Annexe sur le calcul utilisé
Messieurs Van Coillie et Charbonneau ont fait cinq
affirmations scientifiques, dont trois sont
vérifiables à l’aide des statistiques de base.
1- Le nombre attendu de cas de cancers dans la
municipalité par an, compte tenu de la structure
démographique de celle-ci. À l’aide
des données du recensement de 2006 et
des données statistiques de la Société canadienne du
cancer (p. 47), nous pouvons aisément calculer
le nombre de cas attendus annuels par sexe et âge.
Ainsi, pour les hommes âgés de 30 à 39 ans, la
population totale au Canada est de 2,318 millions,
le nombre estimé de nouveaux cas annuel de 1550 et
le nombre d’hommes à Shannon dans cette catégorie
d’âge est de 435. En faisant une règle de 3, nous
pouvons attendre 0,29 cas par an. En faisant ainsi
la somme pour toute la population, nous obtenons 9.
2- L’affirmation selon laquelle 30 personnes aient
eu le cancer dans 55 maisons dans la zone contaminée
contre 8 hors de celle-ci ne semble a priori
pas tenir compte du fait que les maisons du centre
du village (zone contaminée) sont plus anciennes que
celles en périphérie (zone témoin). Je donnerai un
exemple un peu théorique ici. Supposons une maison
« contaminée » ayant 40 ans d’âge et une autre
« témoin » en périphérie ayant 20 ans. Je suppose
que les ménages successifs les ayant habitées l’ont
fait pendant 10 ans. Au total donc, pour la maison
contaminée, on doit tenir compte de 40 ans écoulés
pour le premier ménage, 30 ans pour le second et
ainsi de suite, soit un total de 40+30+20+10 = 100
ans. La seconde maison n’ayant connu que 2 ménages,
on devra calculer sur 20+10 = 30 ans. Toutes autres
choses étant égales par ailleurs, la maison dans la
zone contaminée aura 100/30 = 3,33 fois plus de cas
de cancer attendus.
3- L’affirmation du docteur Charbonneau selon
laquelle « les chances que trois personnes résidant
au même endroit et qui n'ont pas de lien génétique
souffrent d'un même cancer sont d'une sur 3,6
milliards » doit être expliquée. Cela revient à
faire une expérience aléatoire. Prenons au hasard 3
personnes dans la deuxième moitié de la vingtaine
(le taux attendu de cancers toute catégories
confondues est alors d’environ 65 sur 100000) et
revoyons-les un an plus tard. La probabilité selon
laquelle les trois auront eu un diagnostic de cancer
dans l’année est de 1 sur 3,6 milliards, soit le
produit combiné des 3 chances individuelles. Dans le
cas de monsieur et de madame Lemoine, de même que de
madame Dupont, respectivement âgés de 70, 69 et
d’environ 60 ans, il faut tenir compte du temps qui
a passé depuis qu’ils ont commencé à habiter la
maison problématique, soit 25, 25 et 33 ans. Il faut
aussi tenir compte de leur âge. En utilisant le
tableau 10 de la Société canadienne du cancer, on
peut déduire selon les tranches d’âges que le taux
global par 100 000 de cancers est chez les hommes de
40-49 ans, 185 ; 50-59 ans, 658 et 60-69 ans 1711.
Chez les femmes de 20-29 ans, 47 ; 30-39 ans, 127 ;
40-49 ans 319 ; 50-59 ans 669 ; et 60-69 ans 1131.
Le calcul du risque d’avoir un cancer chez monsieur
Lemoine entre 45 et 70 ans est le suivant : 5 fois
le risque annuel dans la quarantaine +10 fois le
risque annuel dans la cinquantaine et 10 fois le
risque dans la soixantaine = 5*185 + 10*658+ 10*1711
par 100000, soit 24,6%. En procédant de la même
façon pour madame Lemoine entre 44 et 69 ans et pour
madame Dupont entre 27 et 60 ans, nous obtenons des
risques de respectivement 18,8 et 11,3%. Donc le
risque combiné que 3 personnes ayant vécu à la même
adresse le nombre d’années de nos trois personnes
est égal au produit des trois pourcentages calculés,
soit environ 0,5%. Quant au risque que les deux
membres d’un couple hétérosexuel entre 45 et 70 ans
contractent tous deux un cancer, il est de 24,6%*
18,8% soit de 4,6%. Pas très fréquent non plus mais
pas impossible non plus. |