Comme le soulignait très justement l'économiste américain William Easterly de
l'Université de New York: « tels les antiques explorateurs, les économistes ont
tenté de découvrir l'objet précieux, la clé qui permettrait aux pauvres
tropiques de devenir riches ». Les remèdes magiques prescrits par ces experts,
reposant trop souvent sur une idéologie planificatrice, recourraient sur l'aide
publique extérieure pour financer l'investissement en capital physique, la
promotion de l'éducation de masse, le contrôle de la démographie ou encore
l'annulation des dettes sous condition de réformes. Le résultat est le suivant:
aucune de ces panacées n'a répondu à leurs espérances. Ces élixirs n'ont pas
permis aux pays pauvres de connaître la croissance et la prospérité économique.
L'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud, qui ont bénéficié de toutes les
attentions des économistes durant les cinquante dernières années, ont connu une
croissance nulle voire négative à certaines périodes. La conséquence majeure est
que ces pays représentent encore aujourd'hui le foyer d'une énorme concentration
des pauvres du monde entier. La raison principale est que la croissance
économique reste liée principalement aux bonnes incitations, c'est-à-dire que
les agents économiques agissent selon les bénéfices espérés qu'ils peuvent tirer
de leurs actions.
Étrangement, les économistes du développement ont occulté ce point lorsqu'ils
ont établi leur diagnostic et proposé leurs « remèdes miracles ». Le
développement économique ne peut apparaître que si le trio formé par les
donateurs, les gouvernements des pays du Tiers-monde et leur population est
soumis à des incitations qui lui sont favorables. La croissance économique
devient une réalité lorsque le gouvernement est incité à promouvoir le progrès
technologique, l'investissement productif et la promotion d'une instruction de
qualité.
Même le programme d'annulation des dettes, qui était à l'ordre du jour des
organismes internationaux depuis 1979, n'a pas permis l'amélioration de la
situation économique des pays pauvres, la raison principale étant
l'irresponsabilité des gouvernements de ces pays. En effet, malgré l'annulation
de 33 milliards de dollars de dettes des 41 pays les plus endettés (selon la
Banque mondiale), le montant des nouvelles dettes de ces pays a atteint quant à
lui plus de 41 milliards de dollars, sur une période allant de 1989 à 1997.
|