Enfin, l’observation est la même si l’on s’intéresse à
l’ensemble du marché des prêts à court terme: au pire de la
crise de contraction du crédit, celui-ci était en hausse de
plus de 2.5% par rapport à l’année précédente(3):
Ceci étant dit, un
problème se pose. Si aucune crise du crédit n’a eu lieu,
cela signifie que le portrait tragique dépeint par George
Bush et relayé par les médias américains était tout aussi
crédible que les armes de destruction massive ayant servi à
justifier l’intervention en Irak. Un pur mensonge destiné à
couvrir le pillage des contribuables afin de couvrir les
pertes des banques. Or, si cela confirme la théorie
politique libertarienne, cela semble infirmer la théorie
économique libertarienne: étant donnée la politique de
création monétaire et d’extension du crédit de la Fed, une
crise aurait dû avoir lieu.
Ce problème, cependant,
n’est pas sans solution. La vérité est qu’une crise du
crédit a bien eu lieu, mais qu’elle n’est pas celle que les
autorités ont présentée. Le graphique ci-dessous schématise
l’évolution du montant des crédits accordés par les banques
commerciales (en bleu). La flèche noire en pointillés montre
l’évolution qui aurait été suivie si la Réserve fédérale
n’avait pas changé de politique.
Ce que l’on a appelé une
contraction du crédit n’en était pas une en valeur absolue,
mais relative: c’est l’augmentation du crédit qui a
baissé.
Comprenons bien. Dans une
économie libre où les intermédiaires financiers prêtent de
l’épargne, l’augmentation du crédit implique une hausse de
l’activité(4),
et une moindre augmentation d’une année sur l’autre implique
seulement une moindre hausse. Mais il n’en est pas ainsi
dans une économie dopée par une baisse artificielle du taux
d’intérêt. Ici, il faut que l’extension du crédit, donc la
création monétaire, soit constante, sans quoi l’activité
diminue, retrouvant son niveau normal.
Évidemment, cela est
impossible, sans quoi la banque centrale condamne le pays à
l’hyperinflation. C’est pour éviter une telle crise qu’elle
doit laisser le taux d’intérêt se rapprocher de sa valeur
réelle, ce qui engendre une contraction du crédit
relativement à ce qu’il faudrait pour maintenir une économie
dopée à l’inflation.
C’est donc la partie
colorée en rouge de notre graphique qui constitue la crise
actuelle.
Il est vrai que les
diverses mesures de sauvetage ont conduit à rattraper la
courbe précédente d’évolution du crédit. Cela est dû aussi
bien au bailout d’octobre qu’au fait que la Réserve
fédérale ait baissé le taux d’intérêt à un niveau proprement
ridicule (moins de 0.25% en décembre). Malheureusement, les
mêmes causes reproduisent les mêmes effets.
Tout ceci montre la
pertinence de la théorie autrichienne des cycles, dont le
chairman de la Fed a ironiquement, mais sans le vouloir,
reconnu la valeur lorsqu’il déclarait dernièrement, afin de
justifier une nouvelle subvention gouvernementale pour les
banques ainsi que sa propre politique de baisse du taux
d’intérêt: « Le système économique américain dépend de
manière critique de la libre circulation du crédit(5) ».
Par « libre circulation du crédit », il n’entendait
évidemment pas la déréglementation du secteur bancaire et
financier, mais au contraire l’intervention massive du
gouvernement nécessaire à l’abondance du crédit.
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