La
SNCF prétend nous consoler en remarquant que le nombre de
collisions diminue grâce à ses efforts. En 1997 nous en
étions à 184 accidents. Également le nombre de personnes
tuées est en diminution puisqu’il y a 11 ans nous en avions
51 par an! Après les larmes de circonstances, le premier
ministre François Fillon a déclaré courageusement « qu'il va
falloir accélérer la suppression des passages à niveaux qui
sont encore trop nombreux en France ». Les larmes ayant été
versées, il est passé à autre chose.
Aucune instance juridique
ne peut être engagé valablement contre les responsables, un
des principes de l’économie dirigée étant: « Responsables,
mais pas coupables ». Quant à la SNCF, elle continue sans
encombre à ruiner la France et le programme de sécurisation
va continuer son train-train, puisqu’il n’y a plus d’argent
nulle part. Au même moment, en Allemagne, il n’existe
pratiquement plus de passages à niveau dangereux. Maintenant
nous avons aussi les chutes de caténaires.
Il faut retrouver, dans
la liste des dysfonctionnements, les TGV. Régulièrement, il
se produit des arrêts en pleine campagne avec des passagers
abandonnés des heures sans boisson, ni nourriture, ni
médicaments. S’ajoutent les retards permanents sur le réseau
secondaire qui ajoutés aux grèves ont pour résultat que
personne ne saura s’il aura un train.
Le monopole abusif • Les lignes de cars de voyageurs
ne sont autorisées qu’avec l’accord de la SNCF. Or, elles
ont montré leur souplesse et il faut souligner leurs
avantages bien connus pour l’environnement et leur
rentabilité malgré la modicité de leurs prix.
Les grèves à répétition • Depuis des décennies, la
vie quotidienne de millions de Français – et, en
particulier, de 10 millions de banlieusards – est
empoisonnée par des grèves à répétitions qui ont pour
résultat que brusquement les usagers sont cloués sur le
quai. Il est évident que si le droit de grève est inscrit
dans la constitution, le droit de circuler librement est
inscrit dans le droit des gens et devrait être très
supérieur au droit de grève. Dans ces circonstances, il est
exact de dire que depuis des décennies les cheminots ont
déclaré une véritable guerre au peuple français.
Le syndicat Sud Rail
vient d'inventer une nouvelle forme de grève, comme d’autres
inventent une nouvelle forme de guerre: c'est la grève de 59
minutes. Grâce à cette méthode, les grévistes ne perdent que
15 € par jour alors que lorsqu'ils font une grève d'une
autre durée, ils peuvent perdre bien davantage. C'est pour
cela que la gare Saint-Lazare, la plus grande gare de
France, vient d'être fermée pendant deux jours et n'a
rouvert que progressivement. Le motif invoqué pour la grève
était ridicule et se limitait à contester le déménagement
d’un local de repos vers la gare du nord.
Toutes ces calamités de détail, si l'on peut dire, se
renforcent en boucle. Il n’y a jamais d'argent à cause des
pertes gigantesques et ces pertes viennent d'une pléthore de
personnel, ce personnel bénéficiant de statuts tout à fait
exceptionnels. Les syndicats sont embusqués, avec comme seul
objectif leur prospérité – c'est-à-dire la richesse des
chefs syndicalistes –, et ajoutent ainsi à la catastrophe
générale.
La cause principale de la
chaîne des calamités se situe dans la nationalisation de la
SNCF, mais ne disons jamais que ces monstres sont
irréformables. La Suède, pays pourtant socialiste, a réformé
son appareil ferroviaire d’une façon spectaculaire par une
privatisation bien conduite et même le personnel s’en
félicite à présent.
Il faut reconnaître,
cependant, que la privatisation prendrait du temps en France
et que les effets seraient très lents à venir. Le président
de la République avait tous les moyens au cours
de l'été 2007 de faire plier le mammouth sans le
privatiser pour autant et il en avait le devoir. Il ne l'a pas fait.
Pour réussir l'opération, il fallait dire aux Français la
vérité tout entière avec les vrais chiffres – en particulier
sur le personnel – et la clamer sur les ondes. Cela n'a pas
eu lieu. L'on pouvait et l'on devait aussi supprimer le
monopole de la SNCF sur les transports – la vérité
éclaterait là aussi et il se mettrait en route une foule de
transports de substitution.
Les syndicats devaient
être brisés. Tout le monde dit en France qu'il nous faudrait
une Thatcher. Lady Thatcher s'est trouvée confrontée à la
puissance des syndicats de mineurs anglais qui ruinaient son
pays. Malgré l'importance extrême du charbon à l’époque dans
le fonctionnement de l'économie, elle a trouvé le moyen de
gagner la bataille. Si le nouveau pouvoir l'avait voulu, il
aurait pu arriver à bout du mammouth, une grève générale de la
SNCF étant au demeurant supportable avec les transports de
substitution. La bataille gagnée aurait été salutaire
vis-à-vis d’autres mammouths.
Malheureusement, les
prévisions sont pessimistes et il y a tout lieu de penser
que rien ne bougera sauf le changement de
quelques responsables, les nouveaux venant s'enrichir
précisément sur la bête en la laissant répandre autour
d’elle l’odeur terrifiante de l’effet de ruine habituel.
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