Cependant, ces appels sont souvent fallacieux. J'ai choisi la citation d'Immanuel
Wallerstein parce que dans les médias, c'est exactement cette phrase qui nous
est présentée. Elle dépeint notre système comme étant un capitalisme pur. Et les
fautes de ce système, comme des fautes intrinsèques au capitalisme. On est
pourtant loin d'y être.
Selon Mises, « on appelle
habituellement "société capitaliste" une société où les principes libéraux sont
appliqués » (Le Libéralisme, 1927). Dans les sociétés occidentales, on
constate toutefois que la réglementation touche tous les aspects de nos vies et
que notre revenu est imposé à un taux plus élevé que jamais.
Comment peut-on se faire
une opinion au milieu de tout ce tumulte? Je propose une solution fructueuse:
lire de grandes oeuvres libérales.
Bastiat a changé ma perception |
J'ai «
rencontré » Frédéric Bastiat pour la première fois il y a sept ans quand j'ai
commencé à assister aux séminaires du Centre d'études économiques et politiques,
à Prague. C'était une période très enrichissante. J'étais encore au lycée et mes
idées se formaient. Au cours de cette année, on a célébré le bicentenaire de la
naissance de Bastiat. Le Centre, pour lui rendre hommage, a organisé un
séminaire consacré à ce philosophe, économiste, journaliste et ex-député
français. Le « Dossier Bastiat », avec de nouvelles traductions de ses oeuvres
classiques en tchèque, a changé ma perception du monde et de l'État.
Ce qui m'a fasciné le
plus – et continue de me fasciner –, c'est la clarté et l'intemporalité de ses
idées. Quand on lit un journal ou qu'on regarde des débats politiques, on peut
toujours se servir de son argumentation. Ou, inversement, ce qui est peut-être
plus étonnant, c'est que quand on lit des oeuvres de Bastiat, on a l'impression
que le monde n'a pas changé. Le contenu des discussions dans tous les parlements
à travers le monde est essentiellement le même. Seules les circonstances sont
différentes.
Mais qu'est-ce que ça
signifie? Et que peut-on en retirer?
Le thème central de l'oeuvre
de Frédéric Bastiat, c'est le rôle de l'État dans la vie privée et
professionnelle des gens. En général, l'État est un concept très délicat. Si
vous demandez à dix personnes de vous fournir leurs définitions, vous aurez dix
caractérisations tout à fait différentes. Si l’on tient compte du fait que
l'État est omniprésent dans la vie moderne, ce manque de clarté est assez
surprenant. Dans L'État (1848), Bastiat écrit:
« Quant à nous, nous pensons que l'État, ce n'est ou ce ne
devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre
tous les citoyens un instrument d'oppression et de spoliation réciproque,
mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la
justice et la sécurité. »
Ce que
nous observons aujourd’hui correspond-il à cette définition?
La prépondérance exagérée de la politique |
Durant
la récente campagne présidentielle américaine, j'ai souvent pensé à Bastiat. Il
a bien remarqué que la loi était pervertie – « la Loi, dis-je, non seulement
détournée de son but, mais appliquée à poursuivre un but directement contraire.
La loi devenue l'instrument de toutes les cupidités, au lieu d'en être le
frein! » Un des effets « de cette déplorable perversion de la Loi, c'est de
donner aux passions et aux luttes politique, et, en général, à la politique
proprement dite, une prépondérance exagérée » (La Loi, 1850).
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