Population mondiale + croissance économique |
L’une des variables dont il faut tenir compte dans l’analyse de l’émission de CO2
est l’évolution du nombre de personnes dans un pays ou dans le monde,
puisque les nouveaux arrivants auront peu ou prou le même niveau de consommation
que les habitants déjà présents. Or, de 1990 à 2008, la population mondiale a
grimpé de 5264 millions à 6747 millions, un bond de 28%. Dans le même temps, la
population du G7 – j’exclus la Russie à cause de ses problèmes de transition – a
grimpé de plus de 12%, de 651 à 733 millions.
À cela, il faut aussi ajouter que ces années ont vu une croissance économique
assez robuste à peu près partout dans le monde – notamment en Inde et en Chine,
ce qui a aussi entraîné une hausse de la consommation générale, dont celle
d’énergie.
Donc, ramené aux chiffres d’aujourd’hui, l’objectif est au moins de l’ordre de
25 à 50% de réduction de consommation d’énergie fossile – sans compter les
autres gaz à effet de serre, comme le méthane (± 15% des émissions), comptés
dans les émissions, mais non dans les réductions possibles, puisque les
puissants lobbies agricoles ont pratiquement obtenu des gouvernements de ne pas
avoir, eux, à faire d’efforts de réduction des émissions. Un fait important est
ici à noter: comment pourra-t-on effectivement vérifier la réduction réelle des
pays? En effet, il s’agit essentiellement d’estimations, et selon ce que j’ai pu
vérifier, il existe des écarts d’au moins 10% selon les sources. Cela laisse
songeur, surtout quand un pays se vante d’avoir réduit ses émissions de quelques
points de pourcentage. Et surtout, c’est une source potentielle de discorde pour
l’avenir.
D’un autre côté, l’industrie en général a, à cause des pressions de la
mondialisation, continué de réduire sa consommation d’énergie par dollar de PIB.
Bien qu’il faille tenir compte d’une importante tertiarisation de l’économie –
le secteur tertiaire a généralement besoin de moins d’énergie par dollar produit
que les secteurs primaire et secondaire –, les secteurs industriels ont tout de
même consenti d’importants efforts pour augmenter leur efficacité, en plus de la
recherche et développement qui se continue jour après jour. Malgré cela, il faut
être conscient que les limites sont pratiquement atteintes de ce côté.
Une des questions de base à se poser est donc: où peut-on réellement couper
toute cette consommation d’énergie sans affecter sérieusement notre niveau de
vie? Du côté des petits gestes quotidiens, comme de ramener son thermostat à
20°C ou de laver son linge à l’eau froide, c’est assez bien suivi. La réduction
ne peut donc pas être beaucoup plus grande, probablement globalement de 5% si
vraiment tout le monde applique à la lettre toutes les réductions possibles dans
la maison. Quelques autres exemples:
• La construction de maisons neuves de type
Novoclimat – qui permet « au mieux »
une économie de 35% sur les coûts de chauffage, ne réduit dans les faits la
consommation totale d’énergie que de 16,5%, en tenant compte du fait qu’au
Québec 55% de l’énergie résidentielle sert à chauffer la maison. Notons ici que
dans les faits, il n’y a pas d’économie d’argent, puisque ce que vous allez
économiser en énergie sera dépensé intégralement, et même un peu plus, en
hypothèque supplémentaire. Du côté de la rénovation, c’est encore pire,
puisqu’il faut investir beaucoup plus d’argent qu’on en retirera en économie
d’énergie.
• Les autobus électriques ne semblent pas non plus la panacée. Ainsi, la Ville
de Québec a mis à l’essai le printemps dernier dans la zone touristique du Vieux-Québec un modèle tout électrique à 20 places, plus coûteux qu’un autobus diesel
articulé d’une capacité de 100 places, qui ne va qu’à 40 km/h – ce qui l’oblige
à zigzaguer entre le garage et le centre-ville, puisque le garage est presque
enclavé entre des autoroutes, augmentant son temps de déplacement –, qui ne
coûte pas vraiment moins cher d’entretien que le modèle à 100 places, et qui a
de la difficulté à grimper le côtes lorsqu’il est plein… toute une prouesse
technique! (Le développement de tramways est aussi prohibitif, on parlait plus
tôt cette année d’une dépense de 260 millions pour un parcours de 6 km à
Montréal.)
• Compte tenu de la faible durée de vie des batteries (6 ans, ce qui est
pratiquement la durée de vie du véhicule), un véhicule hybride ne devrait pas se
vendre plus cher que ses équivalents à essence (durée de vie de l’ordre de 10
ans), même en tenant compte de l’économie d’énergie. Or, un hybride se vend
actuellement environ 27 000 $, contre 15 000 $ pour ses similaires à essence. De
plus, on doit absolument avoir des véhicules qui peuvent être
branchés au réseau électrique, puisque sinon, nous dépensons encore plus de
carburant que si nous avions un moteur à essence seul. Notons aussi que dépendamment
du mode de production de l’électricité, on peut se retrouver grosso modo
avec des émissions de véhicule diesel sans en avoir les avantages. (Avec des
centrales thermiques pour alimenter le véhicule, les rendements successifs
amènent un rendement global autour de 30%.) Enfin, nos réseaux électriques
résidentiels actuels ne pourront prendre la surcharge sans être à la fois
augmentés en puissance et fortement renforcés, puisque une large partie des
citoyens se branchera en même temps en arrivant du travail en fin d’après-midi.
• Même le fait de consommer « bio » coûte plus cher en énergie que l’agriculture
industrielle. Si je me fie aux chiffres souvent cités par ses promoteurs,
l’agriculture industrielle consomme entre 1,8 et 1,9 fois plus par hectare
cultivé que le « bio ». Mais comme il faut entre 2 et 3 hectares « bio » pour
avoir les récoltes d’un hectare industriel, cela veut dire que l’industriel ne
consomme qu’entre 60 et 95% pour produire la même quantité de nourriture. Sans
compter qu’il n’est pas vrai que le « bio » n’utilise pas de pesticides. Il
utilise actuellement un pesticide disons naturel appelé pyréthrine, extrait des
fleurs de chrysanthème, qu’il faut faire pousser en plus de la nourriture. (Et,
en passant, ce pesticide est un allergène reconnu, mais bof!, puisque c’est
naturel…)
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