Les bénéfices du commerce |
Dans un
marché libre, les prix sont déterminés par les acheteurs et les vendeurs. Grâce
à la concurrence que se livrent les vendeurs, les prix des produits et services
tendent à diminuer et leur qualité à s'améliorer pour le bénéfice du
consommateur. Le commerce permet de multiplier les bienfaits de la concurrence
au-delà de son village, de sa région et de son pays.
Essentiellement, le
commerce permet de produire plus de biens et services à moindre coût,
c'est-à-dire en utilisant moins de ressources. Donc, en augmentant les biens et
services disponibles, le commerce favorise l'augmentation du niveau de vie des
individus et des sociétés qui le pratiquent.
À titre d'exemple,
supposons que des Québécois désirent exporter plus de produits d'aluminium aux
États-Unis et que des Américains demandent d'exporter plus de produits laitiers
au Québec(1). À court
terme, les prix des produits laitiers québécois subiront des pressions à la
baisse. Les producteurs devront s'ajuster pour survivre. Les producteurs
d'aluminium américains subiront un sort similaire. Toutefois, cette situation
forcera le transfert de ressources d'une industrie inefficace vers une industrie
plus efficace dans chacune des économies. Ainsi, pour une même quantité de
ressources utilisées, les Québécois obtiendront plus de produits laitiers et les
Américains plus de produits d'aluminium. Les Québécois et les Américains se
seront mutuellement enrichis.
Le
commerce menace la rentabilité, voire l'existence, des industries inefficaces.
Pour se protéger, elles demandent l'intervention des gouvernements.
Le libre commerce subit
présentement des pressions politiques et culturelles en faveur de l'adoption de
politiques d'achat local. Les adeptes du protectionnisme prétendent qu'en
consommant des produits locaux nous favorisons les emplois locaux. Les groupes
écologistes recommandent la consommation de produits locaux pour réduire les
volumes de gaz à effet de serre (GES) générés par le transport des produits
importés. Dans un cas comme dans l'autre ils font fausse route.
Pour prendre un exemple
évident, des tomates Savoura produites en serre au Québec génèrent
considérablement plus de GES que des tomates des champs produites au Mexique et
transportées au Québec. Donc, tant du point de vue économique qu'environnemental
il est préférable d'importer les tomates du Mexique.
Bien sûr, Savoura emploie
des travailleurs pour produire des tomates québécoises. Toutefois, le Mexique
n'ayant plus les revenus associés à l'exportation de ses tomates réduira
d'autant ses importations de produits québécois. Ainsi, les emplois maintenus au
Québec pour produire des tomates de serre seront perdus par d'autres entreprises
québécoises. À la fin, les consommateurs québécois et mexicains seront les
grands perdants de cette politique d'achat local.
Poussée à l'extrême, une
politique d'achat local est une recette qui mène à la faillite des économies qui
la pratiquent. La piètre performance de l'économie cubaine est un bon exemple
des effets pervers d'une économie fermée sur elle-même. Le fait que ce soit le
blocus américain qui impose cette politique aux Cubains ne change en rien la
conclusion.
Le cas particulier de l'industrie agricole |
L'industrie agricole est la cible de prédilection des défenseurs des politiques
d'achat local. Ils sont secondés dans leur démarche par les écolos qui
prétendent que le transport des produits agricoles génère d'importante quantité
de GES.
Il est certain que le
transport des denrées alimentaires entre les différentes régions du monde
produit des GES. Cependant, cela ne permet pas de conclure que les produits
agricoles locaux sont plus respectueux de l'environnement que ceux en provenance
du Chili, du Mexique ou de la Californie.
Une
étude de l'Université Lincoln en Nouvelle-Zélande a calculé qu'une tonne de
viande d'agneau produite en Angleterre génère 2 849 kg de CO2.
Le même agneau élevé en Nouvelle-Zélande et transporté sur une distance de 18
000 km en génère 4 fois moins, soit seulement 688 kg.
Une
étude
de Christopher L. Weber et H. Scott Matthews publiée dans Division of
Labour conclut:
Nous avons trouvé que bien que les denrées alimentaires soient transportées
sur de longue distance (1640 km pour la livraison entre le producteur et le
détaillant et en moyenne 6760 km pour un cycle de vie complet), la phase de
production domine les émissions de GES, contribuant en moyenne 83% des 8,1
tonnes de GES générées par la production des denrées alimentaires consommées
annuellement par une famille américaine. Le transport associé au cycle de
vie complet contribue 11% des GES et la livraison, seulement 4%. L'intensité
des GES des différents groupes alimentaires varie largement. En moyenne, les
viandes rouges génèrent 150% plus de GES que le poulet ou les poissons.
Aussi, nous suggérons qu'une modification de la diète est un moyen plus
efficace de réduire les émissions de GES qu'une politique d'achat local.
Substituer les calories d'une seule journée par semaine de viande rouge et
de produits laitiers pour du poulet, du poisson, des oeufs ou des légumes
aurait plus d'impact sur la réduction des GES que l'achat local de toutes
nos denrées alimentaires(2).
En
général, la consommation de plantes au lieu de viande, en particulier les
viandes rouges, procure plus de bénéfices pour l'environnement que la
substitution de légumes locaux par des légumes transportés sur de longue
distance.
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