1. « Dès aujourd'hui, l'on est en
droit d'affirmer que la philosophie socialiste
moderne n'est pas autre chose que la reconnaissance
consciente et catégorique de principes sociaux,
auxquels pour la plupart on se conformait déjà
inconsciemment. L'histoire économique de ce siècle
est une énumération presque ininterrompue des
progrès du socialisme. » Cf. Sidney Webb: Die
historische Evolution (Collection des
Réformateurs socialistes anglais. Fabian Essays,
édition Grundwald, Leipzig, 1897), p. 44.
2. Fr. W. Foerster fait remarquer que le mouvement a
fêté son véritable triomphe « dans les coeurs des
classes possédantes »; et c'est « ce qui enlève à
ces classes la force morale nécessaire pour
résister ». (Cf. Foerster, Christentum und
Klassenkampf, Zürich, 1908, pp. 11 et suiv.) –
Dès 1869 Prince-Smith constatait que les idées
socialistes avaient trouvé des adhérents dans les
milieux des chefs d'entreprise. Il écrit que parmi
les hommes d'affaires, quelque singulier que cela
paraisse, il y en a qui ont une notion si confuse de
leur propre action au sein de l'économie nationale,
qu'ils tiennent pour plus ou moins fondées les
conceptions socialistes. Ne se rendant pas compte de
tout ce qui milite contre elles, ils n'ont pas la
conscience tranquille, comme s'ils étaient
contraints d'avouer que leurs gains sont réalisés au
détriment de leurs ouvriers. D'où leurs hésitations
et leur embarras croissant. Et cela est le pire.
Notre civilisation économique sera singulièrement
menacée si ses représentants les plus autorisés ne
puisaient plus dans le sentiment de leur parfait bon
droit le courage nécessaire pour en défendre les
bases avec la plus opiniâtre énergie. (Cf.
Prince-Smith, OEuvres complètes, t. Ier,
Berlin, 1877, p. 362. Prince-Smith n'était point, il
est vrai, homme à discuter d'une manière critique
les théories socialistes.
3. Le programme officiel des libéraux anglais le
montre nettement. Cf. Britain's Industrial Future
Being the Report of the Liberal Industrial Inquiry,
Londres, 1928.
4. « La science existe seulement dans la tête des
savants. Or ceux-ci sont des produits de la société
d'où ils ne peuvent sortir et qu'ils ne peuvent
dépasser. » Kautsky, Die soziale Revolution,
3e éd., Berlin, 1891, II, p. 39.
5. Cf. Dietzgen, Briefe über Logik, spezielle
demokratish-proletarische Logik (Internat.
Bibliothek, tome 22, 2e éd., Stuttgart, 1903, II, p.
112): « Enfin la logique mériterait déjà d'épithète
de prolétarienne, parce que pour la comprendre, il
est indispensable de surmonter tous les préjugés où
s'englue le monde bourgeois. »
6. Ibid.
7. Par une ironie piquante de l'histoire, Marx
lui-même n'a pas évité ce traitement. Untermann
trouve que « la pensée de penseurs prolétariens
types de l'observance marxiste » contient encore
« des survivances d'époques intellectuelles
périmées. Ces survivances seront d'autant plus
fortes, que les étapes de la pensée de ces hommes
avant leur conversion au marxisme et dans un milieu
bourgeois ou aristocratique auront été plus longues,
ce qui fut notamment le cas pour Marx, Engels, Plechanow, Kautsky, Méring et autres marxistes
éminents. » (Cf. Untermann, Die logischen Mängle
des engeren Marxismus, Munich, 1910, p. 125.) –
Et dans son ouvrage: Zur Psychologie des
Sozialismus, nouvelle édition, Iéna, 1927, p.
17, De Man écrit: pour comprendre « les
particularités et les différences de doctrine » il
ne faut pas oublier « à côté du fond social général
sur lequel un penseur se détache, son destin
économique et social, par exemple, le destin
bourgeois de Marx, ancien étudiant des
universités ».
8. Cf. Cohen, Introduction, avec supplément
critique, à la neuvième édition de l'Histoire du
Matérialisme (Geschichte des Materialismus)
de Friedrich Albert Lange, 3e édition augmentée,
Leipzig, 1914, p. 115. – Cf. également Natorp,
Sozialpädagogik, 4e édition, Leipzig, 1920, p.
201.
9. Cf. Anton Menger, Neue Sittenlehre, Iéna,
1905, p. 45. pp. 62.
10. Muckle (Das Kulturideal des Sozialismus,
Munich, 1919) va même jusqu'à attendre du socialisme
l'avènement de la « parfaite rationalisation de la
vie économique » et « la libération de la plus
terrible des barbaries: le rationalisme capitaliste
» (pp. 208 et 213). |