beaux discours, elle ne tombe pas
du ciel, ni des programmes électoraux.
À vendre: Surplus d’inventaires de pavé, contactez Satan
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La grande leçon de Bastiat, c’est d’oser aller voir plus loin que
l’intention. De comprendre les conséquences complètes de nos gestes.
Trop souvent, la politique se limite à la façade et analyse les
plans en fonction du désir – tout à fait honorable la plupart du
temps – du régulateur. Cette rigueur fait encore aujourd’hui
cruellement défaut. Les programmes politiques qui promettent la
richesse, la paix, la repousse de cheveux et des dents blanches
contre trois paiements faciles de 9.99 $ sont la norme, et personne
ne semble s’en soucier outre mesure.
Peu importe
le but, peu importe le moyen, les États ont rarement le
pouvoir de construire, occasionnellement le pouvoir de
maintenir, et souvent le pouvoir de détruire. Comment
peut-on alors vivre dans des sociétés qui accordent autant
d’importance à l’intervention étatique?
Malgré sa raison, l’homme aime par-dessus tout croire. Peut-on lui
reprocher de se laisser séduire par les belles promesses d’un monde
meilleur? Je ne pense pas. Il faut avoir foi en l’avenir si l’on
veut l’améliorer. Rêver n’est pas un problème et n’en sera jamais
un.
Mais peut-on lui reprocher de mettre de côté sa rationalité et
d’être prêt à écraser la liberté d’autrui sous prétexte qu’après,
tout sera merveilleux, que son rêve est meilleur que celui du
voisin? Certainement. L’idée que la fin justifie les moyens est
d’une moralité toxique. D’autant plus qu’en observant notre
histoire, la fin n’est jamais rose quand on parle de donner du
pouvoir sur les hommes à des hommes. À ce jour, un des seuls
domaines où la planification centrale a donné l’intégralité des
résultats escomptés, c’est la mort à grande échelle.
La méthode Bastiat, toujours utile?
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Bastiat était un grand éducateur, trouvant des façons inusitées et
percutantes pour passer ses messages. La puissance des moyens de
communication d’aujourd’hui permet une diffusion sans pareil des
idées. Je ne saurais probablement pas qui était Bastiat sans
Internet, et je crois que nous sommes plusieurs dans cette
situation.
Les innovations ne sont pas instantanées et on leur oppose toujours
une résistance. Mais une bonne idée, qui se traduit en résultats
concrets, finit toujours un jour ou l’autre par percer. Malgré ces
jours sombres pour le libre marché, le commerce mondial est à un
niveau sans précédent et la mondialisation a dépassé l’économie. Nous
devenons de plus en plus une planète unie par de multiples réseaux. L’être humain à
l’autre bout du monde n’est plus qu’un simple contact d’affaire,
c’est une connaissance, peut-être même un ami.
Cette mondialisation met en compétition les États pour attirer les
citoyens et les entreprises. Leur capacité à influencer les sociétés
et les échanges s’amenuise. Ça ne sera pas facile et ça n’arrivera
pas dans l’espace d’une journée. Mais il est crucial, et ce même lorsque
personne n’écoute, de ne jamais abandonner ce rêve de monde libre.
La liberté est de plus en plus réelle sur cette terre. C’est tout ce
qui importe.
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